Alors que la judaïsation de Cheikh Jarrah se poursuit : Un jeune palestinien assassiné de balles dans le dos
Un jeune palestinien, accusé par l’armée d’occupation sioniste d’avoir tiré sur une de ses patrouilles, a été assassiné de sang froid par des soldats en Cisjordanie, a-t-on appris de source militaire et auprès du ministère de la Santé palestinien. Mohammed Issa Abbas, 26 ans, est décédé après avoir été atteint par des tirs dans le dos dans le camp de réfugiés d’Al-Amari, à Ramallah, a indiqué le ministère palestinien de la Santé. Les balles reçues dans le dos sont une preuve que le défunt ne menaçait pas du tout ces soldats criminels. Les soldats avaient pénétré dans cette zone « à la recherche de suspects qui avaient été repérés, a assuré de son côté, mais sans grande conviction, l’armée d’occupation, dans un communiqué. Ce lâche assassinat intervient au moment o le vaste projet de judaïsation du quartier emblématique de Sheikh Jarrah poursuit inexorablement son cours. A ce propos, une délégation de la mission de l’Union européenne s’est rendue dans le quartier de Cheikh Jarrah, où un couple de Palestiniens et leurs quatre enfants vivent sous la menace imminente d’être dépossédés de leur bien. Fatmeh Salem, 69 ans, n’en revient toujours pas. Ce jour-là, alors qu’elle se trouvait dans sa maison où elle est née et a toujours vécu, dans le quartier de Cheikh Jarrah à Al qODS-Est, elle a entendu frapper à sa porte. Lorsqu’elle a ouvert, quelle ne fut pas sa surprise de se trouver nez à nez avec le maire adjoint d’Al Qods, Aryeh King. Sans vergogne, celui-ci pointait son téléphone vers Fatmeh et la filmait. Il avait à ses côtés un certain Yosef, fonctionnaire de la municipalité et homme lige de King, affirmant qu’il avait acheté les droits sur cette maison à une famille juive qui vivait là avant 1948 ! « C’est ma maison », aurait-il affirmé toute honte bue en remettant un avis d’expulsion à Fatmeh Salem. « Sérieusement ? » a-t-elle demandé. « Oui, c’est notre maison et nous la récupérerons », a répondu Yosef. Une scène rapportée par le site israélien progressiste +972 et dont le journaliste ajoute : « Notre conversation est interrompue par le bruit venant de l’extérieur. De jeunes juifs anglophones sont arrivés avec des poteaux de clôture en métal. Fatmeh est sortie pour les affronter alors qu’ils commençaient à clôturer un terrain adjacent à la maison, actuellement utilisé comme parking. » Plusieurs résidents palestiniens se sont alors approchés et le ton a commencé à monter. La police est arrivée mais, le parking étant aussi utilisé par des colons qui se sont installés à Cheikh Jarrah, elle en a empêché la clôture. Fatmeh a ensuite déclaré au reporter de +972 : « C’est le début de notre expulsion. » Une heure plus tard, a poursuivi le journaliste, King lui-même est arrivé aux abords de la maison. « Il s’est tenu devant la famille et a dit : “Bientôt il y aura un quartier pour les juifs ici, Dieu merci”, avant de réciter les noms des différents quartiers palestiniens d’Al QODS qu’il a déjà aidé à judaïser. » Aryeh King n’est pas un inconnu. Il avait déjà officié en 2017, lors de la dernière expulsion de Cheikh Jarrah où, avec son organisation, le Fonds foncier israélien (Israel Land Fund), il avait aidé à mettre la main sur la maison de la famille Shamanseh. Fatmeh Salem ne se trompait pas. Elle qui a toujours vécu là et dont la famille a payé le loyer de la maison au gouvernement jordanien depuis les années 1950 (Israël occupe Jérusalem-Est depuis 1967 et l’a annexée en contravention avec le droit international) était susceptible d’être expulsée le 29 décembre, un recours de dernière minute laisse à Fatmeh quelques semaines de répit. C’est la réalité crue des habitants d4Al Qods-Est. Cheikh Jarrah est devenu le symbole de la judaïsation de la ville. Notamment en vertu d’une loi sioniste arbitraire sur les droits fonciers appartenant aux juifs qui vivaient dans la région avant 1948 et peuvent être transférés. Cependant, la loi ne s’applique pas aux Palestiniens qui ont perdu leur maison à Al Qods-Ouest et qui vivent maintenant à Al Qods-Est : ils ne sont pas autorisés à réclamer leurs maisons. Et, dans le cas de Cheikh Jarrah, les titres originaux de propriété de familles juives n’ont jamais été retrouvés, y compris à Istanbul dans les archives de l’Empire ottoman.
Rafik Bakhtini