Contribution/L’Algérie doit gouverner le présent, anticiper le futur, et se projeter en force, d’ici la fin du siècle
Par (*) Hassen Kacimi
Dans un siècle, nous ne seront plus de ce monde, mais personne ne peut nous empêcher de rêver, comment sera notre pays, d’ici là. Nous avons le devoir moral et humain, de préparer les meilleures conditions, aux générations futures, qui scanderont toujours, dans la joie :
« One, two, three, viva l’Algérie ».
L’avenir préoccupe tous les gens censés, qui travaillent très dur, pour se mettre à l’abri de l’infortune, et des vicissitudes du temps, avec la ferme volonté de mettre nos enfants, notre famille ou notre pays, à l’abri des tragédies de la vie.
La situation du monde préoccupe toutes les personnes censées qui pensent que le monde chavire. Il risque d’être emporté par la folie des gouvernants des pays les plus riches, et les plus puissants. Davos, le Club des pays riches, doit recevoir la distinction de la maltraitance du monde, incapable de faire face à une pandémie, qui envoie les populations mondiales vers l’abattoir.
Le monde est posé sur une poudrière nucléaire, qui peut exploser à tout moment, effaçant d’un trait les traces de toute l’humanité.
Tous les indicateurs mondiaux sont au rouge, a commencer par les conflits et les crises, opposant les superpuissances, dans la redéfinition de nouvelles zones d’influence, de manière brutale et violente, en Ukraine, en mer de Chine, dans la mer noir, en Asie, dans le monde Arabe et en Afrique.
Il y’a un postulat qui se confirme, avec le temps, indiquant que les crises et les conflits sont producteurs de migration massive. L’Europe et les États Unis, barricadent leur frontière, pour ne pas subir les conséquences de leur politique belliqueuse, de destruction des États, les plus faibles.
Ce n’est pas les migrants qui se déplacent, parce que la typologie de la migration a évolué. C’est des peuples entiers qui se déplacent, cherchant des territoires de substitution et la sécurité, dans le but de s’installer durablement.
Au sud du pays, la cohésion sociale est menacée, par l’arrivée massive de migrants, qui risquent de rendre minoritaire les populations Algériennes, favorisant à moyen terme l’apparition de mouvements irrédentistes, Subsahariens, au niveau de nos localités frontalières.
Le monde se dirige il , dans un avenir non lointain, vers une confrontation entre des peuples, réfugiés et désespérés, de culture différentes, qui se disputeront, pour l’occupation de territoires, cherchant de nouveaux moyens de subsistance, pour survivre?
La survie des populations, est à l’ordre du jour, dans les nouveaux défis climatologiques, qui s’annonceront redoutables, dans le Sahel et en Afrique, qui croulent sous le poids d’une dette abyssale, d’environ 500 milliards de dollars, menaçant l’existence de plusieurs États.
Les pays Africains connaissent une démographie exponentielle, menaçant la croissance et la sécurité alimentaire de leur population. Ces pays ont été incapables d’assurer une transition démographique, pour répondre aux besoins létaux de leur population. Les ingérences étrangères, sous toutes leurs formes, constituent l’instrument le plus moderne, d’affaiblissement des États et de domination des populations.
L’occident est à court de matières premières, et il doit assurer sa survie et sa suprématie, en dominant les pays pauvres, mais riches, en matières premières. La sécurité alimentaire est un défi stratégique de chaque Etat.
Dans le monde arabe, on recense déjà, environ, 140 millions de personnes, en difficulté alimentaire, et 270 millions d’Africains, en détresse alimentaire. Cette tendance doit s’aggraver et évoluer vers des scénarios de détresse humanitaire, à grande échelle.
L’Algérie a une population qui augmente chaque année, d’un million de personnes. Les pouvoirs publics doivent tenir compte de ce facteur, pour programmer les infrastructures socio-économiques de base, devant répondre, à temps, aux besoins des populations.
La détresse alimentaire est un phénomène mondial qui se développe, maintenant, sur tous les continents. L’Algérie doit répondre aux défis futurs, dans les domaines sanitaires, alimentaires, particulièrement dans les filières des céréales, du lait et des viandes.
Les États nantis ignorent superbement une telle évolution mondiale crisogéne. La pauvreté et la famine poussent des peuples entiers à rejoindre les frontières des pays nantis.
Dans ces situations, l’occident sera incapable de garantir le bonheur et la sécurité de ses peuples, au moment où le reste du monde croule sous la famine, la pauvreté et les guerres.
Dans le siècle à venir, l’Algérie doit tenir compte de tous ces indicateurs, pour assurer son existence et sa survie, face à des périls, à grande échelle, enfantant la violence et la criminalité transnationale, de grande ampleur.
Pour l’Algérie, la première action urgente à concrétiser, est de passer rapidement vers une gouvernance, par l’élite et par le savoir, pour anticiper tous les phénomènes sociaux, économiques et politiques et sécuritaires, qui se dérouleront dans notre pays, dans le futur.
Les pouvoirs publics sont interpellés pour réaliser, en 2022, toutes les réformes structurelles, devant nous permettre de passer vers l’économie numérique, indispensable à un climat des affaires, aux standards internationaux.
Les réformes n’avancent pas au rythme des exigences du pays. Cela constitue une préoccupation majeure. Gérer le présent, c’est aussi préparer un futur, vivable et supportable pour tous.
Le Président de la République a raison de faire de l’année 2022, l’année de l’économie, mais en matière de stratégie, l’économie doit être au cœur de l’action gouvernementale, pour toutes les décennies à venir, en vue de faire de l’Algérie, un pays en mesure d’engranger des recettes de 300 milliards de dollars, chaque année, comme le fait la Turquie .
