Contribution de M. Chahar Boulakhras, PDG du Groupe Sonelgaz
« L’Algérie, un véritable hub continental d’investissement industriel et une passerelle entre l’Afrique à l’Europe »
L’Algérie, au même titre que tous les pays du monde, a ressenti un impact économique négatif en raison de la crise sanitaire, un impact qui restequand même acceptable et maîtrisable.
Des mesures d’urgence ont déjà été prises pour accompagner les entreprises et les citoyens tels que l’aménagement du calendrier fiscal, l’abaissement des taux de réserves obligatoires des banques pour libérerdes liquidités, ou encore des aides sociales pour les couches les plus fragiles de la société.
Aujourd’hui, il est primordial de prendre les mesures nécessaires afin de relancer la machine économique, le prochain gouvernement aura pour mission de mettre en place un plan de relance ambitieux et multisectorielpour répondre à ce challenge.
Cette crise a renforcé notre volonté et notre ambition de diversifier notre économie et nos exportations et ainsi sortir définitivement de la dépendance des hydrocarbures, ce qui nous permettra de renforcer notre capacité de résilience face aux futures crises si elles se présentent.
La crise a aussi renforcé la nécessité d’une intégration locale ou régionale, pour se prémunir des risques de rupture d’approvisionnement ou de la montée du protectionnisme.
Dans le sillage de notre nouvelle approche économique, nous mettons l’Afrique au cœur de notre stratégie. Nos excellentes relations et notre position sur le continent favorisent notamment cette approche, en plus du formidable potentiel qui reste à exploiter sur le contient. L’Afrique dispose d’un marché intérieur de 1,2 milliard de personnes, et s’est déjà lancée dans la mise en place d’une zone de libre-échange continentale, la ZLECAF, dont laquelle nous sommes très actif et à laquelle nous croyons fortement.
De plus, le continent africain a montré une capacité de résilience exceptionnelle face à la crise sanitaire et de l’impact économique qui en a découlé, frappé d’une présomption de fragilité, le continent a pourtant fait la preuve de sa résilience, fort de la jeunesse de sa population, de la réactivité de ses dirigeants et de son expérience des pandémies.
L’Algérie est comme vous le savez un producteur de gaz naturel, qui est à l’origine de plus de 97% de sa production d’électricité. Et au vu de la forte augmentation de la consommation des ménages, nous sommes à la croisée des chemins, et une transition énergétique est nécessaire.
Compte tenu de l’extraordinaire solaire de l’Algérie, avec une durée d’insolation sur la quasi-totalité du territoire national qui dépasse les 2000 heures annuellement et peut atteindre les 3900 heures dans le sud du pays. Notre transition énergétique est axée la construction de centrales solaires photovoltaïques.
Notre programme des ENR consiste à réaliser une capacité de 15.000 MW à l’horizon 2035, dont une tranche de 1000 MW qui sera lancé dès cette année.
Nous nous sommes donc fixés dans ce sens des objectifs ambitieux et prometteurs, moyennant des mesures d’aide à l’investissement en matière d’énergie renouvelable et nous nous engageons à faire des vingt prochaines années « l’ère du déploiement des énergies renouvelables dans le pays ».
Le président de la république a une vision très claire : l’Algérie ne sera plus qu’un pays pétrolier et gazier mais un pays d’énergies renouvelableset d’énergie solaire en puissance au niveau régional et africain.
Partant de ce principe, il s’agira d’utiliser le développement des énergies renouvelables comme levier d’une industrialisation du pays à travers l’émergence d’un tissu technique et technologique pouvant répondre aux besoins des programmes de réalisation des infrastructures énergétiques.
Nous envisageons le basculement le plus rapide vers un modèle de consommation/production basé sur l’efficacité énergétique qui favorise la synergie entre les différentes sources d’énergies.
Il s’agit entre autres, d’étudier toutes les possibilités de substitution du gaz par l’électricité pour les usages.
La stratégie adoptée par les pouvoirs publics pour poursuivre la mise en œuvre du programme national des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique, a évolué, pour prendre en compte les développements du contexte algérien et les évolutions internationales, notamment en ce qui concerne les formules de soutien financier.
