Contribution/ L’Afrique ou le Péril Noir
Par Miloud Boumaza*
Sans doute atteints de daltonisme ou souffrant de phobie de certaines couleurs, les occidentaux se croient permis de repeindre le monde selon leurs fantaisies.
Ainsi, pour les États indociles, leurs gouvernements se verront renversés après des révolutions de couleur ou encore imposés l’arc-en-ciel LGBT. Quant aux concurrents directs et sérieux, cette menace sera schématisée, pour ne pas dire caricaturée, sous le concept de “péril” auquel on accole un adjectif de couleur.
Ainsi après le “péril rouge” (l’URSS), l’on a vu surgir le “péril vert” (Islam). Or si le “péril jaune” (Chine) est présenté comme le principal défi de l’heure, c’est bel et bien le “péril noir”, l’Afrique, qui est au centre de toutes les préoccupations. Car une indépendance et une souveraineté de continent constituerait en réalité la véritable menace existentielle pour l’occident. En effet, plus question dès lors de matières premières bon marché ou même gratuites dans certains cas.
Le narratif autour du conflit ukrainien n’est en effet que désinformation et détournement du véritable enjeu qu’est le continent africain. Les annonces de livraisons d’armes et autres gesticulations ne sauraient faire oublier que la Russie est tout d’abord un territoire plus vaste qu’un continent, qu’elle est dotée en abondance de toutes les ressources naturelles possibles, qu’elle est la 1ère puissance nucléaire au monde et par conséquent elle ne pourra en aucun cas être vaincue. Nous dirons même qu’elle ne DOIT pas être vaincue ou même mise en difficulté car un ours est d’autant plus dangereux qu’il blessé.
N’oublions pas que l’arsenal nucléaire russe est le plus important de la planète et que quelques missiles (supersoniques) suffiraient à anéantir la petite Europe et les minuscules États qui la composent.
Quel est alors l’objectif de la guerre que l’OTAN, à leur tête les USA, mène contre la Russie par Ukraine interposée ?
De la même manière que la crise taïwanaise, ces 2 conflits ne servent qu’à fixer les principaux partenaires des pays africains dans d’autres théâtres d’opérations et ainsi les éloigner du continent afin d’en retarder le développement. La Chine et la Russie sont en effet complémentaires et essentiels aux pays africains pour permettre un réel décollage économique, la Chine investissant dans les infrastructures et les industries, et la Russie assurant la sécurité militaire par ses fournitures d’armements performants aux armées nationales.
D’ores et déjà, l’on apprend que des armes sensées destinées à l’Ukraine se retrouvent au Sahel et dans d’autres régions d’Afrique. Or il est peu vraisemblable que celles-ci puissent “disparaître” et subitement apparaître dans nos voisinages sans que les puissances occidentales n’en aient connaissance ou qu’elles en aient tout bonnement donné l’ordre, pas plus que les mouvements de “jihadistes”, qui sont transférés de Syrie en Libye, et au Sahel.
C’est donc que la stratégie du chaos et du conflit perpétuel est plus que jamais à pied d’œuvre afin de justifier l’intervention impérialiste et l’établissement de bases militaires et ainsi continuer le pillage des ressources naturelles du continent.
Quoi qu’il en soit, force est de constater que le flux d’armes à destination de l’Ukraine prend une fâcheuse tendance à dévier de sa trajectoire pour se retrouver à nos portes. À charge dès lors à nos dirigeants africains de prendre leurs dispositions pour aider à éliminer à la source ces menaces à notre sécurité… “by any means necessary”.