Autant sa vie de militant et de moudjahid s’est passée de manière active et tonitruante, autant il a été très discret après l’indépendance et jusqu’à sa mort, préférant le calme de la mer à bord de son chalutier au bruit de la ville et des réceptions : « c’est le seul moment peut-être où l’on se sent en paix avec soi-même », aimait-il répéter.
Dali Ahmed, dit Hamid, né le 3 juin 1936, est parti cette fois pour de bon, après avoir accompli son devoir de manière complète, il a été parmi les premiers à porter les armes contre le colonialisme, participant au premier attentat du 1er novembre 1954 au niveau de La Casbah d’Alger où il a toujours habité. « C’était la mémoire de La Casbah, il en connaissait tous les labyrinthes et tous les grands hommes qui en sont sortis ou qui y ont passé des journées de leurs vies », affirment ceux qui l’ont connu durant la guerre de libération nationale et même avant ou après.
Voisin de Djamila Bouhired, il était aussi devenu l’ami du commandant Azzeddine qu’il appelait affectueusement ‘Ammo’ et avec lequel il a fourbi ses armes et qui témoigne que : « Hamid Dali a répondu à l’appel de la Nation très jeune, sans hésiter, sans calcul ». Il a aussi connu nombre de héros de notre glorieuses guerre de libération et dont il faisait partie intégrante, il a accompagné Larbi Ben M’Hidi lors de ses entrées et sorties de la Casbah, sans même le connaitre.
Il a participé à de très nombreux attentats à Alger dont le mitraillage du bar Cheval Blanc à El Biar avec Ali La Pointe et Kebaïli, l’exécution d’un policier de la PJ, d’un commandant de la Légion Etrangère et du Goal du Sporting de Bab El Oued. Il a aussi transporté les bonbonnes de produits chimiques et d’autres intrants pour la fabrication de bombes et a à son actif bien d’autres actions d’éclat, bien qu’il dépassait à peine les 17 ans à l’époque.
Après la lutte urbaine, il se retrouva au maquis, à la wilaya 4 historique où il a été blessé et arrêté, il a même failli être exécuté par l’armée française mais en échappe par miracle.
Même après 1962, il a été à la tête d’un commando de 100 hommes qui ont combattu et chassé l’OAS hors de leur zone (zone autonome d’Alger).
Après l’indépendance, Ahmed Dali, dit Hamid, se consacra à son chalutier à bord duquel il se retrouvait et retrouvait le calme et la sérénité de la mer, passant de longues journées de pêche et de joie, ne revenant chez lui que pour repartir vers la mer.
Lorsqu’il sentit la fatigue gagner son corps, il prit sa retraite sans pour autant rester inactif jusqu’à ce qu’il soit terrassé par la maladie qui l’a emporté cette fois pour un dernier voyage, en ce dimanche 29 octobre 2023, le visage serein de celui qui a accompli fièrement son devoir, le regard calme car n’éprouvant aucune crainte et les lèvres entrouvertes par son sourire légendaire et impénétrable.
Il sera accueilli par tous ceux qui l’ont précédé, au Paradis que Dieu a préparé pour ceux qui ont combattu pour leur religion, leur pays et leur peuple !
La Patrie News