Célébration de la journée du 19 mars 1962. Un cessez le feu et un génocide mémoriel.
Troisième partie et fin
Par Hacene Kacimi
Plusieurs artifices et locutions édulcorées ont été imposée dans le paysage politique Français, dans le but de faire la promotion de sa mission civilisatrice en Algérie.
Sur la guerre contre l’Algérie, la France a produit une multitude de concepts, d’expressions et de formulations, devant absolument imposer une perception française tronquée, des événements qui se sont déroulés en Algérie, durant toute la période de la conquête et de la colonisation.
Surenchère mémorielle, réconciliation des mémoires, présence française en Algérie, colonisation positive, sont des expressions mûrement échafaudées, qui cachent mal cette volonté de vouloir effacer la dimension coloniale de la France en Algérie, dans le but de réduire cette guerre, à un simple conflit mémoriel, devant absoudre la France de ses crimes de guerre.
Les massacres de harkis d’Algérie et de colons de la ville d’Oran, relayés par la presse française, ont été isolés de leur contexte et racontés de manière fragmentée et morcelée, pour occulter les actes héroïques de résistance de la population Algérienne, contre un génocide d’Etat, prémédité.
Quand les Français racontent l’histoire des Harkis en Algérie, ces derniers ne racontent pas toute l’histoire déshonorante de ces derniers. Je dois dire, en connaissance de cause, que les dossiers des harkis sont des dossiers lourds, dont les auteurs ont commis des exactions et des crimes, très graves, contre les populations civiles Algériennes.
Quand la France parle de massacre des harkis ou des colons, cette histoire est volontairement tronquée et sélective. Elle évite soigneusement de parler des massacres et de l’extermination des Algériens.
Les massacres commis par les harkis, dans les douars et dans les villages d’Algérie, sont une plaie béante, que les familles de victimes Algériennes continuent de raconter, avec beaucoup de consternations et d’horreurs. Les massacres des régiments de harkis, commis en Algérie, sur des populations civiles, sont nombreux, odieux et violents. Ces crimes contre des Algériens restent gravés dans la mémoire de nos populations.
L’interdiction d’entrée sur le territoire national des harkis est une mesure d’ordre public, qui doit éviter de réouvrir des blessures, subies par la population Algérienne.
Ce que semblent méconnaître certains penseurs de la guerre contre l’Algérie, c’est que les enfants d’Algérie, dont les parents ou les grands parents ont été assassinés par ces harkis, connaissent l’identité et les noms de ces assassins.
Le sentiment de vengeance peut ressurgir à tout moment, si ces criminels revenaient au pays. Pour les populations Algériennes, les harkis qui ont les mains tachées de sang, ne sont pas les bienvenus au pays.
Pour le reste des harkis, qui n’ont pas commis d’exactions contre les populations civiles, ils continuent de vivre paisiblement en Algérie, comme le reste des Algériens. Ces harkis n’ont pas les mains tâchés de sang et ils ne sont pas frappées d’une interdiction d’entrer sur le territoire national.
Pour les massacres de colons à Oran, il est important de dire que ces actes ne sont pas des crimes gratuits. Pour comprendre de tels graves événements, il faut raconter toute l’histoire de ce qui s’est réellement déroulé à Oran .
Les populations des quartiers arabes d’Oran ont été la cible d’exactions, d’assassinats et de pilonnages, pendant plusieurs jours, de la part de l’OAS, qui voulait se venger.
Certains historiens français insistent sur les massacres de colons à Oran, sans relater les événements tragiques, dont ont été victimes les Oranais.
Le sujet du massacre des colons d’Oran revient souvent dans les débats en France, mais le massacre des Oranais par l’OAS, soutenu par les pieds noirs, a disparu, des comptes rendus, comme par enchantement.
Selon le témoignage des autorités Françaises, le nombre d’attentats commis par l’OAS, durant quatre mois, est de loin supérieur aux attentats commis par le FLN, durant six ans.
Une telle information, émanant des autorités Française, met à mal les thèses du massacre des colons à Oran, et elle met en évidence le niveau élevé des violences infligées au peuple Algérien.
