Association Ain-Taftika d’El Eulma
La relance des activités culturelles en ligne de mire
En plus d’être, aujourd’hui, une plaque tournante du commerce en Algérie, voire un pôle économique incontournable, la daïra d’El-Eulma recèle des potentialités énormes et des richesses naturelles, historiques et culturelles, qui devraient être redynamisées et exploitées de manière à valoriser la ville.
Conscient de la lourde responsabilité qui l’attend pour redorer le blason de sa ville, le président de l’association Ain Taftika, en l’occurrence Lachref Bouguerche, croit dur comme fer que son association, avec la contribution de tous les acteurs de la société, peut relever ce défi.
Créée le 22 juillet 2013, cette jeune association a réussi depuis à reconstruire le secteur culturel et à refonder la politique culturelle d’El- Eulma.
« Nous travaillons bénévolement dans le but d’inciter les gens à s’impliquer davantage dans les activités culturelles, et cela, à travers le théâtre, la musique, les arts plastiques, et tout ce qui est mouvement culturel. Nous avons un programme très riche.
Nous arrivons à organiser deux à trois activités mensuellement. Nous avons organisé récemment un festival de la littérature et de l’innovation, à El-Eulma, un événement qui a vu la participation de quinze wilayas.
Cela dénote l’importance des événements que nous organisons. Certes, nous sommes une association culturelle locale, mais nos activités revêtent de plus en plus des aspects nationaux », se félicite Lachref Bouguereche que nous avons accueilli au niveau de notre siège à Alger.
Toutefois, pour pouvoir organiser et diversifier ses activités, l’association Ain Taftika, aura besoin d’aides financières qui lui permettront d’être à la hauteur de ses engagements. « Je tiens à remercier notre APC, à leur tête le P/APC pour son soutien et son aide financière, sans oublier également l’aide du ministère de la Culture, ce qui nous incite à plus de motivations pour aller très loin dans nos objectifs », tient à préciser notre interlocuteur.
« La démolition, en 2011, de l’école qui portait le nom des trois frères martyres Dardar, nous a poussée à créer cette association, pour sauvegarder le théâtre et stopper toutes tentative de démolition de nos édifices historiques », souligne Lachref Bouguerche, également professeur de l’enseignement moyen.
Il convient de savoir que la ville d’El Eulma était une source d’activités culturelles. L’histoire de la culture au niveau de cette ville remonte au XIXe siècle, à travers les œuvres de Mohamed Belmouffok. « Il était le père spirituel du théâtre à El Eulma, c’était en 1918.
Il a créé en 1927 une troupe musicale, composée d’El Haouizi, El Malouf, et d’Al Andaloussi. En 1935 il a été expulsé par les Français de la ville d’El Eulma, vers Remchi. Après l’indépendance, il rentre à sa ville natale Guelma, où il décède en 1977.
L’autre personnalité qui a marqué l’histoire de cette ville, c’est Mohamed Lamine Debaghine, membre de PPA en 1940, Messoud Zegar, et Djilani M’barek, cofondateur de l’UGTA. C’est lui qui a représenté les travailleurs algériens en Chine en 1957-58 avec Mao Tsé-toung, le Chef historique de la révolution chinoise », rappelle M. Bouguereche.
Les origines de Ain-Taftika
Notre interlocuteur estime que sa ville est devenue le berceau de l’humanité, et pour preuve, les différentes découvertes du professeur Mohamed Sahnouni, au niveau du site Ain Boucherit. « Des traces de présence humaine datées de 2,4 millions d’années ont été découvertes dans cette région.
A cet effet, nous allons organiser un symposium, en présence de chercheurs et d’archéologues dont le professeur Sahnouni. L’objectif est de créer un tourisme scientifique au niveau de cette région. Toutefois, pour la réalisation de ce programme sur le terrain, nous avons besoin des aides des autorités concernées », nuance-t-il.
Créé par décret impérial du 26 avril 1862 alors que le maréchal Pélissier était gouverneur général de l’Algérie, ce centre dénommé « Ain Taftika» groupait quarante « feux » installés près de cette source où il existait trois endroits bien distincts : le premier servait aux lavandières, le deuxième pour l’approvisionnement en eau potable, et enfin le troisième servait d’abreuvoir pour les animaux.
A ce vocable de « Ain Taftika » d’origine berbère qui signifiait « source décousue » et désignait cet endroit se substituera le nom de Saint-Arnaud en mémoire du général Achille le Roy dit Saint-Arnaud qui assura le commandement de Constantine en remplacement du Général Herbillon.
Au fil du temps le nom de « Ain Taftika » s’estompa, tout comme « la source décousue » au débit irrégulier qui disparut sous les remblais sur lesquels fut construite l’école Clemenceau plus connue par les Saint-Arnaudiens sous le nom d’« école bleue ».
A cet emplacement, il n’existait aucune agglomération mais seulement quelques chaumières ou gourbis.
La presse de l’époque annonçait cette création à ses lecteurs dans les termes suivants : « Par décret en date du 26/04/1862 il a été créé dans le département de Constantine au lieu-dit « Ain Taftika » sur la route de Constantine à Sétif et à 28 kilomètres de la dernière de ces deux villes, un centre de population de quarante feux qui prendra le nom de Saint-Arnaud. Un territoire agricole de 2.936 ha 99 ares et 57 centiares est affecté à ce centre de population».
Yahia Maouchi