Bande de Gaza : L’odieux chantage de Lapid
Le chef de la diplomatie sioniste, Yaïr Lapid, a présenté un projet censé « améliorer » les conditions de vie des Palestiniens dans la bande de Gaza, souvent comparée à une prison à ciel ouvert et soumise à un impitoyable blocus.
« Pendant trop longtemps, les deux seules options étaient de conquérir Gaza ou des violences sans fin. Or, ce sont deux mauvaises options », a déclaré celui qui doit succéder d’ici à deux ans à Naftali Bennett au poste de premier ministre, lors d’une conférence de presse sur la sécurité à Al Qods.
Son idée est simple. Alors que Gaza manque de tout, de nourriture, de médicaments, d’énergie ou de services publics, Yaïr Lapid propose de réparer les installations électriques, de connecter du gaz et de construire une usine de dessalement de l’eau, puis d’établir un lien routier entre l’enclave et la Cisjordanie. Un port y serait même autorisé, le tout pour permettre un développement économique sous conditions drastiques.
En clair, Gaza la misérable, dirigée par le Hamas, doit s’engager à cesser toute attaque vers les territoires occupés pour que se desserre l’impitoyable étau de la puissance occupante.
En cas de violences, a ajouté Yaïr Lapid, la réplique serait « plus forte que par le passé », alors que quatre agressions ont accéléré la destruction de Gaza depuis 2008, la dernière au mois de mai ayant fait 260 morts côté palestinien et 13 côté force occupante. Tel-Aviv n’a cependant pas l’intention d’avancer d’un iota vers une solution politique.
Prétextant l’exercice du pouvoir par le Hamas, considéré arbitrairement comme une entité « terroriste », les dirigeants sionistes n’ont donc aucune intention de régler le conflit – ils se vantent aujourd’hui de refuser toute création d’un État palestinien – mais promettent de créer à Gaza « de meilleures conditions pour de futurs pourparlers ».
Tout en comptant sur Washington, l’Europe et les pays arabes pour payer. Le plan sioniste ne « pourra se réaliser sans l’engagement de nos partenaires égyptiens », a souligné Yaïr Lapid, et nécessitera le soutien financier des États-Unis, de l’Union européenne et des « pays du Golfe, à commencer par les Émirats arabes unis ».
Peu après l’annonce du plan Lapid, une roquette a été tirée de Gaza vers le sud des territoires occupés, soit le troisième incident de ce type en trois jours, tandis que les manifestations de Palestiniens excédés s’enchaînent depuis plusieurs semaines le long de la barrière hyper sécurisée séparant le territoire palestinien de l’État hébreu.
Le chantage à la« sécurité » contre un modeste développement économique s’avère d’autant plus cynique et absurde que le Hamas ne contrôle pas tous les groupes armés de l’enclave et que c’est bien le blocus sioniste qui a transformé Gaza en un mouroir.
Selon un rapport des Nations unies publié en novembre 2020, ce dernier a coûté 17 milliards de dollars au territoire palestinien, soit six fois la valeur de son PIB. « Selon l’analyse des scénarios, si les tendances d’avant 2007 s’étaient poursuivies, le taux de pauvreté aurait pu être de 15 % en 2017 au lieu de 56 % », a calculé la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement.
En 2015, un autre rapport de l’ONU avait alerté sur le fait que « Gaza pourrait devenir inhabitable d’ici à 2020 si les tendances économiques persistent » à cause des destructions, de la pollution des sols ou des nappes phréatiques.
Nous y sommes, et l’occupant israélien souhaite visiblement faire porter à d’autres le chapeau de son agonie.
R.I.