Armée populaire de libération sahraouie: La victoire ou la mort !
L’armée populaire de libération sahraouie (APLS) est l’appellation officielle des forces armées de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Sa création remonte au congrès fondateur du Front Polisario qui s’est tenu le 10 mai 1973, son objectif principal est la fondation d’un état indépendant dans le Sahara occidental, et son chef suprême est le secrétaire général du Front Polisario.
Et l’histoire nationaliste des Sahraouis ne pourrait en aucun cas être résumée dans le conflit l’opposant aux troupes des Forces armées royales marocaines (FAR). Bien avant, pas encore structurés en l’actuelle Armée populaire de libération du Sahara (ALPS), les combattants sahraouis se sont révoltés contre les espagnoles, les Mauritaniens. Au lendemain de la création de la RASD (République Arabe sahraouie démocratique), le 27 février 1976 par le Front Polisario, à Bir Lehlou, les combattants sahraouis attaquent les forces marocaines et mauritaniennes par des incursions éclairs (guérilla).
C’est le début d’un long parcours pour l’indépendance. Un long chemin parsemé par toutes formes de brutalités marocaines, de complicités françaises mais aussi de la bravoure des combattants sahraouis.
Un cessez-le-feu entre les deux parties avait été signé en 1991. En compagnie de Mohamed Lehbib El Ouali, un ancien combattant de l’ALPS, nous avons remonté le temps jusqu’au premiers instants d’un conflit qui aurait causé la mort de plus de 16 000 personnes. Un vrai parcours de…combattants. Malgré son âge quelque peu avancé (64 ans) Mohamed Lehbib s’en souvient parfaitement. Nous l’avons rencontré dernièrement dans la wilaya de Boudjedour et sur insistance de l’un de ses compagnons d’armes, aujourd’hui cadre de la Gendarmerie sahraouie qu’il s’est fié à nous.
D’emblée, il rappelle que la tactique du Polisario, est très simple, « elle compte sur sa mobilité et sa connaissance du terrain également appelée rezzous, elle consiste à attaquer grâce à des colonnes rapides des postes militaires, villes et de se replier le plus rapidement possible.
« A l’époque, on n’avait pas une véritable armée comme connue de nos jours. C’étaient juste quelques combattants pas du tout formés. Notre seule motivation était la hantise de défendre à tout prix la terre ancestrale. Le peu d’armes dont on disposait nous parvenait des attaques que nous menions contre les troupes espagnoles et des troupes mauritaniennes et marocaines par la suite » a-t-il encore précisé.
Pour lui, ce n’était pas vraiment fameux, puisque ce n’était que quelques uniformes, des fusils et de munitions et des voitures mais « le désir de l’indépendance faisait de lui et de ses compagnons d’armes, les maîtres des terrains ».
« Pour tous les combattants sahraouis, l’exemple n’était que celui des valeureux Moudjahidines algériens ayant défié l’une des plus puissantes armées de ses temps (armée française) et arraché l’indépendance de l’Algérie au prix fort. Les débuts n’ont pas été certes faciles, mais les choses ont évolué positivement durant les 15 ans qu’aura duré le conflit», a-t-il encore ajouté avant de marquer un temps d’arrêt.
« Dur, c’est vraiment dur de repenser à toute cette période. Sur le front, il nous parvenait des échos des populations séquestrées, massacrées, des femmes violées, des enfants maltraités et aussi des ressources naturelles sahraouies spoliés par les Marocains sous la bénédiction de cette France qui ne cesse pourtant jamais de prôner les droits de l’Homme dans le monde. Les choses auraient pu être plus dramatiques si ce n’est cette Algérie qui nous a accueillis à bras ouverts. Cet état des faits n’avait qu’effet catalyseur sur les esprits des combattants sahraouis. Il ne se passait pas une journée sans que nous n’infligions une bonne correction aux troupes des FAR. Chose qu’a contraint le Maroc, avec l’aide cette fois-ci d’Israël à ériger un mur de sable de prés de 2700 mètres qui divisait le Sahara Occidental en deux parties », a en outre soutenu notre interlocuteur qui se « reconverti » le temps de quelques minutes en un historien.
Des journées longues et des nuits à la belle étoile
Mohamed Lehbib El Ouali continue son « voyage dans l’Histoire ». Il nous rappelle ainsi quelques moments de « la Guerre pour la Dignité ». Le territoire du Sahara Occidental est essentiellement désertique. Pour les combattants sahraouis.
Difficile d’y circuler sans se faire repérer par les avions français mis à profit des FAR. «Pour nous, les combattants, la vie sur le front n’a pas été du tout facile. On avait en face de nous une armée marocaine qui disposait de tous les moyens et secondée par l’aviation française. Ajouter à cela les conditions de vie de ce côté de la Terre connue pour ses températures trop élevées en période estivales et le froid glaciale qui piquait jusqu’au os en hiver.
Les nuits étaient longues. On les passait à la belle étoile et dans la crainte d’être surpris à tout moment », a-t-il affirmé.
Et de poursuivre : Il nous arrivait parfois de ne prendre qu’un repas par jour. Il était fait à base de semoule, de l’eau et de l’huile d’olive. La viande, on ne la croisait que rarement. Le M’Rifis (appellation locale) était le plat le plus répandu parmi nous. On manquait cruellement de provisions et de l’eau que nous cherchions dans des endroits précis. Notre seul compagnon était le thé que nous préparions de nous-mêmes. Cette situation n’aura duré fort heureusement, que quelques années puisque par la suite, conscients de la justesse de notre cause, des pays comme (…..) sont venus apporter toute l’aide dont avait besoin les combattant sahraouis qui commençaient à acquérir une certaine expérience mais aussi se structurer dans l’actuelle ALPS.