La production d’électricité à partir de sources d’énergie renouvelable, a bénéficié d’un nouveau mécanisme d’encouragement axé d’une part sur le développement d’une industrie nationale de fabrication des équipements entrant dans la réalisation des centrales photovoltaïques, et d’autre part sur la mise en concurrence des investisseurs à travers des processus d’appel d’offres qui permettent d’obtenir les meilleurs prix du kWh.
Ce schéma valorisera également les différentes potentialités de notre pays grâce à l’implication de bon nombre de secteurs d’activités notamment les secteurs de la recherche, de la formation et de l’emploi.
Bon nombre d’infrastructures de production d’électricité à partir de sources d’énergies renouvelables, ont été réalisées, Aujourd’hui, nous pouvons compter :
La réalisation de ces projets pionniers a sans nul doute, permis d’acquérir une expérience dans le domaine des énergies renouvelables, à travers une capitalisation dans la maîtrise d’œuvre et le suivi de projets.
L’autre axe stratégique de notre démarche consiste à créer des centrales électriques hybrides dans des réseaux isolés du sud du pays, utilisant l’énergie solaire et l’énergie éolienne.
Près de 99% des PME sont privées et 85% de la valeur ajoutée du pays hors hydrocarbures est créée par le secteur privé. Les deux tiers des emplois sont également créés par le secteur privé qui est devenu un maillon déterminant dans le processus de diversification.
Le secteur privé a un rôle crucial dans le plan de relance économique, le secteur privé étant au cœur de notre nouvelle approche économique.
Aujourd’hui, il n’y a plus de distinction entre le secteur privé et le secteur public en Algérie. Les pouvoirs publics considèrent le secteur privé comme un partenaire stratégique et vital pour mettre en place le plan de relance économique.
D’ailleurs, le secteur privé est pleinement impliqué dans l’exécution du programme national de développement des énergies renouvelables.
Le programme devrait conduire à la création d’entreprises de taille importante à même de réaliser des projets EPC (Engineering, Procurementet Construction) avec des qualités comparables à celles des multinationales. Les entreprises nationales, publiques et privées, mais aussi étrangères, sans distinction aucune, doivent saisir cette occasion pour investir dans l’industrialisation de ces équipements en Algérie, avec une forte intégration nationale, et développer le savoir nécessaire dans la réalisation des projets EPC et ainsi développer des partenariats gagnant-gagnant.
D’importantes réformes ont été entreprises, dans le cadre de la relance économique et sociale, par Monsieur le Président de la République : Abdelmadjid TEBBOUNE, aussi bien sur le plan juridique, institutionnel que financiers, et ont considérablement amélioré le climat des affaires et notre compétitivité à l’international pour attirer des IDE, tel que :
Néanmoins nous sommes conscients que l’atteinte des objectifs ambitieuxque nous nous sommes assignés passe par la poursuite de la mise en œuvre de la nouvelle politique basée sur la mise en valeur des atouts dont dispose le pays ; particulièrement ceux liés à :
Aujourd’hui l’Algérie se focalise sur la préparation d’un terrain propice à l’entrepreneuriat et à l’investissement productif au profit des opérateurs nationaux et internationaux, et cherche également à améliorer son climat d’affaires.
Nous ambitionnons de faire de l’Algérie un véritable hub continental d’investissement industriel, une véritable passerelle entre l’Afrique à l’Europe aussi bien dans le secteur énergétique que dans les autres secteurs.
Nous nous attachons aussi à ce que notre pays devienne un acteur clé dans le cadre de la coopération énergétique euro-méditerranéenne, notamment à travers l’interconnexion électrique avec les pays voisins et la mise en place des infrastructures majeures nécessaires, en plus des infrastructures gazières existantes et celles à développer.
En outre, d’autres mesures d’aide à l’investissement sont prévues pour soutenir le développement des énergies renouvelables hors réseau pour,entre autres, permettre des applications dans l’agriculture, l’eau, l’utilisation individuelle et les agglomérations isolées.
La réalisation d’une interconnexion directe sous-marine pour la connexion électrique des deux rives Europe-Afrique peut être une formidable opportunité pour les acteurs économiques des deux continents.
Pour ce qui est des entreprises françaises en particulier, elles sont les bienvenues au même titre que les autres entreprises étrangères à investir en Algérie. Il est à savoir qu’il y a déjà plus de 450 entreprises françaises qui opèrent dans le pays
D’ailleurs, le président de république : Abdelmadjid TEBBOUNE a appelé les entreprises françaises à jouer un rôle dans l’Algérie Nouvelle en y investissant et en créant de la valeur ajoutée.
