Conférence de presse du MAE après la résolution sur un cessez-le-feu à Ghaza
Après l’adoption de la résolution sur un cessez-le-feu à Ghaza dont le projet a été présenté et défendu par l’Algérie devant le Conseil de Sécurité de l’ONU, le ministre des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger, Ahmed Attaf, a animé hier, mardi 26 mars 2024, une conférence de presse au siège du ministère, axée sur les développements internationaux, notamment ceux ayant trait à la question palestinienne. Le ministre a mis en avant, lors de conférence, les efforts déployés par l’Algérie dans le cadre du Conseil de sécurité des Nations Unies en vue de mettre un terme à l’agression israélienne contre la bande de Gaza.
« L’adhésion de l’Algérie à cet organe central de l’ONU (le Conseil de Sécurité) a coïncidé, comme vous le savez, avec l’escalade de l’agression israélienne brutale et sans précédent contre le peuple palestinien dans la bande de Ghaza, dans un contexte international où l’état de paralysie quasi totale qui frappait le Conseil de sécurité a été exacerbé par les fortes polarisations et les tensions aggravées entre les États membres permanents », a entamé le ministre son intervention.
Le ministre rappelle que la question palestinienne souffrait grandement de cette douloureuse réalité par son absence absolue de la liste des priorités de cette instance internationale, notamment par le fait d’approches qui voulaient parvenir à la paix et à la sécurité sur les ruines du projet national palestinien. De ce fait, nombre de membres du Conseil de sécurité se sont soumis à la logique du fait accompli et adhéré au fait qu’il était impossible de concilier les avis contradictoires de ses membres, d’où l’absence de toute initiative visant à mettre fin à l’agression barbare contre le peuple palestinien.
« C’est ce que l’Algérie a rejeté dès le premier jour de son adhésion au Conseil de sécurité, en insistant sur la nécessité que le Conseil assume les responsabilités qui lui incombent à l’égard de la question palestinienne, dont notre pays a fait sa principale préoccupation et le titre de toutes ses initiatives diplomatiques », rappelle Ahmed Attaf.
Il continue en affirmant que l’action de l’Algérie concernant le conflit arabo-israélien s’inscrit dans le cadre d’un ensemble de règles, de directives et d’instructions fixées par le Président de la République : « avec une extrême rigueur, dans une formulation précise et claire, avec une cohérence que ne peuvent ébranler ni l’intensité de l’adversité, ni l’ampleur et le poids des difficultés ».
Le ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger rappelle ainsi que l’action de l’Algérie s’inscrit dans deux niveaux, celui de la question palestinienne dans son ensemble et celui lié à la tragédie actuelle vécue par la bande de Ghaza.
Pour ce qui est du présent et du futur de la question palestinienne, le Président de la République a souligné la nécessité d’orienter les efforts diplomatiques algériens la relance de la solution politique, après qu’elle ait été bloquée et absente pendant plus de 25 ans. En deuxième lieu, de défendre la légitimité internationale dans la lettre et dans l’esprit, comme base pour relancer le processus de paix au Moyen-Orient et parvenir à une solution juste, durable et définitive à la question palestinienne, continue l’orateur. Il rappelle aussi sur le fait de se concentrer sur l’inévitabilité de la création d’un État palestinien indépendant et souverain aux frontières de 1967, avec El Qods comme capitale et, surtout, d’intensifier la pression sur l’occupant israélien pour le forcer à adhérer à la légitimité internationale et le priver de l’impunité dont il bénéficie jusqu’à présent.
Parmi les autres orientations du président de la république, il y aussi celles d’intensifier les efforts pour que l’État de Palestine devienne membre à part entière des Nations Unies et, surtout, de faire avancer le projet de réconciliation nationale et d’unification palestinienne.
Concernant les circonstances tragiques imposées par l’agression israélienne à nos frères de la bande de Ghaza, les directives du président de la république vont dans le sens d’arriver à la mise en œuvre d’un cessez-le-feu immédiat, permanent et inconditionnel dans la bande de Gaza, d’assurer la protection nécessaire au peuple palestinien, conformément à ce qui est stipulé dans les conventions et résolutions internationales pertinentes et de mettre fin aux obstacles qui entravent les efforts de secours humanitaire dirigés vers le peuple palestinien dans toute la bande de Ghaza.
M. Attaf ajoute aussi que le président Abdelmadjid Tebboune a donné des directives afin de faire face aux projets et aux campagnes de déplacement forcé des Palestiniens en dehors de la bande de Ghaza, d’encourager la tendance à poursuivre l’occupation israélienne devant les instances judiciaires internationales, en particulier devant la Cour internationale de Justice et devant la Cour pénale internationale et, enfin, ne pas accepter la fragmentation dans la gestion de l’agression israélienne sur la bande de Ghaza et imposer le respect de l’indépendance de la décision palestinienne et de la volonté palestinienne dans la détermination de l’avenir de l’État palestinien.
« Je voudrais ici souligner notre ferme conviction que ce que l’on appelle aujourd’hui le projet de ‘’gouvernance transitionnelle de Gaza’’ ne réussira que s’il est inclus dans un cadre plus large, à savoir celui de l’établissement d’un État palestinien souverain.
Le ministre des affaires étrangères poursuit son intervention en affirmant : « à la lumière de ces priorités identifiées par le Président de la République, les efforts de la diplomatie algérienne pour soutenir la cause palestinienne durant les trois premiers mois d’adhésion au Conseil de Sécurité se sont concentrés sur trois axes principaux, intensifier les délibérations sur la question palestinienne au sein du Conseil de sécurité, renforcer la dynamique diplomatique en faveur de la cause palestinienne en dehors du Conseil de sécurité, notamment au sein des organisations internationales et régionales dont l’Algérie fait partie, et enfin, prendre l’initiative de présenter des projets de résolution sur la question palestinienne.
