Autorité palestinienne : La guerre de succession a commencé
A en croire de nombreuses sources qui suivent de près les questions politiques palestiniennes, une farouches guerre de succession secoue présentement l’Autorité de Mahmoud Abbas. Celui qui devrait en faire les frais incessamment n’est autre que le Premier ministre, Mohammad Shtayyeh. Il est en effet reproché à ce dernier de n’avoir atteint aucun des objectifs qu’il s’était assigné lors de sa désignation à ce poste au mois d’avril 2019. Hussein al-Sheikh, récemment désigné au poste de SG de l’OLP (organisation de libération de la Palestine), est donné favoris pour succéder à Mohammad Shtayyeh. Mais, nous explique-t-on encore, Hussein al-Sheikh vise mieux et plus haut. Il lorgne en effet et carrément le fauteuil présidentiel d’Abou Mazen. En attendant, de nombreuses sources nous révèlent que Mohammad Shtayyeh sera démis de ses fonctions sur fond de conflits internes qui se déroulent présentement à fleurets mouchetés. Il est notamment reproché à Mohammad Shtayyeh une jugée gestion inadéquate de la pandémie, un manque flagrant d’horizon politique ainsi que l’absence de soutien financier américain et européen. L’Autorité est en effet relativement isolée sur le plan international à cause des manœuvres sionistes, américaines et européennes déployées tous azimuts au sein de bon nombre d’institutions internationales, à commencer par le conseil de sécurité de l’ONU. « Le premier aspect concernant Shtayyeh, est lié aux différents échecs qui ont affecté tous les niveaux d’intervention du gouvernement, à commencer par la crise corona, en passant par la crise des familles de prisonniers dont les salaires ont été coupés, et la crise actuelle des enseignants »,expliquent nos sources, qui ajoutent que c’est l’une des raisons pour lesquelles l’idée de renvoyer Shtayyeh s’impose . »Mais l’autre question est liée au conflit interne au sein du Fatah, qui a refait surface en grande partie après la nomination de Hussein al-Sheikh au poste de secrétaire du Comité exécutif de l’OLP. Al-Sheikh, qui occupait le poste de ministre des Affaires civiles de l’Autorité palestinienne, a récemment été nommé à la tête de l’OLP, faisant désormais de lui le favori pour succéder à Mahmoud Abbas. Son frère Khalil Al-Sheikh a été tué par balles lors de combats fratricides entre factions palestiniennes rivales. Cela ne laissera pas de peser lourd sur cette guerre de succession qui bat son plein présentement. La récente défaite humiliante du Fatah lors des élections du conseil étudiant à l’Université de Birzeit, où la liste des candidats du Fatah a perdu face au Hamas, a conduit à des critiques publiques de l’AP par de hauts dirigeants du Fatah qui exigent de séparer le mouvement de l’AP. Ils soutiennent que la politique d’Abbas est la raison de la disparition de la faction palestinienne autrefois la plus populaire. Le projet de réconciliation entre les différentes factions palestiniennes, qui tient à cœur du président algérien Abdelmadjid Tebboune, commence quant à lui à relever carrément de l’utopie, cela même si le Hamas n’y est pas foncièrement opposé. Son représentant à Alger, Mohamed Othmane, nous avait annoncé que ce projet de rencontre réconciliatrice aurait lieu à la fin du mois de ramadan passé. Or, il n’en a été rien. Mais, en politique, les retournements spectaculaires ne sont jamais loin. Hussein al-Sheikh pourrait en effet être sacrifié et désigné comme bouc-émissaire à l’occasion de l’imminente tournée dans la région du président américain Joe Biden. Attendons pour voir et savoir…
Wassim Benrabah