Cadre influent au sein du FFS : Samir Bouakouir appelle à un pacte national républicain
Samir Bouakouir, cadre influent au sein du FFS, et ancien porte-parole de ce parti du vivant d Hocine Ait Ahmed, avait déjà mis en avant sa volonté d’aller voter en ce 12 juin, exhortant tous ses compatriotes à en faire autant. Il vient également, depuis quelques heures, de lancer un second et très important appel. En faveur d’un pacte national républicain. En voici le contenu intégral. Nous y reviendrons également dans un entretien détaillé avec le concerné.
« Si les législatives du 12 juin ne sauraient constituer une réponse politique suffisante pour sortir la pays définitivement de la crise, elles représentent néanmoins une étape indispensable pour rétablir un climat politique apaisé et réduire la capacité de nuisance des minorités idéologiques qui ont surfé sur le mouvement pacifique et citoyen du 22 février 2019 espérant l’entraîner sur les voies de la sédition et de la subversion.
L’acte de voter le 12 juin prochain devra être appréhendé non pas comme une caution au régime en place ou un renoncement aux luttes démocratiques et sociales mais avant tout comme une profession de foi pour la sauvegarde de l’Etat national et un acte de défiance vis à vis de ces alliances improbables qui ne désespèrent toujours pas, forts du soutien médiatique et financier d’offices étrangères, d’entraîner le pays dans l’affrontement et la violence pour accomplir leurs funestes objectifs.
La priorité des priorités est d’enrayer les menaces pour pouvoir créer les conditions politiques qui engageront le pays, grâce à la mobilisation des patriotes autour d’un pacte national républicain, dans une voie résolument nationale de construction d’une véritable démocratie qui se nourrira de nos traditions culturelles, sociales et spirituelles et qui s’inscrira dans ce grand mouvement de retour de l’Histoire, du politique et des nations qu’une parenthèse néolibérale en voie de se refermer a cru définitivement enterrer.
Face aux agités d’un « néo-Hirak » périclitant, – les uns adeptes des pseudo « révolutions » dites « non violentes » à portées exclusivement géopolitiques et des « transitions démocratiques » d’inspiration néolibérale, les autres ne poursuivant aucune fin sinon d’entretenir une négation coléreuse qui ne peut aucunement servir de levier fondamental de la politique et qui ont fini par transformer la rue en un espace perméable à toutes les manipulations internes et externes visant à entretenir une dangereuse instabilité – , l’élection d’une Assemblée nationale aussi imparfaite et inconsistante soit-elle est bien plus préférable quand on a pour principale préoccupation de prévenir toute confrontation tragique, tout séparatisme et toute forme d’ingérence étrangère. Cette nouvelle assemblée sera en tous cas bien moins décriée, et bien plus légitime, que celles de l’ère Bouteflika qui ont vu siéger des partis dits d’opposition comme le PT, le RCD et le FFS qui, faute de quotas, ont opté cette fois pour le boycott, se condamnant ainsi, surtout pour les deux derniers, à surenchérir sur le thème de la régionalisation et à se disputer quelques miettes en Kabylie lors des prochaines élections locales.
Il faut bien l’admettre aujourd’hui, le changement ne s’improvise pas, il s’organise avec raison, sagesse et méthode, loin de tout discours démagogue ou de rupture systémique, pour prémunir une société largement traumatisée par vingt ans de corruption, de rapine et de gabegie de fractures douloureuses et irrémédiables. Ce n’est d’ailleurs jamais l’incantation au changement radical qui provoque le changement. Les appels à désobéissance et la révolte se nourrissent en général de l’impatience des illusions.
La faillite des élites et l’infantilisme d’une opposition incapable de distinguer entre l’Etat et le pouvoir, et dont les postures supposées avantageuses dissimulent souvent une bêtise abyssale ont fini par convaincre les plus éclairés de nos compatriotes que si l’effondrement a été évité avec la chute spectaculaire et salutaire du régime Bouteflika, la redressement moral et politique du pays passe par un retour à l’« esprit patriotique du 22 février 2019 » perverti par un néo-hirak instrumentalisé par les ennemis de l’Algérie. Un esprit qui a permis de renouer avec la mémoire collective et « ces grands choses accomplies ensemble », pour paraphraser Ernest Renan, – celles pour ce qui nous concerne d’avoir libéré le pays de colonialisme au prix d’immenses sacrifices -, et qui devra se perpétuer.
Le chantier est immense et exigeant. Au delà des échéances électorales, de la nécessité de préserver notre État National et notre souveraineté, nous devons nous interroger sur l’idée que nous nous faisons de l’Algérie, de son rôle et de sa place dans le monde.
La volonté politique ne se mesurant pas aux intentions mais à l’œuvre, les élections législatives devront ouvrir la voie à la reconstruction d’un champ politique et social totalement dévasté et à l’émergence de nouvelles élites libérées des « aççabiyates », capables de servir le bien commun et se hisser à la hauteur des ambitions historiques, nationales et régionales de notre pays.
Samir Bouakouir