C’est en mettant en relations toutes ces informations que nous pourront comprendre pourquoi les Européens ont quitté massivement l’Algérie. Les pieds noirs ont quitté massivement l’Algérie, parce qu’ils ne croyaient qu’à une Algérie française et non a une Algérie Algérienne. Les pieds noirs qui croyaient à l’Algérie Algérienne, sont restés, ils n’ont pas quitté le pays.
La France coloniale a commis des crimes innommables contre le peuple Algérien.
37 essais nucléaires ont été faits dans le sud Algérien, à In ekker et à Reggane. Ce sont des crimes contre l’humanité et des crimes contre la flore et l’environnement, que la France a fait disparaître de son histoire coloniale, en Algérie.
Le choix des lieux des essais nucléaires, dans le sud Algérien, s’est fait officiellement par la France, sur le critère de l’absence de populations, autour des sites choisis.
Or, dans la réalité, les sites étaient constitués d’un nombre important de villages. Une information cachée à l’opinion publique internationale, par les autorités Françaises.
Quand l’armée française à évacué définitivement les sites de Reggane et d’In Ecker, elle n’a volontairement pas remis, à ce jour, aux autorités Algériennes, les plans des sites et des enfouissements radio actifs, devant permettre aux autorités Algériennes de fixer, pour des raisons de sûreté, le périmètre des zones géographique contaminées.
La loi Morin de 2010, a prévu une indemnisation pour les victimes Algériennes, des essais nucléaires Français. Un seul un dossier Algérien a pu obtenir réparation en 10 ans, alors que des milliers de personnes sont chaque années contaminées, provoquant des cancers, des malformations de nourrissons et d’autres maladies graves, engendrées par les radiations des explosions nucléaires.
Dans cette tragédie, on n’est plus dans le conflit des mémoires, comme veut le présenter la version officielle Françaises, mais nous sommes réellement en présence d’un génocide des mémoires, d’une autre guerre, que la France continue de mener contre l’Algérie.
Le président Macron tend la main à l’Algérie, à l’occasion du 60 eme anniversaire des accords d’Evian, mais il prend le soin de glorifier, avant, les Harkis et de leur exprimer, de manière solennelle, le pardon de la France, gravé dans une nouvelle loi qu’il vient de promulguer.
L’Etat Français vient encore d’esquiver habilement la repentance de la France à l’égard de l’Etat et de la population Algérienne.
Une main tendue du président Macron qui tente d’enterrer la mémoire de millions de martyrs Algériens, en déclarant, encore une autre manœuvre, que la balle est dans le camp des pouvoirs publics Algériens.
Macron doit savoir que dans le camp des Algériens, la facture est trop lourde, et qu’il y’a des millions de martyrs assassinés par la France coloniale, qui attendent, du fond de leur tombe, la repentance et le dédommagement de l’Etat Français.
Macron est en campagne électorale, et il ne recule devant rien, sans état d’âme, pour faire grimper sa cote de popularité.
Il vient de céder aux caprices du lobby sioniste , en déclarant que l’anti l’antisémitisme se cache dans l’anti sionisme. Voilà une belle fort manière de défendre et de faire la promotion du sionisme, considéré par les nations unies comme une idéologie raciste.
La protection du sionisme, une abdication dangereuse de l’Etat Français, qui classe la repentance de la France, à l’égard des millions de Martyrs de la colonisation Française en Algérie, dans la liste de ses dernières préoccupations.
Ce ne sont plus de faux pas de l’Etat Français, mais une hostilité inacceptable, affichée et assumée publiquement que l’Algérie condamne et réprouve !
Hacene Kacimi
Biographie
– Président du centre opérationnel au ministère de l’intérieur, chargé de la gestion des crises et des problématiques migratoires.
– Expert international des flux migratoires, reconnu par des organisations onusiennes.
– Expert du Sahel et de la gestion des crises .– Représentation de l’Algérie , à l’étranger , en tant qu’expert.
– Plusieurs communications, à l’université de sciences politiques et l’école des sciences politiques.
– Plusieurs communications à l’école de guerre de Tamentfoust .
– Distinction de l’institut fédéral allemand des hautes études de sécurité .