Affaire du fuel algérien supposé défectueux : quand les masques tombent
L’affaire dite du fuel défectueux qu’aurait vendu notre compagnie nationale Sonatrach au Liban continue de susciter moult interrogations mais la lumière commence à se faire après une analyse réalisée par un journaliste travaillant pour un journal électronique libanais, ‘almodononline’.
Dans cette analyse très instructive, l’auteur rappelle que Sonatrach menace le gouvernement libanais de déposer une plainte devant les tribunaux internationaux pour recouvrer ses droits concernant le paiement de 3 cargaisons de fuel pour un montant de 18 millions de dollars.
Devant cette perspective, le journaliste estime que si ce dossier arrivait devant les juridictions internationales spécialisées, il mettrait le Liban devant des obligations financières et légales ‘dont il se passerait bien’.
La situation à laquelle pourrait arriver le Liban, dans les circonstances actuelles, serait, d’après le journal électronique, le fait d’un ancien ministre libanais qui est à la source de tous les maux de son pays.
Le journaliste rapporte que l’entrée en lice de la Direction des Marchés dépendant de l’Inspection Générale pour la mise au point d’un cahier des charges pour le choix d’un nouveau fournisseur de fuel en remplacement de Sonatrach n’a pas été du gout de l’ancien ministre (dont il ne cite pas le nom) qui a son mot à dire au niveau du ministère de l’énergie libanais.
Il faut dire aussi que l’actuel ministre de l’énergie est d’accord avec le Directeur des Marchés pour la mise en place d’un cahier des charges présentant toutes les garanties pour le gouvernement libanais.
‘De ce fait, la réouverture et la remise sur la table du dossier Sonatrach était devenu prioritaire pour l’ancien ministre pour éloigner le spectre de la direction des marchés qui ne lui permettrait plus d’intervenir pour faire élire le fournisseur qu’il veut, contre espèces sonnantes et trébuchantes’, estime l’auteur de l’analyse.
Il rappelle aussi que le Liban aurait pu trouver des solutions qui l’aurait préservé de se retrouver devant les tribunaux internationaux avec Sonatrach, soit en reconduisant le contrat soit en s’entendant avec le fournisseur algérien à l’amiable.
En remettant sur le tapis l’affaire Sonatrach, l’ancien ministre retarderait une solution qui permettrait au Liban de s’approvisionner de manière normale en fuel pour faire marcher ses centrales électriques, leur arrêt ne pouvant même pas être envisagé à cause des très graves répercussions qu’il aurait sur la stabilité du pays, déjà très éprouvé par tout ce qui s’est passé les derniers mois.
Devant ce dilemme, l’Etat libanais serait obligé d’acheter du fuel chez n’importe quel fournisseur et l’ancien ministre proposerait alors ses services par le biais de sa société de transport de fuel et ‘imposerait le fournisseur de son choix’, se posant ainsi en sauveur de son pays. Bien entendu, les gains seront énormes des deux côtés pour cet ancien ministre.
Quant à l’Etat algérien et l’entreprise Sonatrach, ils n’ont rien fait d’autre que demander leur dû, d’autant plus que Sonatrach a prouvé que le fuel sorti d’Algérie était conforme et que c’est par la suite qu’il aurait pu être remplacé par du fuel frelaté car le ministère libanais permet le transport de ce fuel par d’autre compagnies que Sonatrach et, entre le départ d’Algérie et l’arrivée au Liban beaucoup de choses peuvent arriver.
L’auteur de l’analyse relève aussi que ‘le dossier Sonatrach est une balle à plusieurs têtes’ dont la première tend à mettre hors champ la direction des marchés publics du ministère de l’énergie, tout en poussant l’Algérie à se diriger vers les juridictions internationales pour demander ses droits.
A cause de cela, les autres compagnies pétrolières mondiales, voyant ce qui arrive à Sonatrach, regarderaient à deux fois avant de conclure un quelconque contrat avec la partie libanaise, ce qui augmenterait les chances des compagnies pétrolières sous l’aile de l’ancien régime qui vendraient alors le fuel à des prix très élevés, dont une partie profiterait justement à cet ancien ministre, toujours selon l’analyse du journaliste.
Ceci permettrait aussi d’arriver à l’éviction de plusieurs fonctionnaires intègres qui se montrent intransigeants et qui refusent de porter atteinte à l’économie de leur pays.
En conclusion, l’auteur de l’analyse estime que le Liban se dirige vers les tribunaux internationaux en ayant perdu de sa crédibilité à l’avance et ne gagnerait pas ses procès face à Sonatrach, ce qui l’affaiblirait plus encore et l’obligerait à se plier aux volontés de cet ancien ministre qui ramènerait la compagnie pétrolière de son choix et imposerait ses conditions.
Tahar Mansour