Algérie/Union Européenne : Ali Bey Naceri plaide pour « approche plus réaliste »
Les experts sont unanimes à affirmer que l’Europe « gagnerait » à avoir une vision stratégique concernant l’approche de ses relations avec l’Algérie dans tous les domaines, et à ne pas s’en tenir aux seuls aspects commerciaux.
En chiffres, sur onze années, les exportations de quatre pays de l’Union européenne vers l’Algérie (Allemagne, France, Espagne et Italie), se sont chiffrées à environ 250 milliards de dollars, contre à peine 14 milliards de dollars pour cette première.
La mauvaise application de l’Accord d’association de l’Union européenne a donc, tout naturellement, amené l’État algérien à réclamer sa révision, sur la base du principe gagnant-gagnant. S’exprimant à ce sujet, le président de l’Association des exportateurs algériens, (ALGEX) est formel.
Ali Bey Naceri, qui intervenait ce dimanche 16 août, sur les ondes de la chaîne III de la Radio nationale, a en effet, plaidé, à ce titre, pour la révision du contenu de cet accord, élaboré en 2002, « manquant d’équilibre », à un moment, où l’Algérie était confrontée à une situation politique extrêmement difficile.
Pour réaliser ce rééquilibrage il est surtout question de « revoir » les articles « qui sont pénalisant » pour le partenaire algérien. Pour l’exemple, il s’agit notamment selon le président de l’ALGEX, de l’article 34 relatif à la compensation signifiant que si on protège un produit, on est dans l’obligation de le compenser, « ce qui n’a jamais été fait ».
« En 2010, des suites d’une baisse importante de ses exportations, l’Algérie avait demandé un deal de trois ans, pour rendre son industrie plus compétitive mais, rien n’a été fait. Le partenaire européen n’a pas donné à l’outil algérien l’occasion de se mettre à niveau », a-t-il relevé.
Tout est « revoir »
Ce n’est le seul constat négatif du président de l’ALGEX qui juge comme « pas normal » que le pays importe des produits dérivés de la pétrochimie, relevant au passage son abandon d’un « gros projet », lancé en 2007, produisant pour 10 milliards de dollars et « abandonné peu après ». « Ce n’est pas normal que l’Algérie n’exporte pas des services alors que, notre voisin de l’Ouest exporte pour 8 milliards de dollars et celui de l’Est pour 5 milliards de dollars alors que tout récemment encore, nous importions pour 15 milliards de dollars, entièrement à la charge de l’État », a déploré Ali Bey Naceri. Citant, par ailleurs, « un seul produit », celui de la filière sucre, le président de l’ALGEX a estimé que le pays dispose d’un contingent de 150.000 tonnes/an, exonérées en principe des droits de douane. Or, l’absence d’exonération de ce droit par l’UE s’est soldée par la perte pour le Trésor algérien, de quelque 202 milliards de dollars.
À partir de ce constat, Ali Bey Naceri a recommandé la « renégociation » de l’accord d’association avec l’UE relatif aux produits alimentaires dont l’Algérie, « peut prétendre recevoir des investissements et qui, « pour le moment ne représentent qu’un pour cent de notre production agricole ». « Il est temps de faire un diagnostic stratégique avec l’UE et les experts algériens pour déterminer les secteurs à même de permettre de nous intégrer dans la chaîne des valeurs économiques régionales », a insisté le président de l’ALGEX. Rappelant que l’accord global d’association avec l’Union européenne comporte des volets économiques, mais également politiques, sécuritaires et culturels, Ali Bey Naceri souligne que l’Europe a « tout intérêt » à avoir un partenaire « fort », le partenariat n’étant pas une simple question d’intérêts étroits « de certains pays et de certaines filières ».