Ciblé par des attaques multiples : Pourquoi le Qatar dérange-t-il ?
« Dans un monde confronté à une succession de crises, nous devons préserver l’esprit du sport qui doit rester un espace de rapprochement des peuples, autour de valeurs universelles » a tweeté hier le président français Emmanuel Macron, jour de la qualification des Bleus aux huitièmes de finale de la compétition footballistique planétaire. Le commentaire n’est pas fortuit ni anodin. Il recadre un débat qui tend à nuire à l’esprit d’un tournoi mondial. Les attaques contre le Qatar, pays hôte de la présente édition de la Coupe du monde prennent des proportions démesurées, parfois ubuesques. La propension des joueurs de l’équipe allemande à porter, sur leurs maillots, les couleurs de la communauté gay était assurément une provocation doublée d’une volonté de faire le buzz. Une telle action ne pouvait être tolérée dans un pays musulman. Elle n’a, évidemment, pas été autorisée. La Fifa a enjoint aux allemands de changer de « maillot » avant d’entrer sur le terrain. Ils ont réagi par un geste édifiant : la bouche scellée par la main, évoquant « les atteintes aux droits de l’homme ». C’est précisément ce prétexte que la cabale contre le Qatar a commencé bien avant l’entame du tournoi international le 18 novembre. Plusieurs personnalités ont boycotté la cérémonie d’ouverture, et des villes européennes refusé de diffuser les matchs sur Grands écrans, qui auraient été installés dans les places publics. L’on a évoqué les restrictions à la liberté d’expression, les droits de femmes bafoués et… des centaines d’ouvriers morts sur les chantiers des stades (les sources officielles parlent d’une dizaine de décès dans des accidents de travail). L’o reproche aussi à cette nation du Golf de contribuer à la pollution de la terre en assurant la climatisation des infrastructures sportives réservés aux confrontations du mondial. « On sait depuis longtemps que la Coupe du monde aura lieu là-bas et on ne se prononce qu’au dernier moment en surfant sur un buzz » a relevé, dans la presse française Louis-Marie Valin, membre de l’observatoire du Sport Business. « Si le problème, c’est le Qatar, arrêtons de discuter avec eux le reste de l’année » a-t-il poursuivi, ironique. Dans un exercice de questions-réponses avec les lecteurs du quotidien Le Monde, Nabil Ennasri, docteur en sciences politique a remis les pendules à l’heure : « les appels au boycott du Mondial n’ont trouvé d’écho qu’en Europe. Cette dynamique n’a pas été suivie en Amérique latine, en Asie et encore moins dans le monde arabe ». Il a expliqué l’animosité contre le pays organisateurs du Mondial 222. « le Qatar a fait irruption sur la scène mondiale en entrant par effraction dans une arène qui n’est pas habituée à accueillir en son sein des Etats aussi petits affichant des ambitions aussi démesurées. Le problème du Qatar est la fulgurance de sa « success story ». Alors que Doha n’était en 1990 qu’une petite bourgade dotée de deux feux rouges, la ville fait désormais partie des capitales mondiales du sport, de la culture, de l’entertainment, voire même de la diplomatie » a-t-il analysé. C’est probablement le fond du problème.
S. Biskri