Affaire Pegasus : le Maroc dans de mauvais draps
Le Maroc a de sérieux tracas. Trempé dans un scandale « mondial » lié à une affaire d’espionnage massif, il est accusé d’avoir utilisé le logiciel israélien Pegasus pour surveiller des journalistes et des patrons de presse au Maroc, mais aussi en France.
Selon un consortium de dix-sept médias internationaux, dont Le Monde, une trentaine de journalistes et personnalités des médias français ont été ciblées. Parmi lesquels figurent Lénaïg Bredoux et Edwy Plene, deux journalistes de Mediapart. Le site d’information a annoncé ce lundi le dépôt d’une plainte contre le royaume de Mohammed VI.
Ce dernier n’a pas espionné uniquement des journalistes français en utilisant le logiciel espion. D’après The Guardian, plus de 6 000 téléphones algériens étaient dans la ligne de mire des services de renseignement marocains. Pour l’heure, les noms des victimes n’ont pas filtré.
Cette affaire coïncide avec un nouveau coup de chaud dans les relations entre les deux pays voisins. Hier dimanche, l’Algérie a rappelé son ambassadeur à Rabat « pour consultations avec effet immédiat », à la suite d’ « une dérive marocaine » concernant la région de la Kabylie durant une réunion du mouvement des non-alignés les 13 et 14 juillet à New York.
Dans son communiqué, le ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, a prévenu que « d’autres mesures éventuelles » seront prises « en fonction de l’évolution de cette affaire ». Comprendre : Alger entend aller très loin dans cette affaire à moins que le Maroc ne donne une explication convaincante.
En crise avec l’Algérie, l’Espagne et l’Allemagne, le royaume risque de se mettre à dos d’autres pays européens et s’isoler, ainsi, davantage. Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement français, a qualifié les faits d’ « extrêmement choquants. « Il y aura des demandes d’éclaircissements », a ajouté le jeune ministre sur Francinfo, faisant allusion au Maroc.
De son côté, la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, a qualifié l’affaire d’ « inacceptable ». « La liberté de la presse est une valeur centrale de l’Union européenne », a-t-elle affirmé depuis la République Tchèque, selon 20 Minutes.
D’autres pays sont présumés impliqués dans ce scandale. L’enquête cite, entre autres, le Mexique, l’Inde, l’Indonésie, l’Arabie Saoudite, les Émirats arabes unis, le Kazakhstan, l’Azerbaïdjan, le Togo, le Rwanda, et la Hongrie.
Le logiciel espion, mis en outil par l’entreprise israélienne NSO Group, aurait conduit à l’espionnage des numéros d’au moins 180 journalistes travaillant pour le compte de médias connus, comme le Wall Street Journal, CNN, France 24, Mediapart, El Pais ou l’AFP.
Outre les journalistes, 600 hommes et femmes politiques, 85 militants des droits humains ou encore 65 chefs d’entreprise ont été surveillés à leur insu.
Comme annoncé il y a quelques jours, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, se trouve ce lundi à Paris pour rencontrer son homologue français, Jean-Yves Le Drian. Discuteront-ils de cette affaire? Fort probablement.
R.N