Asma, étudiante algérienne rapatriée d’Ukraine : « Tout a basculé en une nuit»
La guerre qui s’est déclarée en Ukraine a induit une situation dramatique au sein des étudiants étrangers.
Contraints à quitter précipitamment les territoires envahis par l’armée russe en pleine année universitaire, ils se trouvent aujourd’hui plongés dans l’incertitude la plus totale, livrés au bon vouloir des universités, étrangères le plus souvent, qui accepteraient une équivalence.
Les ressortissants algériens inscrits dans les universités ukrainiennes ne sont pas en reste. Comme le reste des étudiants venus chercher des diplômes dans ce pays, ils vivent dans le doute d’un avenir désormais incertain.
Ce dimanche, nous avons rencontré Asma, jeune étudiante récemment rapatriée sur Alger.
Elle évoque ses études abandonnées à l’université de Médecine d’Odessa, la rupture brutale avec un rythme de vie qu’elle s’était construite durant trois années et bien sûr sur ses appréhensions pour le reste à venir.
« Je ne sais pas si se sera possible de revenir à Odessa, reprendre mes études, j’aimerais bien le faire, mais là bas la guerre est déclarée, ce qui se passe est horrible, mes amies et moi n’avons même pas eu le temps de ramasser toutes nos affaires, nos familles insistaient pour qu’on parte au lendemain de l’invasion russe, nous n’avons même pas eu le temps de réagir ou de réaliser ce qui arrivait, tout a basculé en nuit ».
Inscrite à l’université de médecine de cette ville, elle a comme amis de nombreux compatriotes avec qui elle a tissé des liens parfois étroits, mais aussi des ukrainiens « nos voisins qui se sont montrés si accueillants durant tout notre séjour », dit-elle.
Asma figure parmi les premiers ressortissants algériens ayant passé les frontières polonaises au lendemain de la guerre.
« C’était horrible, indescriptible, j’avais très peur de ne pas arriver, je suis encore traumatisée par le bruit des bombardements qu’on entendait au loin, j’ai vu des familles entières délaisser leur maisons, leurs biens, on est quand même arrivés au bout de trois jours de voyage, mais une fois rentrée à Alger, j’ai réalisé que ma vie d’étudiante s’était arrêtée, j’ignore tout de ce que doit faire à présent ».
Beaucoup se trouvent aujourd’hui dans les mêmes conditions, la même incertitude, la même peur de l’avenir…
A l’inverse de cette jeune fille, d’autres étudiants algériens ont préféré regagner d’autres capitales étrangères pour tenter leur chance.
Des témoignages recueillis auprès de plusieurs personnes rapatriées d’Ukraine nous font savoir que ces derniers ont préféré se rendre en Allemagne « où ils essaient de s’inscrire dans des université pour poursuivre leurs études ».
Il s’agit principalement de jeunes pouvant compter sur des membres de leur famille ou des amis établis dans ce pays. D’autres attendent toujours en Pologne ou en Roumanie, espérant une décision qui leur permettra d’intégrer des universités sur place.
« Ils ont le statut de réfugiés venus d’Ukraine, les autorités polonaises ou roumaines ont fait preuve d’une grande solidarité avec tous ceux qui ont fui la guerre, beaucoup espèrent que cette solidarité prendra d’autres formes comme celle de faciliter l’inscription des étudiants dans les universités », commente Asma. Elle nourrit aussi cet espoir.
« C’est vrai que pour le moment je ressens vraiment le besoin de me reposer, de me sentir en sécurité, mais je reste en contacte avec tous ceux qui sont resté là bas, à l’étranger, et je pense que très vite je les rejoindrais pour finir mes études si cela est possible, je ne vais pas gâcher trois années de ma vie passées à étudier ».
Sa famille fait pression pour qu’elle reste à Alger. Un dilemme que la jeune étudiante doit à présent trancher.
Amel Zineddine