Agression marocaine contre l’Espagne : le Parlement européen va sévir jeudi
A trop vouloir jouer les « gros bras » sans en avoir du tout les moyens, le Maroc n’en finit plus de payer au comptant ses puériles bravades. En effet, la résolution que le Parlement européen va approuver jeudi sur l’utilisation de mineurs par les autorités marocaines dans la crise migratoire à Ceuta met à rude épreuve les relations entre l’Union européenne et le Maroc.
Alors que le projet de résolution n’a pas encore commencé à être formellement négocié entre les groupes parlementaires, le Maroc avance déjà avec des lettres aux députés, un lobbying intense à Bruxelles et des déclarations publiques à Rabat. Hier à la dernière minute, populaires, socialistes et libéraux ont déposé leurs projets de résolutions respectifs qui, dès aujourd’hui, commenceront à faire consensus.
Le plus critique est celui des libéraux, élaboré par le député des citoyens Jordi Cañas, qui sont ceux qui ont déjà promu l’initiative le 31 mai. Dans ce projet de résolution, on regrette que le Maroc ait utilisé le contrôle aux frontières pour faire pression sur l’Espagne et qu’ »il ait pris la décision soudaine de lever les contrôles aux frontières avec Ceuta ». Ils ajoutent également que la mise en œuvre de la migration par le Maroc est « inacceptable », notamment concernant les enfants non accompagnés et les mineurs.
Une résolution critique, mais bien moindre que le projet initial, où l’on parlait de chantage marocain et de comportements irresponsables et où la Commission européenne était sollicitée pour évaluer l’utilisation faite des fonds destinés au Maroc. Plus que le contenu précis, l’important est qu’il y ait une résolution concernant le Maroc », a déclaré le député Jordi Cañas, qui a ajouté que « l’idée générale n’est pas de faire du sang, seulement de relater des faits et de transmettre un message, qu’avec les enfants ça ne se joue pas, ce qui est une ligne rouge ».
De leur côté, les populaires proposent une formulation plus douce dans laquelle l’utilisation de la migration des mineurs comme instrument de politique étrangère est rejetée et inclut une critique de l’action du gouvernement espagnol pour la gestion de l’entrée de Brahim Gali.
« Nous considérons que le modus operandi dans lequel l’admission du leader du Polisario Brahim Gali dans un hôpital espagnol, qui a déclenché dans un premier temps la crise migratoire, aurait pu être manifestement mieux géré ; Nous affirmons qu’un traitement adéquat de la situation aurait probablement sauvé le déclenchement et l’escalade de la crise », affirment les Européens populaires. Pendant que les eurodéputés préparaient leurs projets de résolutions, le Maroc se mobilisait durement pour arrêter ou du moins diluer le texte.
Le président de la Commission parlementaire mixte Maroc-UE, Chaoui Belassal, n’hésite pas, comme c’est l’habitude pour la diplomatie marocaine, à mettre la main à la poche pour tenter de corrompre et d’acheter des consciences. La tâche, cependant s’avère ardue face à une opinion publique horrifiée par les images de tous ces enfants volontairement jetés à une mort certaine par un Maroc aveuglé par la haine, et rendu fou de rage par ses défaites diplomatiques et médiatiques successives.
L’Europe, en effet, a pris ombrage toute entière. «C’est toute la communauté européenne qui a pris fait et cause en faveur du royaume ibérique. Trop grossière et carrément inacceptable, la provocation marocaine a en effet mis en danger la vie de près de 10.000 personnes, dont près de la moitié est constituée de femmes et d’enfants. De nombreux responsables européens, et non des moindres, ont formellement lancé en ce sens de gravissime accusations contre Rabat.
C’est dire que la machine judiciaire ainsi enclenchée a toutes les chances de s’emballer, et d’aller beaucoup plus vite qu’on pourrait le croire. Il faut savoir aussi qu’au regard du droit international, aucune « immunité » diplomatique ou autre ne saurait être mise en avant pour protéger Mohamed VI et se hommes-liges. En attendant, on avait bien raison, en effet, de se gausser du Tweet triomphant du Premier ministre marocain Saâdeddine El Othmani.
Il y fanfaronnait, pas plus tard que la semaine passée, en claironnant à qui voulait l’entendre que « le fait que les manœuvres militaires conjointes –incluant une dizaine de pays, dont les USA) ont englobé les régions de Mahbes et Dakhla, situées dans les territoires sahraouis occupés, représenterait, à l’en croire, une « reconnaissance formelle et officielle par Washington de la prétendue marocanité du Sahara Occidental ». Il n’en est en fait absolument rien. Le démenti du Pentagone, dont nous avons obtenu copie a claqué comme une gifle, un désaveu et une humiliation publique pour tout le gouvernement marocain, ainsi qu’à son propre roi, Mohamed VI.
Mohamed Abdoun