Contribution/ La bonne gouvernance se mesure par le niveau de transparence, d’anticipation…
Par Hassen KAcimi
La bonne gouvernance se mesure par le niveau de transparence, d’anticipation et de planification, dans la gestion, en période de crise, des affaires de la Nation, qui fait la force des États.
Quand il y a absence de transparence, on est naturellement en présence d’une mauvaise gouvernance.
La modernisation et la numérisation de la gestion du secteur de la santé sont confrontées, dans les hôpitaux, à une situation de désordre qui ne permet pas d’avancer, avec célérité, pour la réalisation du programme du gouvernement.
En matière de gouvernance, la surprise est un scénario qui est prévu dans tous les schémas de gestion d’une crise, et à ce titre, les pouvoirs publics ne sont en réalité pas surpris, puisque tout a été anticipé et organisé, dans des protocoles opérationnels, où l’imprévu n’a pas de place.
Dire que nous avons été surpris par l’augmentation du nombre de malades dans nos hôpitaux, exprime aussi une absence d’anticipation qui peut être redoutable.
La concertation et la coordination de l’action des pouvoirs publics, en période de crise, doit être performante et encadrées par des experts, de haut niveau.
L’organisation des interventions, en période de crise, doit être définie et validée, à tous les niveaux, pour éviter de rallonger le temps de la crise et l’ampleur de ses effets dévastateurs.
Elle ne doit surtout pas être déléguée à des agents, ne faisant pas autorité en la matière, et ne disposant pas de qualifications reconnues.
Ce qui s’est passé en Algérie, n’a pas épargné d’autres pays, disposant de moyens plus importants, qui ont subi cette pandémie, dans la douleur, et le châtiment, comme le diraient les hommes de la religion.
En ce qui concerne notre pays, la gestion de cette pandémie particulièrement, la troisième vague, a mis en évidence des couacs regrettables, dans la gestion, qui se sont manifestés, par une absence de coordination, de planification, et le retard dans la prise de mesures urgentes, dictées par une situation sanitaire des plus périlleuses.
En période de crise, donner une bonne information est la première condition, pour avoir le soutien et l’adhésion des populations.
Dans le feu de l’action, on a entendu des déclarations improvisées, et contre productives, qui ont soulevé l’ire des malades et des populations.
La communication est un métier, et un sujet trop délicat, particulièrement quand on gère les affaires de la nation, et quand on s’adresse à la population.
Ceux qui disent qu’il n’y a pas de crise d’oxygène, doivent expliquer aux malades pourquoi l’oxygène n’arrive pas dans tous les hôpitaux, et expliquer aussi pourquoi tous les malades, en détresse respiratoire, n’arrivent pas à trouver une place dans les hôpitaux ?
Plusieurs hôpitaux ont été privés d’oxygène, pendant plusieurs jours.
Des nourrissons en détresse respiratoire, des opérés et des malades du Covid , ont fait les frais d’une très mauvaise gouvernance , du secteur de la santé .
Une bonne programmation des hôpitaux, en oxygène, a fait aussi défaut, et cela a engendré une cacophonie indescriptible, ayant privé plusieurs wilayas, en oxygène, pendant plusieurs jours.
Dans ce chapelet de critiques positives, adressé au secteur de la santé , on doit être juste dans nos évaluations, et on doit absolument tirer le carton rouge là où il faut, pour dire que la responsabilité est aussi collective, et que le non respect des consignes sanitaires est une défaillance du simple citoyen.
On a assisté à un relâchement spectaculaire des populations, qui se sont laissées aller vers des comportements dangereux, dont les conséquences ont été fatales.
Personne ne peut le nier, puisque beaucoup d’hôpitaux ont connu des ruptures de stock en oxygène, ayant provoqué la mort de malades.
Le Pr Salah Lellou de l’EHU d’Oran affirme que des malades sont morts, faute d’oxygène. Cela est identique dans d’autres d’hôpitaux.
Cela est d’une gravité sans précédent, et on ne doit pas classer cela, dans le chapitre des faits divers.
