17 octobre 1961 : pour Benjamin Stora, le geste Macron est « une avancée » qui peut être « insuffisante »
L’historien Benjamin Stora a commenté le communiqué d’Emmanuel Macron sur le crime du 17 octobre 1961. Samedi, le président français a rendu hommage aux victimes sur les berges de la Seine, à la hauteur du pont de Bezons, en région parisienne. Dans un bref communiqué rendu public ultérieurement, il a dénoncé « des crimes inexcusables pour la République » qui les a imputés à l’autorité de « Maurice Papon », préfet de police de Paris de l’époque.
Sur les ondes de France Inter, Benjamin Stora, auteur du rapport sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie commandé par l’Élysée en janvier 2021, a salué, ce dimanche 17 octobre, ce qu’il estime être « une avancée ».
« Pour la première fois, un chef d’État en exercice reconnaît la responsabilité de l’État dans un massacre considéré comme un crime », a-t-il expliqué. Et d’ajouter, « C’est la première fois qu’un chef d’État en exercice utilise le mot ‘crime’ et l’accole à la question de l’État et de la République ».
Cela dit, cette avancée est « insuffisante » pour certains, selon l’historien. « D’autres auraient préféré davantage de justice. Et d’autres, encore plus radicaux, disent : ‘Il fallait juger les responsables qui étaient au pouvoir’, et pourquoi pas, disent certains, le général de Gaulle lui-même », a-t-il signifié.
Lors de son passage sur France Inter, le natif de Constantine a fait savoir que certaines familles de victimes espéraient « qu’Emmanuel Macron évoque dans son discours le général de Gaulle, alors président de la République ».
« Le général de Gaulle a donné des consignes de fermeté dans la répression de cette manifestation, ce qui est absolument regrettable. Mais le général de Gaulle n’a jamais demandé que l’on tire par balles sur des manifestants algériens, cela n’existe pas », a-t-il tenté de nuancer.
Pour lui, ce serait tout à fait étonnant que le général de Gaulle soit jugé aujourd’hui, « au moment où s’avancent ceux qui veulent réhabiliter le maréchal Pétain ».
Et de rappeler en guise de conclusion : « Cette nuit-là, il y a eu zéro mort policier, contrairement à ce qui a été prétendu à l’époque. Par contre, il y a eu de très nombreux morts algériens et des fusillades à balles réelles ».
Skander Boutaiba