A quelques mois de la présidentielle : Macron multiplie les impairs diplomatiques
Au rang des chefs de l’Etat, la parole publique a le pouvoir d’étouffer un conflit latent ou d’attiser un différend banal.
En la matière, le président français Emmanuel Macron s’est magistralement illustré presque autant que le tonitruant ex président américain Donald Trump, est connu pour ses frasques et ses dérapages.
Il semble ne pas avoir suffisamment assimilé, après presque cinq ans passés aux commandes de l’un des plus marquants pays européens, les règles et les usages diplomatiques, qui astreignent les dirigeants à privilégier les échanges froids et pondérés aux discours inutilement provocateurs. En quelques jours, il a frôlé le grave incident diplomatique avec les dirigeants du Mali et de l’Algérie.
Au Premier ministre malien, Chogel Kokaila Maiga, qui a qualifié, à partir de la tribune de la 75ème Assemblée général des Nations unis, le retrait des troupes françaises de l’opération Barkhane « d’abandon en plein vol », le locataire du Palais de l’Elysée a réagi avec une virulence consternante. « C’est une honte et ça déshonore ce qui n’est même pas un gouvernement », a-t-il dit à ce propos.
Poussant plus loin la stigmatisation des autorités maliennes, il a déclaré que « la légitimité du gouvernement actuel est démocratiquement nulle ».
Evidemment, ces propos belliqueux ne pouvaient que susciter de vives réactions du pays de l’ouest de l’Afrique,. A telle enseigne que la France est mise à la case de « l’ennemi voilé » de ce pays du Sahel.
Sans se soucier d’apaiser les tensions au Mali, le président Macron a cherché chicane à l’Algérie.
Sans raison, il s’est attaqué ouvertement à la souveraineté de l’Etat devant les enfants et les petits enfants des pieds noirs des harkis et de juifs (ce qui n’est pas fortuit). Il a critique abusivement le système de gouvernance et travestit l’identité mémorielle.
Mal lui a pris ou mal conseil a-t-il suivi. Alger s’est insurgé aussitôt contre « une ingérence inadmissible dans ses affaires internes », a rappelé son ambassadeur à Paris pour consultations et a interdit le survol de son espace aérien aux avions militaires français.
Réalisant tardivement son impair diplomatique aux lourdes incidentes économiques et politiques, Emmanuel Macron a édulcoré, aujourd’hui, son discours en axant sur « ses relations cordiales » avec son homologue algérien.
Il lui est difficile, néanmoins de réparer totalement le préjudice causé par ses bourdes d’abord à sa candidature potentielle à un second mandat de président de la République.
Ses déclarations intempestives et injustifiées sur des Etats souverains écorne davantage son image à l’internationale et en intra-muros. « Ca ne me semble pas être le rôle d’un président de la République de porter des jugements sur les sociétés et sur l’histoire » a estimé Gilles Monceron, spécialiste de l’histoire coloniale de la France à Franceinfo.
Ce n’est certainement pas le cas, sauf si le chef de l’Etat français escomptait maladroitement, par son offensive verbales contre le Mali et l’Algérie, de faire oublier son camouflet diplomatique avec les Etats-Unis (contrat raté des sous-marins à propulsion conventionnelle) et ses échecs économiques et politique au niveau national. En voulant calquer sa stratégie préélectorale sur celle de l’extrême droite, Macron a peut-être déjà perdu son second mandat.
Soulef B.