Naftal, l’entreprise algérienne aux appétences nationales et internationales (Partie 1)
Naftal s’adapte à la conjoncture. Très touchée par les affres de la crise du coronavirus, l’entreprise publique spécialisée dans la distribution et la commercialisation des produits pétroliers et des lubrifiants résiste remarquablement. Ses ambitions, quant à elles, restent intactes.
En dépit d’une très forte baisse du chiffre d’affaires, causée par la chute de la consommation, mais aussi par la fermeture des espaces aérien et maritime, Naftal a réussi à garder tous ses effectifs. Elle a également maintenu l’intégralité des salaires.
Une entreprise qui change
« Nous avons installé une commission de crise (à l’entame de la pandémie de coronavirus) bien avant qu’on nous le demande. Elle avait pour mission de prévoir l’impact financier que peut accuser l’entreprise. C’est pourquoi nous avons anticipé beaucoup de mesures instaurées par l’Etat ultérieurement », a expliqué à La Patrie News Kamel Benfriha, président directeur général (PDG) de Naftal.
Essentiellement, trois mesures ont été mises en place : une gestion quotidienne de la trésorerie, une permission accordée à une bonne partie des employés de se confiner à domicile et l’octroi d’une prime, baptisée « Covid », à la partie qui assurait « le service public » pendant cette période.
Un peu plus d’une année après, M. Benfriha sillonne le pays accompagné des cadres de l’entreprise et de Lazhar Adjroud, secrétaire général du syndicat national de Naftal, pour « rassurer ses troupes ». Il s’est rendu, mercredi et jeudi derniers, à Khenchela, Batna et Biskra à cet effet.
Sur place, « l’enfant de la boite », comme le surnomme ses proches collaborateurs, a eu une activité chargée. Outre une succession de rencontres avec le personnel, il a visité les installations et s’est entretenu avec les autorités locales concernant les attentes de ces dernières ainsi que les futurs projets de l’entreprise.
« L’objectif est de constater de visu l’évolution des choses. Le contact avec nos agents partout en Algérie nous a permis d’obtenir des informations stratégiques sur lesquelles nous sommes en train d’axer nos efforts pour l’heure », a-t-il souligné.
Une entreprise à la conquête du marché africain
Leader incontesté en Algérie, Naftal ne veut pas rester cantonnée au marché local. Elle voit grand grâce aux nouvelles orientations des pouvoirs publics dictées par Abdelmadjid Tebboune, président de la République.
En septembre 2020, le président Tebboune a ordonné aux banques l’ouverture de succursales à l’étranger, principalement en Afrique et en Europe. Somme toute, une aubaine doublement bénéfique pour Naftal qui cible depuis quelques années le marché continental.
« La décision du président de la République est salutaire. Nous travaillons, en effet, sur l’internationalisation de l’entreprise. Ce ne sera pas vers l’Europe, mais plutôt, vers le Sahel (la profondeur stratégique de l’Algérie) où un potentiel énorme existe », a-t-il soutenu.
Dans un premier temps, l’entreprise étatique compte pénétrer ces marchés pour marquer « sa présence et son territoire ». « Une stratégie ‘bien huilée’ sera élaborée, par la suite, de façon à ce que l’entreprise puisse vivre des rentes du marché international », a promis M. Benfriha.
A ce titre, le premier responsable de Naftal a révélé l’ouverture prochaine de deux stations-service en Mauritanie. « Nous travaillons actuellement sur ce projet sur instruction du président de la République », a-t-il précisé.
Une entreprise qui crée des postes d’emploi
Dans le même temps, la filiale à part entière du groupe Sonatrach poursuit son déploiement et ses investissements locaux malgré la crise du coronavirus couplée à un début de « concurrence déloyale » pratiquée par certains nouveaux opérateurs privés.
D’ailleurs, c’est l’une des rares entreprises en Algérie qui a, de tout temps, recruté quelles que soient les circonstances. « L’entreprise ne peut pas fonctionner sans effectifs. Cela veut dire que Naftal recrute y compris dans des périodes difficiles, lors de la création de nouvelles stations-service ou l’extension de celles existantes », a fait savoir Abdelhakim Bradaï, directeur de la branche commercialisation de Naftal.
Et de détailler, « nous recrutons et nous formons en dépit de la crise. La priorité est, bien évidemment, donnée à l’opérationnel et non à l’administratif. Autrement dit, nous cherchons des pompistes, des chauffeurs, des opérateurs (de produits et de machinerie). L’extension de nos capacités de stockage, l’introduction de nouvelles techniques au niveau des stations et la création de centres de conversion GPL/C (gaz de pétrole liquéfié/carburant, appelé communément Sirghaz) nécessitent un personnel supplémentaire ».
Un projet national, datant de 2016 et reporté par un faisceau d’événements, sera relancé dans les années à venir. Il s’agit d’« un programme ambitieux » qui consiste à réaliser de grandes stations-service au niveau des périphéries des chefs-lieux des wilayas avec à la clé la création de centaines d’emplois à l’échelle nationale.
« Une fois de plus, la pandémie nous a obligé de revoir notre plan d’investissement. Cependant, nous sommes en train de reprendre les études afin de relancer le projet. Il sera concrétisé avec réflexion », a-t-il noté.
En ces temps de vaches maigres, Naftal est une société très sollicitée pour jouer un rôle prépondérant dans la création de l’emploi, notamment dans les wilayas dépourvues d’un grand tissu industriel.
Une entreprise qui mise sur la proximité
A Khenchela, Batna et Biskra, le PDG de Naftal a longuement discuté avec les employés et les cadres locaux de l’entreprise. Il a écouté, bien sûr, leurs préoccupations et doléances. Il a, par ailleurs, donné des instructions.
Si le message se voulait rassembleur dans l’ensemble, Kamel Benfriha s’est montré insistant sur l’indispensabilité de prendre des initiatives. « Vous êtes des PDG dans vos zones », a-t-il lancé à l’égard des directeurs du district carburant de Batna et ceux commerciaux de Biskra et Tébessa (l’antenne commerciale de Khenchela dépend du district de Tébessa).
Dans ce contexte, l’entreprise publique mise de plus en plus sur la décentralisation du processus décisionnel. Le but étant non seulement de trouver des solutions locales pour régler des problèmes locaux, mais aussi de confier certaines réalisations aux entreprises d’une région donnée, à l’instar de la construction d’une nouvelle station-service et / ou d’un nouvel édifice.
Nacereddine Benkharef