Je donne à titre d’exemple les JV avec les sociétés Française qui ont bien réussi :
•SEDIVER ALGERIE SPA avec la société SEDIVER France pour la réalisation, l’exploitation et la maintenance d’une usine de fabrication d’isolateurs toutes tensions confondues.
•Association Sonatrach – Total dans le domaine de la pétrochimie.
L’Algérie est une terre d’opportunités et dispose de solides avantages comparatifs qui peuvent grandement intéresser les investisseurs étrangers les plus avisés. En effet, avec la crise du Covid-19 et la rupture des circuits logistiques que nous avons observés, les entreprises européenne ou nord-américaines disposant d’unités de production en Asie et en Chine notamment sont en train de revoir leur modèle de délocalisation et sont en train d’adopter le nearshoring qui consiste à rapprocher les centres de production des bassins de consommation. L’Algérie est candidate à ce nouveau mouvement qui s’est enclenché grâce à une position stratégique entre l’Europe et l’Afrique, un marché intérieur de 44 millions de consommateurs, un faible coût de l’énergie et de la main d’œuvre, d’importantes infrastructures de base, d’importants avantages fiscaux et parafiscaux, ou encore de la disponibilité de la ressource humaine universitaire qualifiée.
En Algérie, beaucoup de secteurs restent sous-exploités, et nous disposons d’importantes opportunités dans d’innombrable secteurs tels que l’Oil and Gas, les énergies renouvelables, les mines, la pétrochimie, l’agriculture, lepharmaceutique, les services…
L’Algérie a pour ambition de s’ouvrir au monde et a par conséquent l’objectif stratégique de se développer à l’international, notamment en Afrique.
Nous considérons cet objectif africain comme une destinée naturelle et historique, l’Afrique pour l’Algérie, c’est bien plus qu’une appartenance géographique. Elle évoque, en réalité, des sentiments sincères d’affection et de considération, des liens humains et des relations de coopération fructueuse et de solidarité concrète.
La concrétisation de cette vision stratégique bénéfique, et sa traduction en actions concrètes doit amener l’ensemble des parties prenantes à s’investir dans cette nouvelle dynamique et créer des synergies créatrices de richesses.
Sur le plan régional, l’Algérie continuera à consolider et développer les échanges énergétiques régionaux, tant dans la direction du Maghreb, vers l’Europe que vers l’Afrique.
Nous développerons également, en partenariat toutes les opportunités d’affaires dans le cadre des interconnexions électriques, tel que la réalisation d’une interconnexion directe des deux réseaux de transport électrique entre l’Algérie et la Libye.
L’Algérie poursuivra ses efforts pour mener des projets de grande envergure qui stimuleront les investissements et les opportunités commerciales en Afrique où l’accès à l’énergie constitue un défi majeur (près de 650 millions d’habitants sans électricité).
Nous croyons fermement aux partenariats et à la coopération gagnant-gagnant qui consiste à créer de la richesse et à développer le savoir-faire et les compétences de la ressource humaine.
Cependant, toutes ces opportunités ne pourront être concrétisées que si nous pouvons créer un espace de prospérité partagée.
Pour ma part, je tiens à exprimer la disponibilité et la ferme volonté du secteur de l’énergie de contribuer au développement du partenariat stratégique par le biais de l’association de notre outil de production dans la mise en œuvre du programme national de développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique.
Je voudrais terminer mon intervention sur l’harmonie nécessaire qui doit guider les acteurs du secteur dans leur démarche de recherche de l’efficacité et l’efficience en vue de l’atteinte des objectifs stratégiques qui leurs sont fixés à travers les plans de déploiement précis.
Cette démarche doit en permanence être imprégnée d’une synergie positive et d’échanges devant assurer le partage des expériences et la mise en œuvre des solutions les plus performantes, dans un climat de sérénité, de confiance mutuelle et d’initiatives libérées.
A cet effet, il est impératif d’examiner toutes les opportunités de partenariat, ainsi que leurs mécanismes de financement devant aboutir à des montages innovants.
Il est indispensable aussi de partager les expériences des pays pionniers en la matière.