Annoncé par nous en date du 5 janvier : Rabat va faire chanter Tel-Aviv sur le Sahara Occidental
Immuables, viles et basses les méthodes utilisées par la diplomatie marocaine recourent systématiquement au chantage et à la corruption. Le scandale planétaire du Maroc-gate ne semble d’ailleurs pas le handicaper dans ses méthodes mafieuses. Tant s’en faut. C’est, du reste, ce que nous annoncions en exclusivité dès le 5 de ce mois, avant que la presse toute entière ne s’en empare pour en faire les gorges chaudes. Le 9 janvier, lors de la réunion préparatoire du sommet du Néguev, second du nom, le Maroc, deux ans après les accords de normalisation avec l’entité sioniste, devrait demander à son nouvel allié et complice dans la répression et la colonisation des peuples sahraoui et palestinien, de reconnaître la “marocanité” du Sahara occidental. Cette forme de chantage bien connue chez les diplomates marocains, intervient au moment où l’extrême droite vient d’arriver au pouvoir dans l’État hébreu, ce qui arrange grandement les « affaires » du « commandeur des croyants » et « président de la commission Al Qods ». En décembre 2020, un deal trouvé par l’administration Trump avait permis l’établissement de relations fortes entre le Maroc et l’entité sioniste en échange de la reconnaissance illégale par Washington de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Depuis, les relations semblent au beau fixe. Ainsi, ces 9 et 10 janvier, les Émirats arabes unis accueillent la réunion préparatoire de la seconde édition du forum du Néguev, qui devrait se tenir au Maroc au printemps 2023. Mais selon les révélations d’Axios, le site d’information américain, le Maroc s’apprête à demander à l’entité sioniste de reconnaître de manière claire et officielle la prétendue “marocanité” du Sahara occidental. Jusqu’à aujourd’hui, le Maroc dispose uniquement d’un “bureau de liaison” à Tel-Aviv. Régulièrement, ces derniers mois, les autorités marocaines insistaient sur la nécessité de reconnaître le Sahara occidental comme territoire marocain à chaque fois que leurs homologues soulevaient la question de l’ouverture d’une ambassade. Selon des sources diplomatiques israéliennes citées par Axios, le Maroc use de la question du Sahara occidental comme “prétexte” pour ne pas installer une ambassade à Tel-Aviv. Toujours selon des responsables de l’entité sioniste, le nouveau gouvernement mené par Benyamin Nétanyahou n’aura probablement aucun mal à accéder à la demande de Rabat. Il serait même possible que le nouveau chef du gouvernement de l’entité sioniste effectue une visite dans le royaume dans les mois qui viennent. La normalisation avec l’entité sioniste a toutefois permis au Maroc de conclure un accord, en novembre 2021, pour l’acquisition de drones sophistiqués, avec lesquels il se livre régulièrement à de criminels actes de terrorisme d’Etat contre des civils sahraouis, mauritaniens et même algériens, au niveau des territoires libérés. Par ailleurs, un récent sondage montre que seuls 31 % des Marocains, voire beaucoup moins, sont favorables à la normalisation, rapporte The New Arab. D’où certaines prédictions qui annoncent une imminente chute du régime alaouite à cause de cette criminelle normalisation. Quatre responsables de l’entité sioniste directement impliqués dans le dossier ont indiqué au site que Rabat a soulevé cette question à plusieurs reprises lors de réunions avec des responsables sionistes au cours des derniers mois. Lors d’une visite au Maroc en juin dernier, Ayelet Shaked, alors ministre de l’Intérieur, avait déclaré aux médias locaux que l’entité reconnaissait la souveraineté marocaine sur le Sahara. Mais le ministère sioniste des Affaires étrangères avait rapidement atténué la portée des propos de Shaked, indiquant que “le plan d’autonomie du Maroc pour le Sahara est un développement positif.” Plusieurs semaines plus tard, selon Axios, le ministre de la Justice de l’époque, Gideon Sa’ar, en visite au Maroc, avait lui aussi publiquement affirmé que le Sahara faisait partie du Maroc, avant que le ministère des Affaires étrangères intervienne à nouveau, prenant ses distances avec cette déclaration et réitérant une position plus nuancée. En fait, cette prudence sioniste n’a rien à voir avec un quelconque souci de respecter la légalité internationale. L’entité sioniste, Etat criminel et terroriste assumé, s’en soucie fort peu. En effet, même les monarchies du Golfe reconnaissent cette prétendue souveraineté marocaine, comme l’avait fait Donald Trump quelques jours avant la fin de son mandat présidentiel. En effet, l’entité sioniste, très forte elle aussi dans les manœuvres de coulisses marocaines, cherche sans doute à obtenir le maximum de concessions en échange de cette reconnaissance. Il semble ainsi que même l’obtention d’une base militaire sioniste à nos frontières, ainsi que sa promesse d’entrée à l’UA en tant qu’observateur n’aient pas suffi à satisfaire l’inextinguible chantage de l’entité sioniste. Ce que veut l’entité sioniste, nous révèlent des sources diplomatiques, c’est que le roi marocain convainc ses amis souverains des monarchies du Golfe pour qu’ils acceptent un plus grand élargissement des accords d’Abraham, jusques-y compris à l’Arabie Saoudite. Benyamin Netanyahu et son chef de la diplomatie, Eli Cohen, n’en font d’ailleurs pas secrets. L’enjeu actuel et immédiat est de faire en sorte que ce futur sommet du Néguev n’ait pas lieu dans les territoires occupés sahraouis, plus précisément à Laâyoune ou Dakhla.
El Ghayeb Lamine