A Addis-Abeba, l’Algérie inflige un sérieux camouflet au Maroc
Dimanche, le 360.ma, un site de propagande marocain télécommandé directement par le palais royal, a annoncé pompeusement de prétendus « succès diplomatiques » du Maroc lors du 35e sommet de l’Union africaine (UA). Bien sûr, ils auraient été engrangés « au grand dam » de l’Algérie, a-t-il affirmé.
La propagande habituelle
Ce site, qui attaque tous les jours l’Algérie et les Algériens, a voulu faire de l’élection du Maroc au Conseil de paix et de sécurité (CPS) un événement planétaire, alors qu’en réalité il s’agit d’un non-événement. Et pour cause, tous les membres de l’UA y ouvrent droit. C’est le cas notamment de Tunis qui va également siéger au CPS au même titre que Rabat.
L’emballement de façade du bras médiatique du makhzen a un seul et unique but : détourner le regard du revers subi par le Maroc et Israël, après le gel de l’octroi du statut d’observateur à ce dernier.
Pour ne pas qu’il soit taxé de faire chou blanc par ses lecteurs, le 360.ma a publié, quelques heures après, un papier dans lequel il a tenté de requalifier les faits en s’en prenant à l’APS et aux médias algériens qu’il accuse de mensonge. Une sortie qui suscite, somme toute, l’ironie et le sarcasme tant ces mêmes faits sont saillants et connus désormais de tous.
Si le portail proche du palais royal a choisi un ton agressif, d’autres médias marocains ont préféré faire l’impasse sur cette information. Certains, à l’image du Desk, ont tout de même fait référence en évitant soigneusement de souligner la défaite diplomatique du Maroc.
Un premier échec pour le makhzen
Ce dernier a mené avec force, depuis des semaines, une bataille contre l’Algérie pour faire accepter Israël en tant qu’observateur. Dans un entretien accordé à France24 et RFI, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, l’a avoué, expliquant, dans la foulée, que l’UA n’est pas la chasse gardée d’un État ou deux. Bien sûr, il faisait allusion à l’Algérie et l’Afrique du Sud.
« Il faut comprendre que l’Union africaine a changé. Elle n’est plus la chasse gardée d’un pays ou deux qui peuvent dire : non on va bloquer et que l’organisation va les suivre. L’Union africaine a changé et les débats l’ont montré », a-t-il fanfaronné.
Et de poursuivre, « il se trouve aujourd’hui que 44 pays africains ont des relations avec Israël (…) Si cette réalité ne plaît pas à quatre pays, il faut la changer d’abord sur le terrain ».
Interrogé sur la position favorable de son pays à cette adhésion. Il a botté en touche. « On est favorable à la mise en application des textes de cette organisation », a-t-il débité en traitant, au passage, l’Afrique du Sud de pays hypocrite.
Mais sur le terrain les choses ont changé depuis dimanche à la suite de la décision des pays africains de geler l’initiative du secrétaire général de l’UA, Moussa Faki, relative à l’octroi du statut d’observateur à Israël.
De même, l’Union africaine a décidé de la création d’un comité composé de sept dirigeants africains pour formuler une recommandation sur la question. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en fait partie mais pas Mohammed VI.
C’est dire le poids de l’Algérie sur la scène africaine en comparaison au Maroc dont les hauts responsables croient injustement que les gesticulations et la « danse du ventre » pourraient changer la donne. Pour ce qui est de cette question, le makhzen et le virevoltant Bourita auront bu le calice jusqu’à la lie.
Complot contre l’Algérie
Globalement, la bataille est loin d’être finie tant que le royaume continue de multiplier les instigations. De l’UA à la Ligue arabe, le Maroc se permet tout pour manœuvrer contre l’Algérie afin de capoter son action, à l’instar de l’organisation du sommet arabe.
Menant une véritable croisade contre notre pays, Rabat tente de parasiter les initiatives prises par les autorités algériennes. La récente visite du président Tebboune en Egypte, par exemple, a fait l’objet d’une vaste opération de propagande de l’autre côté de la frontière.
Dans le même temps, cette même propagande souffle le chaud et le froid sur la date d’organisation du sommet. Elle essaie de faire croire que la date proposée par Alger n’a pas été retenue, et le sommet a été reporté sine die. Or, c’est faux ! L’Algérie propose une date précise après que le secrétariat général de la Ligue arabe désigne le mois idéal pour la tenue du sommet.
Il se trouve que dans ce cas, le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, avait proposé initialement le mois de mars. Les pouvoirs publics n’ont fait qu’accepter.
Vu l’importance de ce sommet pour l’action arabe commune, le Maroc cherche, dans les faits, à ce qu’il soit organisé sur son sol. En témoigne un récent article du même 360.ma dans lequel il se proposait de prendre les choses en main. Le voisin de l’ouest cherche, en somme, le prestige.
Une autre tentative vaine du makhzen qui, en revanche, n’a pas pu organiser le 27ème sommet la Ligue arabe en 2016. « Les conditions de succès du Sommet arabe ne sont pas réunies », avait-il justifié à l’époque.
Skander Boutaiba