Contexte et implications de la nouvelle position américaine
– « Rejet de la désignation du Polisario comme terr-ori-ste »
Par Abdelkader REGUIG *
L’Analyse de l’évolution récente de la position américaine sur le Sahara occidental introduit des dynamiques géopolitiques et stratégiques significatives, susceptibles d’influencer les équilibres au sein du Conseil de sécurité des Nations unies (CSNU). On peut structurer cette analyse des enjeux :
1. Contexte et implications de la nouvelle position américaine
– « Rejet de la désignation du Polisario comme terroriste »:
-Le refus des États-Unis d’assimiler le Front Polisario à une organisation terroriste affaiblit la stratégie marocaine visant à délégitimer ce mouvement. Cela renforce indirectement le statut du Polisario comme acteur incontournable, aligné sur les principes de l’ONU relatifs à la décolonisation et au droit à l’autodétermination.
– « Projet d’autonomie révisé »:
Le modèle proposé par Washington intègre une « gestion transitionnelle par le Polisario »(5 ans), sous supervision onusienne, combinant retour des réfugiés, libération des détenus et création d’institutions fédérales. Ce cadre contraste avec le plan d’autonomie marocain de 2007, qui prévoyait une autonomie sous souveraineté marocaine.
– « Rôle élargi de l’ONU et des États garants »:
L’implication de l’Algérie, de la Mauritanie et de l’Espagne (contrôle de l’espace aérien) comme garants introduit une dimension multilatérale complexe, éloignant le dossier d’une logique bilatérale (Maroc-Polisario) pour en faire un enjeu régional et international.
2. « Impact sur le Conseil de sécurité »
– Rééquilibrage des alliances:
-Les États-Unis, membre permanent du CSNU, pourraient pousser à une révision des résolutions existantes (ex. : la MINURSO, mission de l’ONU au Sahara depuis 1991), en insistant sur une solution « fédérale ou d’autodétermination », plutôt que sur le statu quo ou l’autonomie sous souveraineté marocaine. Cela pourrait générer des tensions avec la France, traditionnellement proche du Maroc.
– Pressions pour des négociations inclusives:
Le CSNU pourrait être amené à relancer des pourparlers directs entre le Maroc et le Polisario, avec médiation de l’ONU et participation des États garants. Cette approche s’alignerait sur la résolution 2602 (2021), qui insiste sur une solution politique « réaliste, pragmatique et durable ».
– Risque de blocage:
La France, alliée historique du Maroc, pourrait freiner toute initiative perçue comme défavorable à Rabat. La Russie ou la Chine, bien que moins impliquées, pourraient instrumentaliser le dossier pour affaiblir l’influence occidentale en Afrique.
3. Défis pour le Maroc
– « Crise de légitimité » :
Le projet américain sape le discours marocain d’une « autonomie sous souveraineté exclusive », en exigeant un amendement constitutionnel reconnaissant un statut spécial pour le Sahara. Cela remet en cause la narrative d’unité territoriale, pilier de la monarchie.
-« Dépendance à l’égard des alliés »:
Le Maroc doit désormais compter sur le soutien de la France et d’États africains (via sa stratégie de normalisation avec Israël et son retour à l’UA en 2017) pour contrer cette nouvelle donne. Cependant, l’érosion du soutien américain affaiblit sa position.
4. Scénarios possibles
– Adoption du plan américain:
Si le Polisario et l’Algérie l’acceptent, le Maroc serait contraint de négocier sous pression internationale. Une transition sous contrôle de l’ONU pourrait conduire à un référendum d’autodétermination, risquant de fragiliser la revendication marocaine.
– Statut quo prolongé :
En l’absence de consensus au CSNU, le dossier pourrait rester gelé, avec une MINURSO renouvelée mécaniquement. Cependant, les tensions régionales (ex. : réactivation du conflit armé en 2020) rendent ce scénario instable.
– Rupture diplomatique :
Le Maroc pourrait durcir sa position, rompre les liens avec l’Espagne, et chercher des soutiens alternatifs (ex. : Israël, pays du Golfe), exacerbant les divisions au sein du CSNU)
Nous pouvons affirmer que la nouvelle position américaine représente un « tournant stratégique », susceptible de redéfinir les paramètres du conflit. Pour le Conseil de sécurité, cela implique :
– Un réexamen du mandat de la MINURSO pour intégrer un rôle plus actif dans la transition.
– Une pression accrue pour des négociations inclusives, rompant avec l’approche bilatérale.
– Des risques de fragmentation entre membres permanents, notamment entre les États-Unis et la France.
Le projet d’autonomie marocain, s’il n’est pas abandonné, devra s’adapter à cette réalité géopolitique mouvante. Le « coup de grâce » au Makhzen dépendra de la capacité de Rabat à négocier des garanties (ex. : contrôle des ressources naturelles, sécurité) tout en acceptant un partage du pouvoir avec le Polisario.
« Mon style est assez simple, et direct.
Je vise très haut, puis je ne cesse de
pousser, pousser, pousser pour obtenir ce que je veux. » Donald TRUMP
Abdelkader REGUIG *
Président de l’Ordre des Ingénieurs Experts Arabes. ORAREXE. Genève Suisse
Émail: orarexe @gmail.com