Abdelkader, Menouar et Mohamed Badaoui
Les frères martyrs
Les frères Badaoui ont scellé leur destin à celui de l’Algérie pour laquelle ils ont sacrifié leur vie. Tous les trois ont porté les armes pour combattre le colonialisme abject. Aujourd’hui, ils figurent parmi le million et demi de martyrs sacrifiés sur l’autel de la liberté. Retour sur le parcours héroïque de ces trois frères.
Natifs d’Alger, Abdelkader, Menouar et Mohamed ont vu le jour au sein d’une famille de condition modeste comptant aussi six filles.
Abdelkader, l’aîné, a vu le jour le 9 janvier 1933 à Alger, Menouar, le cadet est né le 13 mai 1934, quant au benjamin, Mohamed, il est venu au monde le 12 mars 1940, toujours à Alger, plus précisément à Ayoune El Zorgue, situé à Haouch Mahieddine, plus connu aujourd’hui sous le nom de « Cité Mahieddine ».
Comme la plupart des enfants de leur âge et du quartier, ils usent leurs culottes sur les bancs des écoles « Vignard » et « La rue des écoles ». Puis, une fois le cycle élémentaire franchi, ils rejoignent le lycée technique du Ruisseau. Outre les études, les frères Badaoui manifestent aussi un grand intérêt pour le sport. Leurs corps athlétiques et leurs forces physiques sont leurs atouts pour pratiquer diverses disciplines sportives où ils seront performants.
Les deux aînés, Abdelkader et Menouar évoluèrent au sein du Widad Riadi Belcourt (WRB). Le premier, en cycliste accompli réussit à remporter plusieurs épreuves, quant à Menouar, il a une passion pour le cross, ce qui lui vaudra même le titre de champion d’Algérie. Quant au benjamin, Mohamed, il est versé dans les sports mécaniques et sera même l’un des précurseurs du moto-cross dans l’Algérois. D’ailleurs, sa pratique de cette discipline sportive lui permettra plus tard de se déplacer facilement lors du couvre-feu imposé par les forces coloniales dans la capitale et de semer la trace de ses poursuivants.
Parcours militant
D’abord membres des scouts musulmans algériens, dans la section belcourtoise Emir Khaled, les frères Badaoui y verront naître leurs premiers émois patriotiques avant de forger cette fibre au sein de mouvements nationalistes comme le Parti du peuple algérien (PPA), le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD) et le Mouvement national algérien (MNA).
Au lendemain du déclenchement de la guerre de libération nationale, ils rejoignent les rangs du Front de libération nationale (FLN) dont ils seront des membres très actifs.
En raison de leur parfaite connaissance du terrain qui les a vu naître et grandir, les frères Badaoui activent dans le grand Alger, aux côtés de Larbi Ben M’hidi et de Yacef Saâdi mais aussi de nombreux amis, voisins et compagnons dont nombre d’entre eux tomberont en martyrs, à l’image des frères Seghouani, Ali Bouguermine, Nadji Hamdida, Omar Dib, ou encore de Mohamed Benassila, Djamel Eddine Challah, Khaili Mohamed ou des cousins Makhloufi. Il y eut également les frères Aroua et Zikara dont certains comptent parmi les chouhada.
Courageux, baroudeurs et engagés pour le pays, les frères Badaoui sont de toutes les missions périlleuses. Aux ordres de leurs chefs hiérarchiques, ils répondent avec abnégation, n’hésitant pas à accomplir leur devoir de fidayine avec célérité. Pour les autorités coloniales, ils représentent un danger à mettre hors d’état de nuire.
Au mois de décembre 1957, Abdelkader est arrêté et déféré à la prison de Serkadji mais il parvient à s’en échapper, rejoignant les maquis de l’ALN dans la Wilaya IV où se trouvait déjà son cadet Menouar. Ce dernier, malgré une étroite surveillance du domicile familial par des agents en civil, parvient à tromper leur vigilance. Abdelkader et Menouar, accompagnés de « Si Lakhdar », prendront part à différentes opérations militaires dont la bataille de « Boulegroune ». C’est là qu’Abdelkader Badaoui tombe au champ d’honneur, en compagnie de « Si Lakhdar » et de nombreux autres chouhada. Menouar Badaoui est, quant à lui, grièvement blessé. Repéré, il finit par être capturé et emprisonné à Serkadji. Il parvient à s’en évader, rejoignant les réseaux de combattants de la capitale où il continue à activer clandestinement. Lors d’une visite familiale nocturne, il est dénoncé par son accompagnateur, un certain Boukhana. Arrêté par les autorités coloniales, il est conduit à la villa Susini où il subit pendant plusieurs jours d’atroces séances de torture. Il décède sous les pratiques abjectes de ses bourreaux le 24 avril 1959. Son corps sera jeté à la mer, du côté de la corniche et ne sera jamais retrouvé.
Désormais seul, Mohamed Badaoui, malgré la douleur de la perte de ses deux aînés, ne renoncera pas au combat, poursuivant son engagement pour la libération du pays. Il accomplit diverses missions, consistant notamment en le transport d’armes sur sa moto. Il est, par ailleurs, l’un des instigateurs des manifestations du 11 décembre 1960, dans les quartiers de Belcourt et du Clos-Salembier. Au cours de ces événements, il participe à l’évacuation des nombreux morts et blessés, tombés sous la féroce répression coloniale. Repérés par les tueurs de l’OAS, il est poursuivi et mitraillé. Il meurt le 2 mai 1962 à 18h, au carrefour du boulevard Gallieni à El-Biar. Il ne vivra pas la liesse de l’indépendance lui qui était pourtant heureux de la savoir toute proche.
IN MÉMORIA
Source
http://freresbadaoui.blogspot.com/2014/07/les-trois-freres-badaoui.html