Alger-Bamako, un axe stratégique : Le bâton et la carotte
Après des propos outrageants prétendant nier l’histoire et l’existence de la nation algérienne et des menaces à peine voilées, la France officielle vient nous servir le sempiternel refrain du destin et du lien mémoriel communs.
Disons-le sans ambages, c’est une insulte à l’intelligence des Algériens !
Comment un régime qui a, depuis près de 200 ans, oeuvré à la destruction de l’histoire, de la memoire, de la culture de ces indigènes qu’il prétendait civiliser, qui s’est escrimé à entraver le développement du pays en favorisant, suscitant des oppositions factices et inféodées, des mouvements islamistes, indépendantistes, identitaires, et a complaisamment couvert et même stimulé la colonisation du Sahara Occidental par le Maroc, semant ainsi la graine d’un conflit bloquant le développement de la région et qui s’éternise, etc..
comment ce régime pourrait-il prétendre être ami de l’Algérie et du peuple algérien ?
L’Histoire nous a certes fait croiser nos chemins un malheureux instant cependant nos trajectoires ne s’orientent visiblement pas dans la même direction. Alors que nous amorçons un décollage économique et que nous sommes en passe de devenir une puissance qui compte, la France est perte de vitesse et connaît une lente mais inexorable régression.
Et rien ne saurait concilier ces 2 parcours, ces 2 destins tant que les rapports entre les 2 pays seront motivés ou mus par des arrière-pensées d’une certaine classe dirigeante obsédée de visées (néo)coloniales mortifères.
La lutte de nos valeureux chouadas, leurs sacrifices ont imprimé cette fierté farouche dans l’ADN des Algérien(ne)s qui leur permet d’exiger un partenariat gagnant-gagnant et des relations d’égal à égal. C’est là une condition sine qua non et pas plus négociable que notre position immuable en faveur des causes justes et des peuples opprimés. Aucune menace, aucun marchandage, et donc ni le bâton ni la carotte ne pourra nous faire dévier de cette ligne et de ces valeurs humanistes.
C’est ainsi que la fermeture de l’espace aérien algérien aux avions militaires français a été décidé en concertation avec le gouvernement malien et qu’elle est intervenue seulement à la suite du changement de gouvernement et d’orientation des nouvelles autorités maliennes, et non suite aux «dérapages» de Macron.
D’aucuns conjecturaient même un alignement du précédent gouvernement algérien aux politiques de l’hexagone. Cependant ceux-ci omettent le fait que l’intervention de l’armée française avait été sollicitée par les dirigeants malien de l’époque et qu’il eût été difficile et même mal venue de l’Algérie de s’opposer au passage de ces avions. On aurait alors crié au sabotage et au complot algérien pour déstabiliser le Mali. Nos autorités ont donc été contraintes d’ouvrir un corridor (et non l’espace aérien total). En ceci elle a toujours été en cohérence avec son principe de non ingérence dans les affaires internes de pays tiers et de respect de leur souveraineté (même s’il s’agit d’un pays frère comme c’est le cas du Mali : c’était sa décision à l’époque et elle a été respectée par l’Algérie)
Nous soulèveront de la même manière les critiques et la méfiance à l’égard de l’accord d’Alger accusé de vouloir attenter à l’intégrité territoriale du Mali, accusations brandies par certains, combien même il est fort probable qu’ils n’en aient pas lu une ligne mais qui néanmoins les colportent, et en dépit des avertissements fermes du président Tebboune quant aux velléités d’atteinte à l’unité et à l’intégrité territoriale du Mali par quelque puissance qu’elle soit. Honni donc soit qui Mali pense
Communauté Économique et Monétaire Africaine
De même que le sociologue Camerounais, Jonathan Batenguene (également consultant géopolitique et géostratégie en Afrique, expert commercial des services financiers, finance islamique) nous pensons que l’axe Alger-Bamako pourrait constituer le noyau d’une véritable communauté économique africaine et jouer ainsi le rôle tenu par le couple franco-allemand dans l’édification de l’Union Européenne :
Voir à partir de 1h 44 mn 15 l’intervention de Monsieur Jonathan Batenguene :
En effet les 2 pays auraient à gagner dans cette association. Le Mali aurait un débouché sur la méditerranée et trouverait une échappatoire aux sanctions infligées par les états de la CEDEAO, sanctions dont il n’est fait aucun mystère du véritable commanditaire. Pour l’Algérie, elle aurait une porte d’accès au vaste marché ouest-africain.
Les domaines de coopération seraient, pour ainsi dire, illimités : éducation, santé, énergie, eau, agriculture, formation militaire, télécommunications, BTP, infrastructures, transports, etc
La filière textile, par exemple, qui semble constituer un modèle de complémentarité (le Mali est un grand producteur de cotton et l’Algérie bénéficie d’une base d’industrie textile) peut offrir d’excellentes perspectives de partenariat et être compétitive sur les marchés continental et international.
La coopération dans les hydrocarbures (d’autant que les 2 pays partagent des champs gaziers et pétroliers s’étendant de part et d’autre de leur frontière) ferait des 2 partenaires un acteur de poids dans le marché mondial, qui pourraient même peser sur les prix de ces matières.
Pour ce qui est de la politique monétaire, le Mali, qui cherche à se soustraire de l’escroquerie du franc CFA, en aurait l’opportunité dans une union monétaire avec l’Algérie, ce qui constituerait la solution la plus rapide à mettre en œuvre. L’Algérie pourrait l’accompagner dans cette sortie du CFA comme elle l’avait fait autrefois pour la Mauritanie.
En effet, en 1972, l’Algérie avait largement contribué à l’indépendance monétaire de la Mauritanie, en l’aidant à fabriquer sa nouvelle monnaie nationale « l’Ouguiya », en la garantissant de l’ouverture d’un compte d’avances en devises de 3 milliards de CFA et en confiant à sa Banque centrale la formation des dirigeants de l’Institut d’Emission mauritanien.
Et précisément Nouakchott devrait être la prochaine étape venant élargir l’axe Alger-Bamako qui constituera une véritable force centrifuge attirant et entraînant d’autres capitales dans son orbite et à laquelle rien ne pourra résister.