« Et c’est à partir de là que les succès s’enchainaient. Dans l’entourage de Hassan II, l’on n’a jamais caché les craintes quant à la détermination des combattants sahraouis. Les noms de l’actuel SG du Poliraio et président de la République Brahim Ghali, feu Mohamed Abdelaziz, Mohammed Bassiri, Mustapha El Ouali Sayed, Bachir Moustapha Sayed, Lahbib Ayoub, Omar Hadrami, Mahfoud Ali Beiba, Mohamed Lamine Ould Ahmed et Mohamed Lamine Ould Bouhali (ancien ministre de la Défense) faisaient trembler tous les généraux et autres officiers supérieurs des FAR. Nos valeureux guerriers étaient toujours prêts à frapper à tout instant et n’importe où », a-t-il soutenu.
Pour la sauvegarde de la mémoire collective
Comme bon nombre d’institutions sahraouies, le musée national sahraoui de la résistance se trouve dans les camps des Refugiés sahraouis de Tindouf (à Rabouni plus précisément). Répartis en plusieurs salles, le musée a pour objectif premier « la sauvegarde de la mémoire collective sahraouie en retraçant le grands moments de la guerre de l’indépendance. Dans la cour principale du dit musée, du matériel militaire dont des tanks, des véhicule de transport de troupes, des canons à longues portée et des véhicules militaires légers «récupérés de l’ennemi » témoignent de la férocité des combats entre le Polisario et les FAR.
La première aile jouxtant l’entrée principale, une spacieuse pièce est dédiée au chemin parcouru, depuis sa proclamation de la RASD. Un gigantesque tableau remémore les premiers Etats l’ayant reconnue depuis 1976. Des photographies en noir et blanc retracent également « les moments les plus durs des révolutionnaires sahraouis ». La fameuse Land Rover et le dromadaire sont omni présents. L’hymne national sahraoui et toutes les chansons révolutionnaires sont aussi fièrement transcrits sur des écriteaux. Les héros sahraoui ont également leur part dans le musée puisque on y retrouve des photographies du fondateur de la RASD, de ses compagnons et de tous ceux et celle ayant gravé leurs noms en lettre d’or dans l’Histoire d’un peuple « qui aspire toujours à son indépendance ».
A l’intérieur, soigneusement sauvegardés, des documents officiels au sigle du Royaume du Maroc et signés par « sa majesté le Roi Hassan II » sont pour la plupart des « Ordres de Missions » « Des Plans de Batailles », et aussi « Plans de restructuration des Armées » sont présentés comme « des preuves formelles des révères subis par les FAR durant le conflit » puisque « récupérés lors des différentes offensives » nous explique notre guide.
En sillonnant le musée, on ne peut, ne pas constater la présence de dizaine de « cartes d’identités militaires » de simples soldats ou d’officiers marocains et mauritaniens « capturés» ou « tués ».
Le conflit en quelques dates
Le conflit entre le Polisario et le Maroc a été marqué par des dates mémorables en 16 ans d’affrontements armés jusqu’en 1991, date de la signature d’un cessez-le feu. 1976, du 27 au 29 janvier, c’est la première bataille D’Amgala. Deux semaines plus tard, le 14 février, le Polisario, attaque les troupes marocaines et reprend Amgala. Cette deuxième bataille d’Amgala est la dernière bataille juste avant une guerre sans front et une guerre d’embuscade entre les principaux belligérants qui sont le Maroc et le Front Polisario. Le 27 février 1976 le Front Polisario, proclame la République arabe sahraouie démocratique (RASD) à Bir Lehlou au lendemain du retrait de l’armée espagnole du territoire. Les partisans du Front Polisario attaquent les forces marocaines et mauritaniennes par des incursions éclairs (guérilla). Des milliers de Sahraouis fuient la guerre et partent s’installer dans des camps à Tindouf fuyant. Le 21 janvier 1976, l’armée de l’air marocaine perd un avion, un Northrop F-5 de fabrication américaine, près d’Aïn Ben Tili et trois jours plus tard, le poste tombe aux mains du Polisario. Les Mauritaniens le reprennent le 14 février. Le 24 avril 1976, Le Polisario réussit à lancer plusieurs tirs de mortier dans le centre d’El Ayoun. Le 9 juin, El Ouali, le fondateur du Polisario, meurt lors d’un raid sur la capitale mauritanienne. Il est remplacé par Mohamed Abdelaziz.
Le 23 novembre 1977, la France lance l’opération Lamentin, qui décide le bombardement de trois positions du Polisario en Mauritanie et commence à aider également les troupes mauritaniennes. La RASD est membre de l’Union Africaine depuis 1982. Les derniers combats significatifs auront lieu à Gueltat Zemmour, en octobre 1989, en janvier et en novembre 1990 où le Polisario laissera près de 100 morts sur le terrain. En novembre 1989, le roi Hassan II reçoit une délégation du Polisario. La paix des braves n’aura pas lieu, le Polisario persistant à revendiquer l’indépendance alors que le Maroc ne veut accorder qu’une autonomie interne. Le combat continue.
M.M.H.