Banque mondiale : la reprise en Algérie dépendra de l’accélération des réformes
Dans son dernier bulletin de conjoncture, la Banque mondiale relève qu’en 2020, un double choc est venu s’ajouter aux difficultés économiques de l’Algérie.
«Si l’Algérie a montré des signes de reprise sur la deuxième moitié de 2020, entreprises comme travailleurs ont été profondément touchés par la récession économique», note la BM.
Les résultats de l’Enquête sur le Pouls des Entreprises COVID-19 (COVEPE), explique le document, montrent «la sévérité du choc pour les entreprises et secteurs, ce qui est cohérent avec l’augmentation sensible du nombre de chercheurs d’emploi inscrits».
Les entreprises de plus petite taille, celles qui se trouvent dans le segment informel de l’économie et dans les secteurs des services et de la construction «ont été les plus durement impactées».
Outre le PIB qui devrait s’être contracté de 5,5 % en 2020, la BM rappelle aussi la baisse temporaire des prix internationaux du pétrole qui a détérioré plus encore le solde budgétaire, la disponibilité de la liquidité bancaire et le solde extérieur, malgré la dépréciation du dinar algérien. «La liquidité bancaire a diminué et la croissance du crédit s’est ralentie malgré des politiques d’assouplissement monétaire fortes de la part des autorités, sous l’effet de la chute des recettes extérieures, de la mobilisation des dépôts bancaires pour financer le déficit budgétaire global, et du retrait de l’épargne bancaire par les particuliers », écrit la BM.
Dans le même registre, l’institution explique que les perspectives économiques laissent présager «une reprise fragile en 2021, et la durabilité de cette dernière dépendra de l’accélération des réformes permettant de favoriser la croissance du secteur privé et de rétablir les équilibres macroéconomiques ».
Dans le cadre du scénario de référence, l’économie algérienne «devrait bénéficier du rebond de la production de gaz en 2021, mais la reprise dans les secteurs hors- hydrocarbures devrait être lente et progressive. Les besoins de financement budgétaires et extérieurs resteront importants, attendus à 18 et 10 % du PIB, respectivement, et risquent de provoquer un retour au financement par la Banque d’Algérie ». L’objectif est de «combler le déficit budgétaire, ainsi que la poursuite des politiques de réduction des importations, tandis que la dépréciation du taux de change devrait se poursuivre ».
Dans son bulletin de conjoncture, la Banque mondiale affirme que l’accélération des réformes visant à encourager le développement du secteur privé sera essentielle pour conduire la transformation structurelle de l’Algérie, vers son indépendance des recettes provenant des hydrocarbures, et pour qu’elle s’engage sur la voie d’une croissance économique durable et inclusive ». Le chemin ne sera pas exempt de risques. Pour la BM, il est entre autres question de la détérioration de la situation sanitaire, des recettes en devises moins importantes que prévu et une réponse insuffisante du secteur privé au programme de réformes.
Au chapitre des finances publiques, la BM précise que la situation budgétaire de l’Algérie s’est détériorée en 2020 dans un contexte de baisse des recettes provenant des hydrocarbures, d’une augmentation de la masse salariale du secteur public, et d’une augmentation des Interventions du Trésor. Les recettes publiques provenant des hydrocarbures, qui représentaient 40 % du total des recettes publiques en 2019, auraient reculé de 25 % en raison de la combinaison des effets volumes et prix.
Yacine Bouali