Contribution
Du double assassinat de la cause palestinienne…
En Terre d’Humanité, aujourd’hui, la violence est tristement devenue monnaie courante. Cependant, pire encore que la violence elle-même, il y a l’indifférence. A commencer par l’indifférence des médias. Des médias qui ne sont devenus qu’un relai déformé de l’information réelle. Ôtant ainsi à cette dernière toute sa véritable substance pour n’en faire qu’une affligeante propagande au service d’idéologies politiques des deux poids deux mesures. Choisir sur quel drame humain nous décidons de mettre les projecteurs du monde , implique que l’on fasse volontairement de l’ombre à tous les autres. A tort et très injustement. Ainsi, la médiatisation sélective des misères humaines n’est jamais sans conséquences. En plus de conditionner l’humain à n’éprouver de la peine qu’en fonction du diktat médiatique imposé, elle appauvrit les esprits citoyens de toute forme de compassion exprimée. Hiérarchiser les souffrances, prioriser les secours, tuent la neutralité dans l’œuf et fait reculer nos démocraties. Parce que la véritable empathie coule ses larmes devant chaque drame, sans distinction, sans géométrie variable ni propagande politique. L’objectivité voudrait aussi que la tristesse ressentie pour le conflit ukrainien soit tout aussi forte devant l’occupation subie par le peuple palestinien. Que chaque vie ôtée procure la même douleur indépendamment des origines, des religions et des couleurs de chacun. La neutralité médiatique, mère de la bonne information, n’oserait pas nommer la colonisation par autre chose que son propre nom, les meurtres ne seraient pas déguisés en «conflits» et la volonté d’indépendance des peuples n’aurait rien d’assimilable aux actes «terroristes». Sans quoi l’information n’est plus qu’une illusion médiatique, outil rusé de manipulation. Et par ce biais, la cause palestinienne est morte au moins deux fois. La première fois, de la barbarie. La deuxième fois, du tragique silence médiatique.
Nacer Khabat
Président de MOUDAF (Mouvement Dynamique des Algériens de France), membre de l’Observatoire de la Société Civile.