Brahim Ghali, président de la RASD : « Nous ne referons pas la même erreur. Pas d’arrêt des combats, même si nous ne refusons pas le dialogue ». (vidéos)
De notre envoyé personnel dans les camps de réfugiés, Mohamed Abdoun
Le Camp de réfugiés sahraouis d’Aousserd vient de vivre une soirée mémorable. Cela, à l’occasion de l’ouverture du Festival international du cinéma, Fisahara 2024, cela, en présence de cinéastes, d’artistes et de critiques venus des quatre coins de la planète. Cet évènement majeur dans les avancées et victoires que remportée par la cause sahraouie sur tous les fronts, coïncide avec la clôture laa veille, très tard dans la nuit, de la conférence internationale des journalistes soutenant la cause sahraouie. Ce double évènement, Brahim Ghali, président de la RASD (république arabe sahraouie et démocratique), et secrétaire général du front Polisario, Brahim Ghali,a commencé par remercier les deux camps d’Aousserd et Boujdour, qui ont abrité les deux évènements mondiaux évoqués plus haut, et dont nous avons assuré la couverture. Et de remercier ses hôtes de supporter ce climat, fournaise le jour, et glacial la nuit, mais aussi de soutenir la cause sahraouie. Et de rentrer dans le vif du sujet « On se bat depuis 50 ans pour le simple droit d’exister de notre peuple. Nous sommes victimes d’agression, d’invasion et trahison de la part d’un pays voisin dont nous n’attendions franchement pas ça ». Et de rappeler que le front Polisario se bat depuis cinquante longues et interminables années pour son indépendance totale, dans le respect de ses frontières tel que reconnu par le droit international. Aucun sacrifice n’est trop fort face à notre but suprême. L’indépendance de la RASD avec ses frontières reconnues par le droit international. Homme de terrain dont le pragmatisme le dispute au sens du devoir impérieux envers sa patrie, le conférencier a fait montre de l’exaspération de son peuple. Un peuple qui a trop attendu, et s’est beaucoup sacrifié. Les institutions internationales, et à leur tête l’ONU, sont coupable de na pas avoir tenu leurs promesses, et de ne pas avoir exercé assez de pression sur le Maroc afin que celui-ci se plie enfin au respect du droit international. Brahim Ghali, dont le pays est en guerre contre l’armée d’occupation marocaine, a pour une fois accepté de s’exposer aux sunlights, et de se prêter au jeu des questions-réponses des journalistes, présents en nombre impressionnant au niveau de cette salle des conférences de Aousserd. Ces derniers sont du reste appelés à se faire les ambassadeurs de la cause sahraouie une fois rentrés dans leurs pays respectifs. « D’autant que le coup nous est venu de voisins dont on n’attendait pas ça », se désole le conférencier. « Nous sommes pris à partie par plusieurs entités sans raisons précises, alors que nous sommes un peuple pacifiste et tolérant, facteur de paix et de stabilité au niveau de toute la bande sahélo-saharienne. S’agissant des questions (votre humble serviteur n’a hélas pas pu rn poser, car il tenait son téléphone pour immortaliser cette conférence de presse par vidéo), le président Brahim Ghali a été formel, le changement de position du président de gouvernement espagnol concernant la question de décolonisation du Sahara Occidental, rompant le consensus au sein de son pays, sans rien gagner en échange est une énigme totale.
Sévère mise en garde lancée à la France !
Peut-être est-ce lié au logiciel espion Pegasus, ou bien les affaires menées au Maroc par la femme de Pedro Sanchez. Toujours est-il que l’émigration clandestine ne s’est pas arrêtée. Non plus le trafic massif de drogue. Plus grave encore. La marine marocaine se permet de mener des manœuvres militaires au large des iles Canaris, sans que Pedro Sanchez n’ose hausser le ton, ni dire le moindre mot. S’agissant du comportement hostile des Emirats-Arabes-Unis, qui fait don d’avions de chasse français à l’armée coloniale marocaine, le conférencier s’est voulu être dans sa réponse tout aussi ferme qu’ironique. « Ce petit Etat (sic !, ne devrait pas agir de la sorte contré notre petit Etat à nous, car il risque de subir un jour le même sort, ou pire, à cause de ses douteuses alliances avec l’entité israélienne ». quant à l’annonce faite par la France d’investir au niveau des territoires occupés sahraouis, la réplique est cinglante. Menaçante. « Nous considérons une pareille éventualité comme un acte hostile envers le front Polisario et son peuple ». la France n’est d’ailleurs pas à son premier coup d’essai. C’est elle qui a bombardé en 1975 avec ses avions Mirage les combattants sahraouis. Dans tous les cas de figures, depuis la reprise du conflit armé, le Polisario considère ces terres, ces mers et ces airs comme des zones de guerre. Que la France en soit prévenue. Quant à la mission de Staffan de Mistura, envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara Occidental, Brahim Ghali veut y croire, même s’il ne se fait pas trop d’illusions. Le Maroc exerce systématiquement des pressions et tente de soudoyer tous les envoyés personnels ayant précédé de Mistura. Dans tous les cas de figures, le Polisario ne se laissera pas piéger deux fois. S’il n’est pas contre le dialogue constructif, il n’en insiste pas moins pour poursuivre son combat armé, jusqu’à la victoire finale et totale. L’ONU et le Maroc sont désormais avertis. Enfin, s’agissant du tweet de Donald Trump, a choqué toute la planète, celui-ci « restera à tout jamais une honte qui va hanter la conscience de tout le peuple américain ». modeste et populaire, Brahim Ghali s’est offert un bain de foule avec les journalistes et les Sahraouis venus nombreux à Aousserd pour le saluer.
M.A.