Attaques aux drones marocains : L’ONU botte en touche…
Stéphane Dujaric, le porte-parole du SG de l’ONU, a eu une réaction à tout le moins anecdotique et troublante s’agissant des attaques aux drones répétées opérées par le Maroc dans les territoires libérés sahraouis. Il a prétendu en effet n’en avoir aucune connaissance, ce qui est assimilable à une sorte de grossier mensonge dont on saisit mal la portée et les mobiles. Ces actes, assimilables à du terrorisme d’Etat, et qui ne resteront certainement pas impunis comme l’a martelé Alger à deux reprises, ne peuvent donc avoir été ignorés par Antonio Guterres. Non plus par le conseil de sécurité.la MINURSO dont le rôle est d’aider à tenir le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui et de s’interposer entre les forces armées du front Polisario et l’armée d’occupation marocaine, ne pouvait raisonnablement être dans l’ignorance des attaques terroristes du Maroc menées contre des civils désarmés et formellement identifiés. La MINURSO, de même que Staffan de Mistura, l’envoyé spécial du SG de l’ONU pour le Sahara Occidental, sont censés avoir fourni un rapport circonstancié aux membres du conseil de sécurité. Ils ne pouvaient dès lors être dans l’ignorance des attaques terroristes marocaines. D’autant qu’Alger a dû en saisir officiellement l’ONU en vue de revendiquer les sanctions idoines contre le Maroc. Tout porte à croire dès lors que Dujaric ait tenté de ménager Rabat à travers sa scandaleuse réponse. Elle garantit en effet l’impunité des FAR tout en élargissant les marges de manœuvres de Rabat dans la région. Une pareille attitude n’est certainement pas pour servir la paix, l’apaisement et le retour à la table du dialogue entre les deux parties en conflit. La réponse de Dujaric tend ainsi à montrer que l’ONU joue la carte de l’apaisement dans le traitement de ce conflit. Pour le moment, le Conseil de sécurité de l’ONU donne l’air de faire du sur place et de patiner. Sa réunion de ce mercredi au siège de l’ONU ne semble pas avoir débouché sur une résolution claire, faute de consensus au sein des membres (permanents) de ce conseil. Pour le moment, à sa sortie de cette rencontre qui vient de s’achever à New York, l’envoyé spécial du SG de l’ONU pour le Sahara Occidental, Staffan de Mistura, s’est contenté d’annoncer une seconde tournée dans la région, sans en préciser la date, ainsi que les objectifs précis. Pour de Mistura, tous les membres du conseil sont pour la reprise des négociations afin de débloquer la situation et d’obtenir enfin un cessez-le-feu, rompu unilatéralement par le Maroc à la suite de son agression contre la zone tampon d’El Guergurat en date du 13 novembre 2020. Ces négociations, pour le moment, ne peuvent objectivement avoir lieu, sachant qu’Alger est opposée à la formule des tables rondes, et est plutôt favorable à des pourparlers bilatéraux. Rabat défend exprès cette formule des tables rondes en vue d’impliquer l’Algérie dans ce conflit. C’est dire que pour la reprise des contacts, de quelque nature qu’ils soient, il ya loin de la coupe aux lèvres. Pour cette seconde tournée, nous apprenons que de Mistura sera cette fois-ci autorisé à se rendre dans les territoires occupés et à y rencontrer les Sahraouis qui y sont retenus en otages et persécutés. En revanche, il ne sera pas question de l’extension de la question des droits de l’Homme aux prérogatives de la MINURSO. Ainsi, sans vouloir jouer les défaitistes, et au risque de passer pour un trouble-fête, il est possible de prévoir et d’annoncer par anticipation l’échec de la mission de de Mistura, à l’image de ses prestigieux prédécesseurs. Beaucoup d’entre eux finissent par comprendre, déliés qu’ils sont du droit de réserve, que le Polisario est dans son bon droit.
Mohamed Abdoun