Depuis le début de l’année 2021, le monde assiste à l’émergence d’un nouveau cycle haussier des prix des hydrocarbures, en plus des
mutations profondes, induites par les évolutions technologiques, qui pourraient affecter durablement la production du pétrole et du gaz.
Pour Ismail Gherbi, de l’Ecole Supérieur de Commerce, ce «nouveau super cycle pétrolier ne saurait durer, en raison de deux facteurs
importants, à savoir ; la baisse des investissements depuis 2014, et
par conséquent une capacité de plus en plus limitée des producteurs de
pétrole à faire face à la demande». Cette dernière, explique-t-il, « même si elle a été impactée par des facteurs conjoncturels, les
éléments permanents pourraient suggérer que la demande mondiale de ces énergies poursuivra son augmentation».
Enchaînant, l’universitaire souligne que «les impacts des évolutions technologiques sur la demande, à travers le développement des voitures
électriques, mais aussi sur l’offre, en matière, de développement de sources alternatives non conventionnelles, gaz de schistes notamment,
permettent de dessiner des perspectives plutôt sombres pour le pétrole, mais beaucoup moins défavorables pour le gaz naturel sur le
moyen et le long terme». Une situation qui permettra à l’Algérie de «jouer un rôle important en matière d’approvisionnement mondial en
gaz, si les investissements et les réformes requis sont engagés dans les meilleurs délais». Dans le même ordre d’idées, M. Gherbi indique
que «nous assistons depuis plusieurs années déjà, à l’émergence des énergies renouvelables et propres, et à un intérêt de plus en plus
croissant de la part des principales économies mondiales à la question de la substitution des énergies fossiles par des énergies moins
polluantes : les constructeurs de voitures semblent être à l’avant-garde de cette nouvelle tendance mondiale à travers le développement de moteurs électriques de plus en plus performants».
Prenant l’exemple du marché de voitures électriques aux États Unis d’Amérique, l’universitaire indique qu’il «devrait évoluer de 160% entre 2020 et 2026, et passe ainsi d’environ 400 mille véhicules en 2020 à plus de 1,3 millions en 2026». La montée en puissance effrénée
de la production de véhicules électriques «n’est cependant pas sans risques». En effet, «cela pourrait entraîner une offre supérieure à la
demande, ce qui entraînerait des faillites de constructeurs automobiles ». Cela dit, «la fabrication de masse devrait finir par
rendre le prix des voitures électriques attractif, et une flambée des prix du pétrole accélérerait la conversion aux véhicules électriques
». Ce dernier super cycle des prix du pétrole «sera cohérent avec les objectifs climatiques et associé aux engagements des grandes économies
de zéro émission nette de carbone à moyen terme».
Mohamed Ait S.