Adhésion du Maroc à l’UA : Sur fond de corruption et d’achat des consciences
Ceux qui suivent de près ce site doivent sans doute se souvenir de notre article dans lequel nous annoncions que le roi Mohamed VI a été forcé en 2016 de reconnaitre la RASD (république arabe sahraouie et démocratique) par décret royal publié au JO du royaume chérifien afin d’obtenir son adhésion à l’UA en septembre 2016. La RASD, en effet, en est membre fondateur. Ce tournant, scellant la fin de la politique marocaine de la chaise vide n’y a quand même pas suffi. Il était évident que cette arrivée impromptue du Maroc, flanqué de son sulfureux allié et protecteur qu’est l’entité obéissait à des desseins et des complots destructeurs, tel qu’on a pu le constater de visu.
Ce n’est pas tout. De nouvelles révélations font état de pots-de-vin colossaux versés par le Maroc à de nombreux acteurs exécutifs et diplomatiques au sein de l’UA afin de décrocher cette mortifère adhésion. Des documents révélés par le hacker Chris Coleman, que d’aucuns soupçonnent d’être un officier de la DGSE à la suite de la brouille intervenue entre Rabat et Paris et de la plainte déposée à Paris pour torture contre Abdellatif Hammouchi, chef des services de sécurité et de renseignements marocains. C’est en utilisant la corruption à une grande échelle que le Maroc de Mohamed VI a pu occuper un fauteuil au sein de la famille africaine qu’il avait quitté plus de 30 ans avant, quand l’UA s’appelait ENCORE OUA.
En effet, des pots de vin colossaux ont été versés aux diplomates africains pour permettre au Maroc de rejoindre l’union africaine. En dépit de sa flagrante violation des objectifs de l’acte constitutif de l’Union africaine qui exige le respect de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance de ses États membres», le «Respect des frontières des indépendances » et la «prohibition de l’utilisation de la force ou la menace d’utiliser la force entre les États membres de l’Union « Le Maroc occupe par la force militaire le Sahara occidental réclamé par la République Arabe Sahraouie démocratique, membre à part entière de l’UA. Cette adhésion a en effet violé les statuts et l’acte constitutif de l’UA. Cette forfaiture n’a sans doute été commise qu’en échange de gratifications fort conséquentes. L’adhésion du Maroc à l’Union africaine a été le résultat d’une politique de lobbying dans laquelle une campagne de corruption de grande envergure a été sa pierre angulaire.
Cette méthode rappelle étrangement le modus operandi du puissant lobby sioniste. André Azoulay, « tonton » et puissant conseiller de Mohamed VI, devait très certainement être à la manœuvre. Comme le montrent les courriers électroniques, Moha Tagma, directeur des Affaires africaines au ministère des Affaires étrangères du Maroc, a informé son supérieur hiérarchique du ministre marocain des affaires étrangères sur son plan d’action. Dans une note qu’il a envoyée à son ministre le 5 mai 2014, il a présenté des « propositions pour les préparatifs entrepris pour le Sommet de l’Union africaine » qui s’est tenu à Addis-Abeba. Il y suggère de donner des «enveloppes individuelles de 5000 euros pour chaque ami» et il énumère les «amis» qui représentent les délégations des pays suivants: Sénégal, Guinée, Côte d’Ivoire, Gabon, Burkina Faso, Bénin, Togo, Comores, Djibouti, Niger Cameroun, Guinée équatoriale, Guinée-Bissau, Tchad, Sierra Leone, Libéria, Somalie, Soudan, Madagascar, Malawi, Maurice, Seychelles, Mali, Érythrée et Mauritanie (Président du Conseil de l’UA) ».
Des diplomates officiant à des postes clés au sein de diverses instances de l’UA sont grassement rétribués afin de filtrer certains documents compromettants pour le Maroc, et de faire passer à la trappe ceux qui sont favorables à la RASD. Les rétributions peuvent atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros. Ils dépendent habituellement de la nature et de la qualité des services délictueux rendus. Le Maroc n’hésite pas non plus à espionner ses amis-complices, histoire de les faire chanter en cas de besoin. Il s’agit de méthodes mafieuses très communes dans les milieux de la pègre. Cette façon de faire, comme on l’a vu avec la forfaiture du tchadien Moussa Faki, permet certes d’obtenir des résultats rapides et spectaculaires. Ces derniers ne durent cependant pas dans le temps. C’est comme ériger des mirages sur des châteaux de sable.
El Ghayeb Lamine