Brahim Guendouzi, économiste : «la numérisation revêt un caractère stratégique pour le pays »
Le premier ministre a relevé l’engagement du gouvernement pour l’accélération de la transition numérique et à assurer toutes les conditions nécessaires à la mise en place d’une administration en ligne. Comment y arriver ?
Il existe un secteur transversal qui requiert un grand soutien de la part des pouvoirs publics car déterminant à moyen et long terme : celui de l’économie numérique et des nouvelles technologies. Tous les secteurs d’activité sont concernés et à plus forte raison l’administration.
L’Algérie accuse déjà un retard dans le domaine eu égard aux avancées enregistrées à travers le monde. A court terme, il est attendu du processus de numérisation, un meilleur service rendu aux citoyens, une plus grande transparence dans les activités, une amélioration de la productivité et surtout un outil efficace de prise de décision.
Au-delà du court terme, la numérisation revêt un caractère stratégique pour le pays dès lors que l’économie mondiale fonctionne aujourd’hui selon la logique de l’innovation technologique.
De nombreuses activités liées à la digitalisation, l’intelligence artificielle, la sécurité informatique, les objets connectés, la robotique, le commerce électronique, les énergies renouvelables, etc. nécessitent un savoir et savoir-faire que seule l’élite peut le mettre en œuvre.
Aussi, la réorganisation du système économique et social grâce à l’apport considérable de la digitalisation pourrait aider l’Algérie à mieux entrevoir les perspectives économiques à partir de ses forces et faiblesses, mais également des menaces et des opportunités de son environnement géopolitique.
Dans ce registre, le premier ministre annonce la réactivation du Conseil national de la statistique et le renforcement des mécanismes d’évaluation et de contrôle, notamment l’Inspection générale des finances et la Cour des comptes. Quel sera l’apport de ces organes ?
Il est clair qu’il y a actuellement un besoin de disposer d’une information statistique fiable pour tout d’abord pouvoir évaluer les réalisations mais également anticiper sur les problèmes, car comme dit l’adage « gérer c’est prévoir ».
La mise en place du Conseil national de la statistique (CNS) sera d’un apport considérable car permettant d’établir en premier d’abord l’existant avec le plus possible de précision, pour ensuite définir les projections nécessaires tant pour la population que pour l’économie nationale et ce, à l’horizon 2040, avec une vision prospective.
S’agissant des organes de contrôle a posteriori qui activent déjà, en l’occurrence l’Inspection générale des finances (IGF) et la Cour des comptes, leurs missions consolidées permettront de renforcer le contrôle de la dépense publique et surtout de procéder à des évaluations régulières et objectives, ce qui manque actuellement dans le fonctionnement de l’économie nationale.
Aussi, la fonction d’évaluation permettra d’arriver à cerner aussi bien les entraves sur le terrain des réalisations, que d’assurer une optimisation des actions au profit des agents économiques.
En définitive, c’est grâce à la qualité des institutions que l’on évite les gaspillages et la corruption, pour atteindre la performance et la compétitivité.
Propos recueillis par Yacine Bouali