En matière de sécurité, les aspects en relation avec cette thématique, doivent être traités avec célérité, dans le temps et dans l’espace. Des organisations subversives, telles que le MAK et Rachad, qui ont activé pendant plusieurs années, sur le territoire national, avec beaucoup d’aisance, n’ont pas reçu le traitement adapté à une telle menace.
Toute activité subversive, doit être systématiquement inscrite sur la liste des activités terroristes et criminelles.
Il est urgent de mettre en place, au sud du pays, des zones économiques libres, au niveau des wilayas de Tamanrasset, d’Adrar , de Tindouf , d’Illizi et de Djanet, avec des partenariats stratégiques, devant nous permettre de nous redéployer fortement en Afrique, avec des produits Made In Algeria.
L’Algérie n’est pas un pays uniquement gazier, ou pétrolier. C’est à ce niveau où ont toujours résidé toutes nos carences, en matière de stratégies de développement.
L’Algérie est un grand pays minier, qui dort sur plus de 25% de terres mondiales, rares, non encore exploitées.
Les terres rares produisent des matières premières, destinées à la haute technologie, et qui ne sont pas cotées en bourse. Le pays qui possède des terres rares, comme la Chine où le Canada, fixent seuls, les prix sur les marchés internationaux.
La mise en place d’une industrie de transformation de nos matières premières, doit permettre d’augmenter, notre plus value et nos bénéfices.
Le développement du secteur minier est inévitablement suivi par la création, au sud du pays, par de nouvelles villes, comme Hassi Messaoud et Ain amenas. L’Algérie doit construire une autre capitale politique, en dehors d’Alger, pour sécuriser les institutions stratégiques et névralgiques du pays.
Le lancement de Mégas projets, pour l’exploitation du fer, du phosphate, de l’or, du diamant, du zinc, et d’autres minéraux rares, et là réalisant des infrastructures stratégiques, telles que le port de Hamdania, le chemins de fer de la boucle du sud, reliant le nord, les haut plateaux et les wilayas frontalières, le gazoduc Nigeria- Algérie, la fibre optique vers l’Afrique, sont les leviers du redéploiement économique de l’Algérie. Ce sont des projets de haute importance, devant permettre de densifier les territoires, particulièrement ceux du sud, pour mieux les administrer, dans le futur.
La survie de l’Algérie, dans le futur, ne peut être garantie que par un État fort, moderne, en mesure de faire de la discipline une culture et d’organiser, dans la paix, les alternatives politiques, pour renforcer notre puissance économique.
Les grands stratèges et idéologue russes n’ont jamais pensé que le communisme allait s’effondrer, et qu’une bonne partie des pays de l’est, allait être engloutie par l’Europe occidentale.
L’Union Européenne s’étend dangereusement sur les zones d’influence traditionnelles russes, risquent de provoquer une déflagration épouvantable. L’Algérie doit penser tous les scénarios futurs, dans le détail des hommes avertis.
Le monde est passé de l’aire des idéologies, à l’aire de la domination du capital et du commerce.
Les États qui ne seront pas en mesure de se financer, sont condamnés à disparaître des radars, en cédant leur souveraineté et leur existence, aux nations fortes. Ce sont ces conditions qui peuvent garantir l’existence de notre pays, dans un siècle, contre toutes formes de conflits, de crises, et de tout séparatisme, de nature ethnique et racial, au nord et au sud du pays.
Il y’a un repaire que ne doivent jamais oublier nos gouvernants, s’ils veulent sortir par la grande porte de l’histoire. C’est ce testament que m’avait fait un jour, un ami, professeur de psychologie, en me disant :« j’ai étudié la psychologie des Algériens, depuis la nuit des temps, et je suis arrivé à la conclusion suivante : l’Algérien est un éternel rebelle , contre l’injustice et la tyrannie ».
C’est un peuple qui ne peut être apprivoisé que par la justice; c’est pourquoi la justice est rendue au nom du peuple, comme vient de le rappeler le président Abdelmadjid Tebboune.
Tant que la Harga dure dans notre pays, cela ne peut être considéré que comme un échec de notre gouvernance. Ce phénomène doit être absolument inversé, pour voir inchallah, le retour massif des Algériens, vivant la ghorba, à l’étranger. Nos concitoyens à l’étranger, pleurent l’Algérie, qu’ils ont quitté par désespoir, et par la faute de gouvernants qui nous ont trahis.
L’Algérie doit absolument se pencher, sérieusement, pour préparer l’avenir, et pour cela, il faut rédiger le manuel du futur, avec le concours de tous nos savants, qui seront réunis, sous le patronage du président de la république, pour énoncer la démarche à suivre, dans la sérénité, dans la quiétude, avec la foi de ne pas trahir le serment de nos Chouhadas, qui ont sacrifié, ce qu’ils ont de plus cher, pour que vive l’Algérie, libre et indépendante.
C’est aussi le testament de nos premiers aïeuls, Massinissa, et la grande épopée millénaire de ce peuple, qui a résisté héroïquement, à toutes sortes d’invasions et de colonisations.
C’est dans ces conditions, dans un siècle, les enfants de nos enfants, hériteront d’un pays debout et fier. Ils auront la lourde tâche de protéger ce pays, pour en faire une grande force économique, avec qui il faudra compter et composer.
Belmadi et Bougherra, notre merveilleuse jeunesse, ont fait renaître la joie, et l’amour de la patrie, malgré toutes les trahisons passées, démontrant qu’on peut être les meilleurs.
Cette dynamique, dans une conjoncture mondiale, truffée de scepticisme et de soumission, doit être promue et renforcée. Place aux combattants du désert, le challenge n’est pas impossible, il est à notre portée !
(*) Hassen Kacimi
Expert international des flux migratoires
Expert du Sahel et de la gestion des crises