Arménie-Azerbaïdjan : des combats font au moins 39 morts en vingt-quatre heures
Les combats se poursuivaient ce lundi 28 septembre, au matin entre les forces arméniennes et azerbaïdjanaises dans la région séparatiste du Haut-Karabagh, où les autorités ont annoncé 15 morts supplémentaires dans leurs rangs, rapportent des médias. Au total, selon le ministère de la défense des séparatistes, le bilan s’élève à 39 morts, dont sept civils, depuis dimanche matin et le début des combats.
L’Azerbaïdjan n’a pas annoncé ses pertes militaires. Le bilan pourrait être bien plus lourd cependant, les deux camps clamant avoir infligé des centaines de pertes à l’adversaire, et diffusant des images de blindés détruits notamment.
Le ministère de la Défense du Karabakh a par ailleurs indiqué avoir regagné des positions perdues la veille, mais l’Azerbaïdjan a au contraire affirmé avoir fait de nouveaux gains territoriaux.
Les forces armées azerbaïdjanaises « frappent les positions ennemies avec des roquettes, de l’artillerie et l’aviation […] et ont pris plusieurs positions stratégiques aux abords du village de Talych. L’ennemi recule », a affirmé le ministère de la Défense de ce pays du Caucase qui a dépensé sans compter en armement ces dernières années grâce à sa manne pétrolière.
Après des semaines de rhétorique guerrière, l’Azerbaïdjan a dit avoir lancé une « contre-offensive » majeure en réponse à une « agression » arménienne. Elle use de son artillerie, de blindés et de bombardements aériens sur cette province. Elle lui échappe depuis la chute de l’URSS (Union des républiques socialistes soviétiques) au début des années 1990 et une guerre qui a fait 30 000 morts, laissant le Karabakh sous le contrôle des séparatistes, soutenus par l’Arménie.
Le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a accusé son ennemi historique d’avoir «déclaré la guerre au peuple arménien » tandis que le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a promis de « vaincre ». Entre les deux, les hostilités risquent de faire encore des victimes et s’inscrire dans la durée.
La Turquie a choisi son camp
Ces combats, les plus meurtriers depuis 2016, ont provoqué l’inquiétude internationale, l’Organisation des Nations unies, la Russie, la France et les Etats-Unis appelant notamment à un cessez-le-feu immédiat alors que la Turquie a signifié son soutien total à l’Azerbaïdjan, mais l’Arménie l’a accusée d’ingérence politique et militaire dans le conflit.
Le ministre turc de la Défense cité par l’AFP, a en effet, annoncé qu’Ankara allait soutenir l’Azerbaïdjan « avec tous ses moyens », appelant l’Arménie à « cesser son agression ».
Le ministre turc de la Défense a affirmé dimanche 27 septembre qu’Ankara allait soutenir l’Azerbaïdjan « avec tous ses moyens » et a appelé l’Arménie à « cesser son agression », à la suite des violents combats au Nagorny-Karabakh.
« Nous allons soutenir nos frères azerbaïdjanais avec tous nos moyens dans leur lutte pour protéger leur intégrité territoriale », a déclaré Hulusi Akar dans un communiqué. « La plus grave menace à la paix et à la stabilité dans le Caucase est l’agression menée par l’Arménie, et elle doit cesser. Cette agression risque de mettre le feu à la région », a-t-il ajouté.
La Turquie accuse l’Arménie d’avoir « violé les lois internationales »
Le porte-parole de la présidence turque Ibrahim Kalin a « fermement » condamné les affrontements au Karabakh et affirmé que l’Arménie avait « une nouvelle fois violé les lois internationales et montré qu’elle ne souhaitait pas la paix et la stabilité ». Il a appelé sur Twitter la communauté internationale à « dire non à cette dangereuse provocation ». « L’Azerbaïdjan n’est pas seul, il a le soutien total de la Turquie », a-t-il ajouté.
Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu a eu dimanche un entretien téléphonique avec son homologue russe Sergueï Lavrov et les deux hommes ont évoqué « l’agression arménienne », a indiqué une source diplomatique turque, sans donner plus de détails.
De son côté, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a mis en garde contre l’ingérence « agressive » de la Turquie dans les combats en cours. « J’appelle la communauté internationale à utiliser tous les moyens existants pour empêcher l’ingérence turque, qui peut déstabiliser une fois pour toutes la région » du Caucase, a-t-il déclaré dans une adresse télévisée, disant son inquiétude face au « comportement agressif » d’Ankara en soutien à Bakou.