64ème anniversaire de la Création du GPRA : Le coup de maître de la révolution algérienne
19 septembre 1958, une date phare dans la longue guerre de libération nationale, une date à laquelle fut annoncé simultanément au Caire, à Tunis et à Rabat la création du Gouvernement Provisoire de la République Algérienne (GPRA) par le CEE qui a reçu délégation du CNRA (Conseil National de la Révolution Algérienne) pour sa création.
L’idée de création d’un gouvernement provisoire dont l’objectif principal était de réunir les rangs des moudjahidine et d’élever le niveau d’encadrement et de représentation de la révolution algérienne, notamment au niveau internationale était en gestation depuis le Congrès de la Soummam le 20 aout 1956.
En effet, après le Congrès de la Soummam, la guerre de libération nationale a pris une autre tournure et les combats entre les moudjahidine et les soldats français ont redoublé d’ampleur, les unités de l’ALN, ayant une vision plus claire de la lutte qu’ils menaient et libérés des conflits internes, menaient des opérations meurtrières contre la France coloniale, aussi bien sur le terrain qu’au niveau du travail diplomatique.
L’Algérie, représentée par des ténors de la diplomatie algérienne remportait victoire après victoire, le gouvernement français ne pouvant plus tenir à ce rythme et perdait du terrain chaque jour davantage, la 4ème république française s’effondra au mois de mai 1958 et le général De Gaulle fut hissé au pouvoir, appelé par les français pour sortir leur pays de l’engrenage dans lequel il s’était engagé en Algérie et le sauver, comme il l’avait déjà fait face à l’Allemagne nazie.
De Gaulle avait déjà démontré sa haine et sa férocité envers l’Algérie : tous les algériens s’en souviennent, c’est lui qui a ordonné les massacres du 8 mai 1945 dans l’Est algérien ! Son fameux ‘’Je vous ai compris … Vive l’Algérie française’’ a sonné, quant à lui le glas de l’occupation française de l’Algérie.
Investi le 1er juin 1958 par l’Assemblée Nationale Française, De Gaulle effectua une visite en Algérie du 4 au 11 juin au cours de laquelle il a compris que la guerre était perdue mais il continua dans sa férocité en élargissant les pouvoirs de l’armée et en lui donnant plus de moyens ‘’pour mater la rébellion’’ avait-il affirmé. Des opérations de ratissage et de recherche de grande envergure ont alors été menée, dont l’opération Challe et l’opération Jumelles, ainsi que les exactions et les exécutions extrajudiciaires à l’encontre des populations civiles.
Face aux nouvelles donnes de la lutte pour la libération nationale induites par l’arrivée du général De Gaulle connu comme étant un militaire, un diplomate, un stratège et diabolique dans l’exécution de ses plans contre ses ennemis, le CNRA, après avoir reçu les rapports de plusieurs hauts cadres de l’ALN (Ferhat Abbas, Krim Belkacem, Bentobal, colonel Ouamrane) dans lesquels ils ont tous affirmé qu’il était temps de créer un gouvernement algérien provisoire, ainsi qu’Ait Ahmed qui a envoyé une lettre de sa prison dans laquelle il écrivait : « Jusqu’à présent, les gouvernants français arguent de l’inexistence de l’Etat algérien pour refuser de négocier avec la « rébellion ». Ils perdront leur atout majeur quand ils auront en face d’eux un gouvernement responsable, une autorité indiscutable tant du point de vue algérien qu’international. En outre, ayant affaire à des responsables normalement nantis de l’investiture internationale et non à des « fellagas », les gouvernants français ne perdront pas la face en négociant ».
L’autre objectif majeur de la création du GPRA, outre l’unification des rangs, est de mettre en face du gouvernement français une institution représentative de l’ALN, lui qui arguait de l’inexistence d’interlocuteurs valables pour entamer des négociations. La désignation de Ferhat Abbas comme premier président du GPRA est allé aussi dans le sens de présenter un interlocuteur dont le charisme était reconnu partout dans le monde et qui a derrière lui un long parcours diplomatique.
Les membres du GPRA sont :
- Ministre des Affaires sociales : Abdelhamid Mehri.
- Ministre de l’Intérieur : Lakhdar Bentobal.
- Ministre des Liaisons générales et Communications : Abdelhafid Boussouf.
- Ministre des Affaires économiques et des Finances : Ahmed Francis.
- Ministre de l’Information : M’Hamed Yazid.
Le travail diplomatique de fond effectué alors par le GPRA fit mieux connaitre la cause algérienne et la justesse de sa lutte au niveau international et De Gaulle comprit enfin qu’il n’était pas de l’intérêt de la France de continuer cette guerre injuste qu’elle menait en Algérie.
Le 16 septembre 1959, De Gaulle annonce enfin qu’il était en faveur de l’autodétermination de l’Algérie, une annonce et une offre de dialogue qu’il renouvela le 8 novembre de la même année lors d’une conférence de presse.
Huit mois plus tard, le 20 juin 1960, une série très longue de négociations menées par les ministres et les plénipotentiaires du GPRA, commencèrent entre le GPRA et le gouvernement français, qui s’achèveront le 18 mars 1962 : l’Algérie indépendante et souveraine sur l’ensemble de son territoire fut enfin reconnue et une nouvelle ère s’ouvrit pour elle, une ère de reconstruction, de liberté, de fraternité.
Tahar Mansour