Contre sa détention arbitraire au Maroc : Omar Radi demande l’aide des Nations-Unies
Son procès s’est poursuivi depuis mardi 13 juillet à huis clos à la cour d’appel de Casblanca. Pour rappel, il est jugé dans une double affaire de «viol» et «d’espionnage».
Le huis clos a été justifié «en considération de l’honneur» de la plaignante. Les soutiens de M. Radi sont consternés par cette décision, qu’ils voient comme «une nouvelle violation des conditions pour un procès équitable».
Les deux affaires en cours reprennent donc d’un côté une poursuite pour «viol» et de l’autre «atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat» avec «financement de l’étranger». La plaignante a réitéré avoir été «victime de viol» durant son audition vendredi dernier à huis clos, ajoutant que son dossier n’est en rien «politique» a indiqué son avocat Me Abdelkrim Mlih.
Le journaliste quant à lui parle de «relation librement consentie». Version qui a été corroborée devant le tribunal par un autre journaliste Imad Stitou. Il est officiellement en liberté provisoire, poursuivi pour «complicité de viol» après avoir été l’unique témoin à décharge dans l’affaire.
Connu pour ses positions critiques envers les autorités marocaines Omar Radi est notamment accusé «d’intelligence» avec deux sociétés britanniques du conseil économique : G3 et K2 consulting.
Mais il est aussi accusé pour ses liens avec un Belge Arnaud Simons, ayant travaillé à l’ambassade des Pays-Bas à Rabat. M. Radi réfute ces accusations et affirme être entré en contact avec ces sociétés et M. Simons dans un but professionnel. M. Simons a confirmé cette version et confirme une fois de plus sa «pleine disponibilité à témoigner». La cour a déjà rejeté la demande de la défense de l’auditionner.
Le groupe de travail des Nations Unies a donc été saisi hier par le biais de ses avocats belges et français, William Bourdon, Christophe Marchand et Nicolas Cohen, sous la coordination de son avocat marocain, Miloud Kandil.
Selon un communiqué du cabinet d’avocat Jus Cogens parvenu à Hespress FR, « ce groupe de travail a été institué en tant qu’instance quasi judiciaire afin d’étudier en toute indépendance les cas de détention arbitraire qui lui sont soumis ».
Le cabinet bruxellois rappelle «que ce groupe de travail a déjà émis plusieurs avis à l’égard du Maroc et d’autres états en considérant que les détentions étaient liées à des violations soit du procès équitable soit de la liberté d’expression».
«Ses avocats réclament qu’il soit jugé de manière équitable et bénéficie de toutes les garanties dues à toute personne poursuivie. Ils réclament également son acquittement et sa remise en liberté. La procédure devant le groupe de travail est confidentielle «, peut-on lire sur ledit communiqué.
Pour rappel l’avocat international belge, Christophe Marchand, arrivé le soir du lundi 28 juin sur le sol marocain, a été interpellé à l’aéroport Mohammed V et expulsé le mardi 29 juin vers Bruxelles.
Amnesty international confirme depuis longtemps la détention jugée arbitraire d’Omar Radi, explique son directeur belge Philippe Hensmans.
«Le fait de juger deux affaires en même temps et qui plus est à huis clos n’est pas correcte, le huis clos doit être une mesure exceptionnelle» affirme-t-il.
«Les accusations de viol doivent être prises au sérieux, mais on sait que c’est aussi un moyen utilisé par les autorités marocaines pour condamner les journalistes/opposants au régime» explique le directeur d’Amnesty Internationale.
Il relève dans un rapport que des accusations de viols sont régulièrement en cours contre des journalistes du pays.
Pour faire entendre sa voix, Omar Radi peut en cas de dernier recours demander l’aide des rapporteurs spéciaux de l’ONU. Les ambassades doivent aussi jouer un rôle plus important, ainsi que la Belgique qui n’est pas assez présente déplore Philippe Hensmans.
R.I.