Amar Tribèche, réalisateur à la Patrie news : « Enfant, j’ai fabriqué un petit cinématographe »
Réalisateur prolifique pour la télévision et le cinéma, Amar Tribèche se livre, dans cette interview, avec spontanéité. Il parle de ses passions, de ses débuts d’une carrière de plus de 40 ans, de ses rêves non encore concrétisés…
Propos recueillis par
Adila Katia
La Patrie news : Pouvez-vous vous présenter, nous raconter quand et comment vous êtes arrivé à la Télévision Algérienne ?
Amar Tribèche : Je suis un enfant de novembre, né en 1953. C’est en tant qu’élève à l’école primaire d’El-Harrach que je découvris le cinéma. Après le repas de midi nous avions droit à une projection cinématographique. C’est là que je découvris Mickey Rooney et Charlie Chaplin. A la maison, j’avais fabriqué un petit cinématographe et je projetais des photogrammes sur le mur…
A l’indépendance, les salles de cinéma étaient nombreuses à Alger et il ne se passait pas une semaine où je n’allais pas à la projection d’un film !
Après le lycée, suite à un concours national d’entrée à la Radiodiffusion Télévision Algérien (RTA) auquel je fus reçu. J’abandonnai mes études de droit et je fis partie de la première formation dans la réalisation au centre de formation de la télévision. J’y ai réalisé plusieurs émissions, reportages et documentaires…
C’est à l’ENPA que je réalisai mon premier film « Le grand prix » qui obtint le prix Targa Anika au festival International de Salerne (Italie). Puis s’ensuivirent plusieurs autres films dont « Imraatane » (Deux femmes) et « Aila Kines » (Une famille comme les autres)… J’ai réalisé 11 feuilletons pour la télévision !
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Toutes mes œuvres s’inspirent de la réalité algérienne, surtout populaire, étant moi-même un enfant des quartiers populaires… Ce qui m’a toujours animé, étant un enfant de novembre, c’est l’amour de mon pays, l’Algérie. Même durant la décennie noire, je ne me suis jamais arrêté de réaliser des films, seule chose que je pouvais faire pour accompagner mes concitoyens dans leur douleur…Vive l’Algérie, souveraine et éternelle, Gloire à nos Martyrs !
Depuis 2019, vous êtes commissaire du Festival Culturel National du Film Amazigh, pouvez-vous nous en dire plus ?
J’organise des ateliers de formation cinématographique pour pallier le déficit dans ce domaine. Pour apporter ma pierre à la Culture, j’invite des conférenciers, réalisateurs, journalistes, écrivains… Je remercie infiniment Madame Nabila Gouméziane, Directrice de la culture de Tizi-Ouzou qui m’a toujours soutenu dans ma tâche !
Quel est votre regard sur la production en Tamazight, films et feuilletons, sur son avenir.
Un film en Tamazight est un film à part entière, qui ne se différencie pas d’un autre film ! Tamazight est une langue officielle qu’il ne faut pas singulariser ! Il y a beaucoup de films en Tamazight et en Arabe qui sont faits par de jeunes indépendants. Etant commissaire du Festival du film Amazigh, je suis bien placé pour le savoir au vu des films qu’on reçoit tous les jours ! Présent dans d’autres jurys, il en est de même pour les films en langue arabe ! L’audiovisuel, dans notre pays, a de beaux jours devant lui ! Monsieur le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, est le premier président qui a parlé du cinéma algérien et c’est un devoir que de lui répondre que nous sommes présents et de nous adresser directement à lui, à travers tous les médias confondus, pour tous soucis, problèmes qui freinent la production et pour toutes suggestions qui vont dans le sens de sa construction !
Après plus de 40 ans, à réaliser et créer de films et feuilletons pour le bonheur de tous les Algériens, avez-vous encore des projets ?
Des projets, j’en ai tout le temps. Certains voient le jour et d’autres, non… Réaliser un film ne dépend pas malheureusement de la seule volonté du réalisateur, comme dans tous les pays d’ailleurs ! Quand un film est réalisé, c’est presque un miracle !
Quels conseils donnez-vous à la nouvelle génération de réalisateurs ?
Le premier conseil est d’être sûr qu’ils sont aptes aux métiers du cinéma car ils devront s’y engager totalement. Cela demande beaucoup d’endurance et de sacrifices. Le deuxième est de se former et d’être à la page.
Après avoir donné votre vie à la culture, qu’espérez-vous ?
Le rêve de tous les artistes est la création d’un syndicat des cinéastes qui les unit et défend leurs droits qui, jusqu’à aujourd’hui, sont spoliés…
A.K