Ainsi, dans l’objectif de l’intensification des délibérations au sein du Conseil de sécurité, affirme le ministre, l’Algérie a pris l’initiative de convoquer plusieurs réunions au niveau du Conseil de sécurité sur l’agression israélienne contre la bande de Ghaza. « Depuis le 1er janvier, le Conseil de sécurité a tenu pas moins de sept (7) réunions à la seule demande de l’Algérie, consacrées à discuter de l’évolution de l’agression israélienne contre la bande de Ghaza sous ses différents aspects et répercussions ».
S’agissant du renforcement de la dynamique diplomatique en faveur de la cause palestinienne en dehors du Conseil de sécurité, il affirme qu’un accent particulier a été mis sur le renforcement des positions communes des différentes organisations dont fait partie l’Algérie, à commencer par la Ligue des États arabes, l’Union africaine, l’Organisation de la coopération islamique, ainsi que le mouvement non gouvernemental.
Afin de faire pression sur le Conseil de sécurité pour qu’il assume ses responsabilités, des formules innovantes et inédites ont été utilisées, comme la réunion consultative organisée à l’initiative de l’Algérie entre les membres du Conseil de sécurité et les familles des victimes palestiniennes fuyant la bande de Ghaza.
Enfin, ajoute le conférencier : « en ce qui concerne l’initiative de présenter des projets de résolution sur la question palestinienne, la délégation algérienne à New York a pu récemment diriger une initiative conjointe du Groupe des Dix (E10), un groupe d’États élus qui ne sont pas membres permanents du Conseil de sécurité, qui a permis de présenter un projet de résolution sur la Palestine. Cette résolution a été adoptée avec succès hier, car elle est considérée comme la première résolution émise par le Conseil de sécurité avec un contenu clair, déterminé et explicite, qui est d’exiger un cessez-le-feu immédiat, permanent et inconditionnel dans la bande de Gaza ».
L’adoption de cette résolution constitue un gain remarquable pour la cause palestinienne, non seulement en termes de contenu et de substance, mais également en termes de procédure, car il s’agit de la première résolution de fond soumise conjointement par des membres élus dans l’histoire des Nations Unies, souligne encore M. Attaf.
« Avant cela, il faut rappeler que l’Algérie avait présenté un projet de résolution pour activer les mesures de précaution approuvées par la Cour internationale de Justice, notamment en recherchant un cessez-le-feu dans la bande de Ghaza. Ce projet a reçu 13 voix de soutien, un membre permanent du Conseil s’étant abstenu et un autre membre permanent du Conseil utilisant également son droit de veto pour l’annuler », ajoute-t-il.
Enfin, et suite à l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat, « l’Algérie se félicite de ce succès, qui n’aurait pas été obtenu sans l’engagement et le dévouement des États membres du G10, dirigés par la République du Mozambique en tant que coordinateur du groupe. L’Algérie met également l’accent sur le rôle des autres Etats membres permanents, qui ont récemment été à la hauteur des exigences de leurs responsabilités envers Ghaza d’abord, la Palestine ensuite, et envers le monde, un moment qui a vu les corps frémir, les consciences ébranlées et nos cœurs saigner face aux scènes de meurtres, de destruction et d’abus contre nos frères palestiniens », estime-t-il.
Les prochaines étapes de l’action algérienne
« Ainsi, et après les acquis réalisés, notamment la résolution adoptée par le Conseil de sécurité, l’Algérie poursuivra ses efforts dans ce cadre conformément aux priorités fixées par le Président de la République avec précision et clarté », déclare le ministre des affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger.
Dans ce cadre, il annonce que les prochaines étapes se concentreront principalement sur le suivi de la mise en œuvre de cette résolution et sur la cessation immédiate de l’agression israélienne contre la bande de Ghaza, ainsi que sur la garantie de l’accès de l’aide humanitaire destinée aux Palestiniens, sans aucune restriction ni condition.
Pour ce faire, il est impératif de prendre l’initiative de proposer des formules et des mécanismes permettant aux Nations Unies de suivre la mise en œuvre de ce qui a été approuvé par le Conseil de sécurité, notamment pour garantir que l’occupation israélienne respecte les mesures et décisions autour desquelles la communauté internationale s’est accordée.
« Sur un autre plan, celui du renforcement de l’horizon politique pour résoudre la question palestinienne, la question de l’adhésion à part entière de l’État de Palestine aux Nations Unies se présente aujourd’hui avec beaucoup de force et d’urgence comme l’option idéale qui permettrait de conforter la solution à deux États », estime-t-il encore.
A la fin de sa conférence de presse, M. Ahmed Attaf, déclare que : « Tels sont les priorités et les objectifs que l’Algérie continuera de prôner et d’œuvrer à réaliser au Conseil de sécurité, conformément à la juste approche fixée par le Président de la République, qui affirme toujours que l’Algérie reste maîtresse de ses décisions et de ses choix, qu’elle demeure fidèle à sa doctrine diplomatique, qui prend le soutien des causes justes comme pilier fondamental.
L’Algérie cherche à être une force de suggestion et d’initiative au Conseil de sécurité, d’autant plus que sa politique basée sur le non-alignement lui permet une grande marge de flexibilité et d’adaptation pour être un trait d’union entre les différents acteurs internationaux.
L’Algérie prend au sérieux le mandat qui lui est confié et la confiance que lui accordent ses homologues des Etats membres de l’ONU, et s’efforcera d’honorer cette confiance en toute constance, sincérité et loyauté ».
Tahar Mansour