Décédés à l’étranger durant la pandémie, ils ont été mis dans des frigos ou dans les entrepôts des cimetières : Quand le royaume abandonne ses morts
Il était déjà bien connu que le roi est en déphasage total avec son peuple. Mohamed VI n’a pas écouté les Marocains, qui avaient refusé la décision du Makhzen de normaliser les relations avec Israël, et qui continuent, aujourd’hui encore, à manifester pour dénoncer le pacte diabolique passé avec l’entité sioniste sur le dos des Palestiniens. Il détourne, inlassablement, son regard pour ne pas voir la révolte sociale grandissante dans le royaume alors même qu’elle s’annonce sur fond de manifestations quotidiennes qui témoignent de l’état de précarité alarmant dans lequel se trouvent, aujourd’hui, des millions de Marocains. Apprendre que le roi abandonne, dans des frigos pendant plus de deux ans, des Marocains décédés à l’étranger, ne devrait alors plus étonner. Or, l’aveu est d’une atrocité telle que l’on ne peut l’ignorer ! Et il a été fait par le ministre marocain des affaires étrangères, en personne. En réponse à une question parlementaire écrite, Nasser Bourita, cité par le site marocain, L’Opinion, a indiqué que « le processus de rapatriement des dépouilles des Marocains décédés à l’étranger avait repris avec la décision de réouverture exceptionnelle des frontières ». Et d’ajouter « Arrêté en mars 2020 en raison de la propagation du coronavirus Covid-19, le processus de rapatriement des dépouilles des Marocains décédés à l’étranger reprend. Pendant cette période, le ministère a couvert les frais d’inhumation de plus de 322 dépouilles des membres de la communauté décédés à l’étranger qui étaient dans une situation vulnérable. » Il précisera enfin que «3 887 dépouilles de Marocains décédés à l’étranger (hors infections Covid) ont été rapatriées. Les cadavres ont été déposés au préalable dans des chambres froides ou placés temporairement dans l’entrepôt du cimetière. » Des milliers de Marocains sont donc morts du Covid-19 ou pas, loin de leurs pays d’origine. Et même s’ils ont souhaité être enterrés sur la terre de leurs aïeux, respecter leur volonté s’est avéré impossible. Le seul effort que le Makhzen a fait, est de participer aux frais d’inhumation de quelques 300 dépouilles dans les pays d’accueil. Les familles endeuillées qui ont, elles, tenu à voir leur défunt enterrer sous la terre marocaine, ont dû vivre une double détresse. Outre la mort en elle-même de leur proche et l’incapacité de lui faire l’adieu qu’elles souhaiteraient, ces familles ont été dans l’obligation d’attendre des mois, voire une année et même plus pour pouvoir récupérer un corps « déposé au préalable dans des chambres froides ou placé temporairement dans l’entrepôt du cimetière» comme l’a déclaré Nasser Bourita.
Par ce geste extrêmement malheureux, le régime de Mohammed VI confirme encore une fois qu’il est loin de se soucier des marocains ou de leur désarroi. Et pour le confirmer, il suffit de rappeler qu’à l’éclatement de la crise sanitaire mondiale, le Maroc a été pratiquement le seul pays au monde à avoir refusé de rapatrier ses ressortissants coincés à l’étranger. Le voisin belliqueux qui se vantait de gérer la pandémie de COVID-19 mieux que certains pays développés, avait abandonné des milliers de ses ressortissants en plein Ramadan. Dans une tribune, publiée en 2020 sur middleeasteye.net, le docteur en sciences politiques et enseignant-chercheur à Salé, au Maroc, Aziz Chahir, avait clairement résumé la situation : « Personne ou presque ne pouvait parier sur un désengagement à peine voilé des autorités marocaines face à leur devoir d’assurer le rapatriement de milliers de Marocains, dont la contribution à l’économie nationale s’est traduite en 2019 par des transferts de fonds établis à quelque 65 milliards de dirhams. Lorsqu’il s’agit d’inciter les Marocains résidant à l’étranger (MRE) à faire rentrer des devises, la Fondation Mohammed V pour la solidarité se précipite pour les accueillir aux frontières en grande pompe (…). Par ce geste extrêmement malheureux, le régime de Mohamed VI est en train de payer comptant, une fois de plus, les frais de l’amateurisme de sa diplomatie (…) Et dire que certains se demandent encore pourquoi les Marocains montrent de la défiance envers leurs responsables politiques, qui deviennent, une fois de plus, la risée du monde. »
H.Y.