Accord historique des gauches en prévision des législatives françaises : Macron isolé
De plus en plus souvent, l’histoire a tendance à se répéter. L’arrivée de Mélenchon à Matignon à la tête d’un gouvernement d’union des gauches se concrétise de plus en plus. Durant la nuit de dimanche à lundi un accord historique a pu être conclu entre les principaux représentants de la gauche traditionnelle française. L’accord, mené par Jean-Luc Mélenchon de LFI (la France insoumise), risque toutefois de se faire sans le PS (parti socialiste), un parti qui nourrit encore une profonde rancune contre son ancien transfuge. Il n’en permet pas moins d’accorder (théoriquement) une victoire écrasante à la gauche française lors des prochaines législatives, de lui assurer le contrôle du futur gouvernement et d’isoler ainsi le président Emmanuel Macron, fraichement élu. Nous sommes cependant bien loi du raz-de-marée historique de l’union populaire de 1936. C’est ce dont rêve une gauche tout aussi aigrie que nostalgique. Bref, sur le chemin de l’union des gauches pour les législatives, un premier grand pas a été fait dans la nuit de dimanche à lundi. La France insoumise et Europe Ecologie-Les Verts (EELV) ont en effet conclu un accord historique pour les scrutins des 12 et 19 juin, tandis que les négociations avancent avec le PS et le PCF. Le Conseil fédéral d’EELV a validé l’accord négocié au cours des deux dernières semaines, par 84 voix pour, 10 contre, 8 bulletins blancs et une personne qui n’a pas participé au vote. Cet accord attribue notamment 100 circonscriptions pour le pôle écologiste, selon des sources proches des négociations. Si l’on excepte le petit mouvement Générations qui a signé un accord avec LFI dès jeudi, les négociations entre LFI et EELV étaient les plus avancées des discussions bilatérales engagées par les Insoumis avec chacune des forces de gauche, après les 22 % de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle. Le week-end a permis de faire les derniers compromis, autour du rapport à l’Europe (« désobéissance » mais seulement à certaines règles économiques et budgétaires si besoin), du label commun (« Nouvelle Union populaire écologique et sociale ») ou encore sur le partage des circonscriptions. Surtout, en cas de majorité en juin, « le Premier ministre serait issu du plus grand groupe à l’Assemblée, soit Jean-Luc Mélenchon ». Cet aboutissement est historique. LFI et EELV constituent en effet les deux forces de gauche en dynamique depuis plusieurs années, la première aux présidentielles de 2017 et 2022, la seconde lors des élections intermédiaires depuis les européennes de 2019. Loin de dormir sur ses deux oreilles, la droite de la France en marche de Macron, des Républicains de Pécresse, et même l’extrême droite de Le Pen et Zemmour est elle aussi en ordre de marche. Le schisme qui fracture en profondeur la société française rend la possibilité de gouverner « paisiblement » ce pays quasi-impossible.
Wassim Benrabah