La justice doit intervenir …..
Tous les experts n’ont cessé d’alerter et d’informer sur le problème de l’oxygène, qui s’est posé, à partir de juillet 2020.
Ils ont prêché dans le désert, personne ne les a écoutés….
En pareille situation, l’information doit être gérée avec professionnalisme, et surtout éviter de communiquer des informations erronées, qui vous décrédibilisent et vous affaiblissent.
Une bonne communication, en matière de gestion de la crise est fondamentale. Elle permet de gagner en crédibilité, et en sympathie, auprès des populations, et surtout de nous corriger à temps.
Le retard dans le lancement d’une vaccination massive est aussi un autre facteur, que nous mettrons dans la rubrique des pertes et fracas.
La planification qui constitue l’épine dorsale de l’action gouvernementale, doit nous permettre de définir les priorités, sans se tromper, et mobiliser les ressources nécessaires, sur des projets utiles et vitaux, à la population.
Ce segment dans la gestion a été plus ou moins négligé, et son absence a produit des dérapages et des situations dangereuses, à notre sécurité nationale.
L’absence d’anticipation et une écoute peu forte, des praticiens, confrontés dans les hôpitaux, à une multitude de contraintes, ont fait que ces derniers ont souvent prêché dans le désert.
La réforme du secteur hospitalier et la revalorisation du statut des personnels de la santé, sont des chantiers urgents, que nous devons entamer, sans attendre, pour améliorer le statut du personnel de la santé, la qualité des prestations de service public et les conditions d’accueil des malades.
C’est dans ces conditions qu’on pourra être plus performants, dans la prise en charge du malade, dans des conditions décentes et dignes.
Maintenant que nous avons reçu, avec beaucoup de brutalité, le choc de la troisième vague, on doit faire les compte, les évaluations, corriger tous les dysfonctionnements, prendre toutes les mesures nécessaires, et nous préparer à la quatrième vague du Covid 19.
Ce qui s’est passé durant la troisième vague, au niveau de nos hôpitaux, a été un cauchemar et une détresse, des familles, des malades, des directeurs d’hôpitaux , que nous ne devons plus revivre, pour garantir la dignité et la protection des Algériens .
Si des moyens importants ont été mobilisés par le président de la République, il faut reconnaître que le gouvernement sortant a beaucoup hésité et il n’a pas programmé la prise en charge des urgences qui étaient connues.
Mobiliser des ressources pour le bien être de la population est une bonne chose, mais pour que cela soit plus efficient, on doit accompagner l’action des pouvoirs publics, par une organisation infaillible.
Dans tout ce diagnostique, nos critiques n’enlèvent en rien au mérite des personnels de la santé et du ministre, qui ont livré une bataille ardue, contre cette pandémie, mais qui n’ont pas été soutenus par une organisation et une logistique adéquates.
L’objectif de mon intervention est d’attirer l’attention sur les défis à venir, qui seront encore aussi lourds que dangereux, nécessitant pour cela, des hommes compétents , patriotes et une organisation presque parfaite .
Je ne terminerai pas ma modeste contribution, sans dire un mot sur les pirates de la mort, qui ont détourné l’oxygène, destiné aux malades, pour le vendre sur le marché noir.
Sur ce sujet, les pouvoirs publics sont interpellés pour sévir avec toute la rigueur et la force de la loi, pour punir ces mercenaires, qui sont capables de tout vendre, y compris notre dignité et notre sécurité.
Ce qui s’est passé durant cette troisième vague du Covid 19 est aussi valable dans tous les autres secteurs.
L’imprévu doit être banni et érigé en délit ….
La prévision, la planification et l’anticipation, doivent être le moteur de notre action, présente et future, pour assurer la sécurité de la nation Algérienne.
En ces moments très pénibles, qui ont vu une population entière se solidariser avec l’Etat, face à l’infortune et à la douleur, je présente mes condoléances les plus attristées aux familles des victimes du Covid 19 .
Hassen Kacimi