Constantine, cité des sciences et de la culture
Exposée aux multiples convoitises de ses conquérants, Constantine a su garder en elle les traces de toutes ces civilisations qui se sont succédé sur son rocher. Au fil des siècles, elle a réussi à se forger la réputation de la ville du savoir, tant en Algérie que dans tout le Maghreb.
Riche de cette diversité et de ce mélange culturel et civilisationnel, Constantine n’a cessé de grandir et toute cette grandeur est perceptible et palpable au détour de chaque ruelle, chaque édifice, chaque pont et chaque monument. D’ailleurs, il suffit de visiter son célèbre musée situé sur le plateau du Coudiat pour prendre conscience de toute l’immense richesse de cette cité.
Constantine, c’est aussi deux grandes universités, parmi les plus importantes d’Algérie. La première, l’Université Mentouri (UMC), a été dessinée par le célèbre architecte brésilien Oscar Niemeyer. Depuis son inauguration en 1971, elle accueille chaque année des milliers d’étudiants algériens et étrangers, répartis sur plus d’une dizaine de campus, plus de trente départements, et offre près d’une centaine de spécialités. L’autre enceinte universitaire qui fait la réputation de Constantine, c’est l’Université des sciences islamiques, inaugurée en 1994, en même temps que la grande mosquée Emir Abdelkader dont elle partage les bâtiments. Cette dernière est un véritable monument architectural que beaucoup comparent au célèbre monument indien Taj Mahal.
Constantine, c’est par ailleurs, cette élite rare d’écrivains, de poètes et de savants enfantée depuis plusieurs siècles. Tous ont marqué de leur empreinte l’histoire de cette ville, apportant, chacun dans son domaine, sa pierre à l’édification de cette cité millénaire.
Si Abdelhamid Ben Badis est la figure intellectuelle constantinoise de référence, bien avant lui, d’autres personnalités ont marqué de leur empreinte l’histoire de Constantine. De Massinissa, premier roi de la Numidie unifiée, à Marcus Cornelius Fronto, orateur célèbre et précepteur de l’empereur Marc Aurèle, en passant par Constantin 1er refondateur de la ville, Salah Bey et Hadj Ahmed Bey, ou plus récemment, Malek Bennabi et Fodil El Ouartlinani, penseurs musulmans, Malek Haddad, Kateb Yacine et Ahlam Mostaghanemi, écrivains reconnus, Abdelkader Chanderli, premier cinéaste algérien à avoir filmé dans les maquis du FLN et autant d’artistes comme El hadj Mohamed Tahar Fergani, Chafia Boudraâ ou Hadj Smaïn Mohamed El Hadj, comédien, metteur en scène et ancien directeur du Théâtre régional de Constantine, et bien d’autres encore, tous ont participé à l’essor intellectuel de leur ville.
Notes biographiques sur Abdelhamid Ibn Badis
Né à Constantine le 04 décembre 1889, Abdelhamid Ibn Badis faisait partie d’une famille dont les origines remontaient aux Zirides. Bologhine Ibn Ziri, fondateur d’Alger, était l’une des figures célèbres de cette famille princière. Ibn Badis apprit très jeune le Coran ainsi que les principes de base de la langue arabe, des sciences et de la religion islamique. Placé sous la tutelle d’un précepteur, en l’occurrence Hamdân Lounissi, de la confrérie Tidjaniya, il sera marqué à vie par cet homme et ses idées. A partir de 1908, il intègre l’Université Zitouna à Tunis où il subit l’influence d’autres maîtres, comme Tahar Benachour, adepte du mouvement salafi-réformiste musulman, prônant le retour à un islam purifié de toutes les déformations qui l’ont dénaturé.
Obtenant son diplôme en 1912, Ibn Badis enseigne pendant une année au sein de Zeitouna. Après le pèlerinage à la Mecque, il côtoie le mouvement réformiste wahhabite. De retour en Algérie en 1913, il se consacre à l’enseignement et à l’action culturelle, avant de vouer toute son énergie à la réforme de la pratique religieuse.
Rentrant en relation avec Mohamed Abdou et Rachid Rédha, il participe au mouvement de l’Islah musulman et publie dès 1925 Al Mountaqid, journal dans lequel il amorce un travail profond de prise de conscience nationale.
Après l’interdiction de cet organe, il lance la même année «El Chihab» (le météore) puis El-Bassaïr (visions d’avenir) où il contribue à faire renforcer dans les plus larges masses les concepts du nationalisme, de l’arabisme et de la fidélité a l’Islam, les trois piliers de la personnalité algérienne.
Fondateur de l’Association des oulémas d’Algérie, il prend part au Congrès musulman d’Alger en 1936 et déploie une activité constamment entravée par l’administration coloniale. Il meurt le 16 avril 1940 à Constantine, depuis, cette date, baptisée Youm El Ilm (Journée du savoir), honore sa mémoire et son parcours intellectuel exemplaire.
In Mémoria