Contribution/ Des difficultés d’avoir de relations sereines avec la monarchie du Maroc
(*) Par Allaoua Bendif
Dès d’indépendance recouvrée, le royaume marocain nous a imposé la guerre des sables loin de toute forme de fraternité ou de culture de bon voisinage ou même de respect des principes de l’OUA, mais avec un cynisme très clair. Le Maroc est une monarchie: le pouvoir du roi y est héréditaire.
Il existe trois formes de monarchie:
-la monarchie absolue dans laquelle le pouvoir du roi est absolu, c’est à dire qu’il est sans limites et ne tolère aucun contrôle. Ce type de pouvoir monarchique est historiquement caractéristique du système féodal dans lequel, le roi, seigneur des seigneurs, de droit divin, a autorité absolue sur ses vassaux sur leurs fiefs et sur leurs serfs. Cette forme de monarchie a disparu avec l’explosion et la péremption du système d’organisation sociale féodale, l’avènement de la société capitaliste et des modes d’organisation sociale ultérieurs.
– la monarchie constitutionnelle : le pouvoir, toujours héréditaire, du roi n’est plus absolu: il s’exerce dans le cadre et dans les limites d’une Constitution, soumise au suffrage populaire.
– la monarchie parlementaire: le roi règne mais ne gouverne pas. L’exemple typique est fourni par le Royaume Uni, par la Belgique, par les Pays-Bas: la famille royale règne, elle conserve, à ce titre, ses privilèges royaux mais le pays est gouverné par un Exécutif élu au suffrage universel. Le roi ou la reine n’interviennent que symboliquement dans la conduite des affaires de l’Etat.
Cette configuration du pouvoir royal est le résultat de luttes politiques, syndicales et sociales.
Elle exprime le degré de développement multidimensionnel de la société britannique et le niveau de Progrès qu’elle a atteint dans le cadre d’un processus historique.
Les monarchies arabes en général, y compris le Maroc, n’ont pas connu ce processus historiques, ses luttes politiques et sociales. Ils n’en ont donc pas bénéficié pour avancer vers plus de démocratie et de Progrès politiques, sociaux et humains. L’usage, voire la manipulation politique de la religion et son intégration forte et opportuniste dans la gouvernance est, objectivement, un facteur actif du maintien de cet état de statut quo ante et cet immobilisme socio politique programmé.
On peut dire qu’ils se situent encore largement dans la forme de la monarchie absolue, au pouvoir sans limites réelles, celles de la Constitution étant globalement plus symbolique qu’autre chose.
Dans ces monarchies arabes, le roi s’implique très largement dans la conduite des affaires de l’Etat. Cela a le désavantage de l’exposer directement à l’impact de l’exercice du pouvoir d’une part et aux mouvements sociaux revendicatifs et autres jacqueries, d’autre part.
Les monarchies du Golfe sont puissamment protégées par les pétrodollars mais pas le Maroc.
Ces monarques arabes ont donc deux soucis majeurs: le premier, majeur et vital qui est de conserver leur pouvoir absolu, maquillé en pouvoir constitutionnel et le deuxième qui expose leur Autorité y compris royale, à l’usure du pouvoir et aux aléas de son exercice, par leur intervention forte dans la gouvernance nationale.
Dans la conduite de cette gouvernance, les alliances se feront donc que rarement avec les peuples et pour le peuple. Elles se feront prioritairement avec les puissants, au besoin contre le Peuple.
Le pouvoir monarchique s’exercera en priorité, au profit du roi et de la famille régnante, fût-ce au détriment du Peuple.
Les grandes lignes de la stratégie monarchique internationale se construiront aussi dans cet objectif absolu. Fût-ce contre les intérêts supérieurs Maghrébins, Arabes, Islamiques et Africains. Les exemples foisonnent dans ce domaine.
Les Conventions et autres Traités de défense commune obéiront également aux mêmes schémas prioritaires.
Il est significatif que les monarchies arabes se soient organisées entre elles et que le Makhzen reçoive l’appui des monarchies du Golfe, l’une auprès l’autre: elles défendent et défendront toujours, avec la dernière énergie, leur pouvoir royal et leur modèle d’organisation sociopolitique de monarchies absolues maquillées en monarchies Constitutionnelles.
Ainsi contextualisées, les relations avec notre voisin de l’Ouest, seront toujours bi phasiques par leur double déterminant: les impératifs propres à la sauvegarde du caractère monarchique absolu du pouvoir du roi et des exigences incompressibles de sa permanence et de sa continuité d’une part et de l’autre part, les relations normales d’Etat à Etat en tant qu’ensemble des pouvoirs d’autorité et de contrainte collective que la nation possède sur les citoyens et les individus Sur le plan juridique, « l’État peut être considéré comme l’ensemble des pouvoirs d’autorité et de contrainte collective que la nation possède sur les citoyens et les individus en vue de faire prévaloir l’intérêt général et le bien public commun et les intérêts nationaux supérieurs.
Il est objectif et réaliste de relever que face au Cartel monarchique arabe et à ses stratégies spécifiques, il n’existe aucune forme d’organisation contradictoire et fermer les yeux ou détourner le regard devant ce que fait ce Cartel monarchique en Syrie, au Yémen, en Libye et ce qu’il veut faire ailleurs, au Moyen Orient et au Maghreb, dans le cadre de la Normalisation avec Israël, par rapport à la judaïsation totale d’El Qods etc…est une forme de myopie porteuse de risques.
La problématique du Sahara Occidental, qui a longtemps été le «Sahara Espagnol» sans que la monarchie marocaine n’y voit d’inconvénient relève de cette lecture, et par conséquents, beaucoup de nos problèmes de «voisinage».
(*) Allaoua Bendif
Fils de Chahid
Docteur en psychologie Clinique
Enseignant universitaire à la retraite.
Auteur de : « Violences Algériennes «, Koukou Editions. Octobre 2019