Invité ce mercredi-soir de France24 en anglais, le vice président du Parlement européen (PE), Marc Angel, n’y est pas allé avec le dos de la cuiller pour fustiger le Maroc concernant ses nombreuses et gravissimes atteintes aux droits de l’Homme et à la liberté de la presse. Il faut dire que le PE donne l’air d’être résolu à ne plus jamais faire de cadeau au Makhzen depuis l’éclatement du Maroc-gate. La sortie de Marc Angel fait écho à celle de plusieurs dizaines d’eurodéputés, signataires de lmptions exigeant des sanctions fermes et immédiates contre Rabat.
Le PE ne pardonnera jamais au Maroc d’avoir violé un sanctuaire de la démocratie européenne en prenant discrètement le contrôle de son parlement. Pour rappel, le Parlement européen a élu mercredi passé un socialiste luxembourgeois pour remplacer la Grecque Eva Kaili, écrouée dans une affaire de corruption présumée, à la fonction de vice-président de l’institution. Marc Angel, 59 ans, eurodéputé depuis 2019 (groupe S&D, gauche), a été désigné vice-président par 307 voix, la majorité absolue. Eva Kaili est impliquée dans cette affaire de corruption avec son compagnon et l’ex-eurodéputé Antonio Panzeri. Une vingtaine de demeures ont déjà été perquisitionnées par les enquêteurs belges. Des preuves accablantes et d’importantes sommes d’argent y ont été retrouvées.
L’implication du Maroc, via son ambassadeur en Pologne Abderrahim Atmoun et son chef de la DGED, Yacine Mansouri, par ailleurs ami intime et ancien camarade de classe de Mohamed VI, y a formellement été relevée. D’où le mandat d’arrêt international lancé contre ce drôle de maitre espion. En attendant, l’avis de tempête n’est pas prêt d’être levé sur le ciel marocain depuis l’éclatement du scandale Maroc-gate, suivant de peu le recours « industriel » du Makhzen au logiciel espion Pegasus. Une trentaine de députés se montrent en effet prêts à en découdre encore plus sérieusement avec Rabat, en signant une lettre adressée à la présidence du Parlement Européen, et exigeant des sanctions encore plus sévères contre le Maroc. Cette levée de bouclier, qui promet de s’étendre à l’écrasante majorité des quelques 700 membres du PE, est liée au fait que le Maroc-gate jette la suspicion sur l’ensemble des eurodoutes, forcés tous de se justifier. La justice belge, qui n’en est qu’aux prémisses de son enquête, préjuge qu’en sus de la vingtaine d’eurodéputés formellement corrompus par les diplomates et les espions marocains, ce chiffre serait au moins 3 fois supérieur. Le PE est donc tenu de réagir afin de lever les graves suspicions qui pèsent sur lui. Certes, la résolution adoptée ce jeudi par le PE contre Rabat concernant les droits de l’Homme et la liberté de la presse demeure inédite depuis un bon quart de siècle.
Elle demeure toutefois largement insuffisante si les eurodéputés veulent battre en brèche le spectre de la suspicion qui, désormais, pèse lourdement sur eux. Pour ce faire, ils sont tenus d’adopter des résolutions contraignantes (sanctions), à l’endroit du Maroc. Le sujet phare de ces sanctions est comme de juste le Sahara Occidental. La raison en est toute simple : c’est à cause de son entreprise criminelle et coloniale que Rabat corrompt et fait chanter des centaines de diplomates, de parlementaires et d’hommes politiques de par le monde. Le PE est dès lors sommé de réagir comme il se doit. D’autant que le Parlement marocain vient de lui accorder l’occasion de le faire en décidant de « reconsidérer » ses relations avec celui-ci. Il est temps de repartir sur des bases plus saines, plus transparentes, et plus conformes au droit international.
El Ghayeb Lamine