Chronique d’une importation contaminée par un virus récalcitrant
Au moment où l’Algérie devait penser à fabriquer sa propre voiture ou, au moins, faire un assemblage avec une intégration dont le taux irait crescendo, nous nous retrouvons, non pas au point de départ, mais à moins quelques décennies. La voiture, en Algérie, est devenue un moyen de pression et un objet de promesses non tenues, d’annonces feux d’artifices et, plus grave encore, un sujet de dérision pour nous autres.
Les alliances et les contre-alliances dans ce juteux marché de l’automobile sentent trop mauvais et tout le monde est pris au jeu, même les virus s’en mêlent et bloquent toute tentative de normalisation.
Au presque plus haut sommet de l’Etat, des annonces sont faites pour être ‘oubliées’ aussitôt après, sans la moindre explication pour les citoyens pourtant objets de toutes les convoitises et consommateurs directs de ces promesses. Il y a eu déjà un cahier des charges pour les concessionnaires que tous les spécialistes se sont mis d’accord pour qualifier de contestable car comportant des clauses injustes destinées à ‘interdire’ l’accès au titre de concessionnaire pour une large frange des algériens, pour des motifs pas toujours objectifs.
Nous avons aussi eu droit à l’annonce de la publication de la liste des concessionnaires un certain dimanche du mois de janvier 2021, un mois à qui nous allons dire adieu sans que nous voyions ne serait-ce que la queue de cette liste, toujours sans explication. Ce n’est que mardi que les citoyens algériens ont appris qu’il y a eu délivrance de quatre agréments provisoires pour des concessionnaires dont les identités demeurent secrètes
Enfin, la dernière ‘trouvaille’ a trait au plafonnement du montant destiné à l’importation de véhicules de tourisme et utilitaires qui ne devrait pas dépasser les 2 milliards de dollars, c’est-à-dire que les concessionnaires ne pourront pas dépasser les 100 000 véhicules par an, tous types et marques confondus, même les camions.
La première remarque est que ce plafonnement n’apparait dans aucun article de la loi de finances 2021 que vient de signer le président de la république, il faudrait donc que les gens sachent le pourquoi de ce plafonnement.
La deuxième remarque est que pareille annonce va influer négativement sur les prix aussi bien des voitures d’occasion que celles qui seront importées, si jamais elles le sont car tous les indicateurs affirment le contraire, à commencer par de nombreux spécialistes en la matière. En effet, en annonçant une telle restriction, les responsables du secteur viennent de mettre en branle un mécanisme automatique que tout le monde connait : celui de l’offre et de la demande qui fera monter les prix des véhicules, neufs ou d’occasion, en flèche.
Alors, que cherche-t-on avec de telles annonces contraires à tout management social, particulièrement en ces temps où l’Algérie fait face à d’innommables campagnes de dénigrement et de déstabilisation ?
Finalement, la mise en garde du premier ministre, Abdelaziz Djerad, lors de la réunion du gouvernement de ce jour, vient à point nommé pour obliger les responsables du secteur à se comporter avec ce dossier sensible avec transparence et en allégeant les procédures pour accélérer la délivrance des agréments et l’opération d’importation des véhicules.
T.M