Abdelhamid Boudaoud, président du CNEA à la Patrie news : « 2,2 millions de constructions inachevées »
Une explosion due à une fuite de gaz, jeudi dernier à Bordj-Bou-Arreridj, a ébranlé l’opinion publique, de par le nombre tragiquement élevé des victimes (dix morts dont trois enfants et plusieurs blessés) et l’ampleur des dégâts matériels particulièrement l’effondrement d’une bâtisse érigée sur trois étages. Ce sinistre aurait pu être évité ne serait-ce une négligence que l’enquête, ordonnée par les pouvoirs publics, déterminera la source. Il révèle, toutefois, d’ores et déjà, l’incurie qui prévaut dans le développement du tissu urbain. La bâtisse, détruite par le souffle de la déflagration, aurait été construite trop près d’installations de gaz, selon certaines des sources informées du dossier. Est-ce autorisé ? « Normalement, un cahier des charges fixe les règles de constructions » souligne Abdelhamid Boudaoud, président du Conseil national des experts architectes (CNEA). La responsabilité des autorités est engagée au prorata de la taille du projet, au regard de la loi afférente à l’habitat, précise-t-il. De 0 à 299 logements, le président de l’APC est comptable des anomalies constatées éventuellement. Cette responsabilité relève du chef de l’Exécutif de wilaya pour des chantiers de 300 à 599 logements. Au-delà, c’est le ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme qui devient superviseur.
Notre interlocuteur soulève que les difficultés se situent essentiellement dans les projets inaboutis. « Je ne dis pas que des erreurs sont commises dans la réalisation des projets, parce qu’on n’a pas vraiment réalisé des projets d’architecte. La problématique est dans les 2 200 000 projets restés non achevés » explique-t-il. Toutes ces constructions ne peuvent, dès lors, faire objet des services du CTC pour contrôler leur conformité aux règles de sécurité et d’hygiène. D’où les innombrables accidents qui surviennent çà et là, en sus de la laideur conférée au quartier, voire à l’agglomération.
Au mois de mars 2022, le ministère de tutelle a invité les citoyens, à se rapprocher « des architectes agréés et des bureaux d’études habilités pour élaborer les dossiers techniques en vue de régulariser la situation de leur construction inachevées », conformément aux dispositions de la loi n° 08-15 du 15 juillet 2008, fixant les règles de mise en conformité des constructions et leur achèvement,
S. B.