Contribution/ L’Algérie et le nouvel ordre mondial
Par Miloud Boumaza
Nous contestons ce monde qui s’est fait sans nous», Houari Boumediène
«L’Empire» sur les pas du 3ème Reich ?
En 1620, un groupe de colons puritains (fanatiques originaires d’Angleterre) débarquaient du Mayflower sur les côtes américaines où ils projetaient de fonder «une nouvelle Jérusalem».
Confrontés à des conditions de vie auxquelles ils n’étaient pas préparés, ils seront sauvés in extremis de la famine et de l’extinction par une tribu indienne qui leur enseigna l’art de cultiver le maïs (seule céréale adaptée au climat) ainsi que la pêche et la chasse.
Quelques années plus tard, en guise de remerciements (ce sera une tradition), les colons américains perpétreront un véritable génocide contre les autochtones, notamment durant leur conquête de l’Ouest.
Ainsi, l’histoire des États-Unis est, dès sa genèse, marquée par la violence et une volonté expansionniste théorisée dans une doctrine prétendant la couvrir d’un vernis messianique : le fumeux, excusez le lapsus…, le fameux «manifest destiny».
Aujourd’hui plus que jamais, cette doctrine est à l’œuvre au travers d’une prolifération frénétique de bases militaires aux 4 coins du monde, particulièrement à la périphérie de ses 2 principaux rivaux : la Chine et la Russie.
Or celle-ci a de tout temps constitué l’écueil sur lequel ont échoué tous les prétendants à la conquête du monde, de Napoléon Bonaparte à Adolf Hitler.
Ce dernier, notamment, dont les victoires foudroyantes lui conféraient une aura d’invincibilité, a vu ses rêves d’établir le «Neuordnung» («nouvel ordre» dans lequel l’économie mondiale serait soumise à la direction de l’Allemagne) balayés d’un revers de patte du puissant ours russe.
Aussi les USA, reprenant à leur compte le concept nazi de «new order», devraient-ils méditer cet exemple et rechercher la coopération plutôt que la confrontation avec la Grande Russie s’ils ne veulent pas connaître le sort de leurs prédécesseurs.
«Rien ne se fera sans l’Algérie», Abdelmajid Tebboune
En déployant une carte des présences militaires dans le continent, force est de constater que l’Algérie est également cernée par des bases de l’OTAN dans lesquelles s’effectuent périodiquement des exercices combinés de grande ampleur (African lions au Maroc, exercices navals en Méditerranée), jusqu’à l’entité sioniste qui projette d’établir une base militaire à quelques encablures de nos frontières en territoire marocain.
Est-ce un hasard si on retrouve les mêmes protagonistes menant les mêmes luttes qu’autrefois, l’Algérie et la Russie luttant pour l’émancipation des peuples et, de l’autre côté, le camp impérialiste qui fomente et perpètre toutes les bassesses pour les maintenir dans la soumission ?
L’instabilité règne dans tous les états limitrophes. Le royaume du Maroc, où des soulèvements sporadiques sont sévèrement réprimés (et qui d’ailleurs est en guerre avec la RASD), ne fait pas exception.
Ainsi jouissant de sécurité à l’intérieur de ses frontières, d’une situation géographique la désignant comme un acteur incontournable de toute stratégie africaine et d’une notoriété de médiateur expérimenté, l’Algérie, qui maîtrise par ailleurs les dossiers régionaux, s’impose comme un partenaire crédible et privilégié dans ce jeu d’influence des grandes puissances.
Elle se propose, d’ailleurs, de bouleverser cette division internationale du travail qui maintient la majeure partie de l’humanité sous la dépendance et dans la soumission à un groupe d’autoproclamés maîtres du monde.
Un monde où l’Afrique n’a pas droit au chapitre, et n’a pas de voix dans une organisation qui prétend régir les rapports internationaux.
C’est pourquoi l’Algérie réclame une réforme structurelle et fonctionnelle de l’institution onusienne pour octroyer au moins un siège à l’Afrique au conseil de sécurité de l’ONU et réparer cette injustice qui veut que tout un continent est exclu de toutes décisions, même celles le concernant.
« Nous sommes la puissance régionale» avait martelé le général Chanegriha et donc rien ne se fera sans l’Algérie « dans une région qui l’impacte directement contrairement à ces parties externes intervenant à des milliers de kilomètres de leurs frontières et contribuant à compliquer au possible une situation déjà bien inextricable».
Exportateur de paix
Aux antipodes des politiques d’ingérence occidentale, l’Algérie entend peser de tout son poids pour promouvoir la paix et prône des échanges équilibrés entre nations traitant d’égal à égal pour une prospérité partagée.
Forte de son expérience des vicissitudes d’une histoire combien douloureuse, l’Algérie sait mieux que quiconque les crises multidimensionnelles que connaissent ses voisins ainsi que les moyens d’y remédier.
Du reste, l’Algérie jouit d’une estime et d’un certain prestige, notamment au regard de son histoire révolutionnaire, de son soutien constant en faveur des causes justes (en 1er lieu les questions palestinienne et sahraoui), et sa position équilibrée, à équidistance des intérêts et pressions exercées par les grandes puissances.
Ainsi, l’Algérie est appelée au chevet d’un monde secoué de convulsions, où l’exacerbation des rivalités entre grandes puissances pour le leadership et le contrôle des matières premières ont allumé de multiples foyers de tensions et des conflits qui n’attendent qu’une étincelle pour finir en conflagration mondiale.
La communauté internationale est bien consciente de l’importance de l’Algérie. Elle sollicite son expérience, la consulte sur les questions régionales et au-delà. Mais par dessus tout, sa position de neutralité est non seulement appréciée de la plupart des chancelleries mais elle est également vivement souhaitable, car de celle-ci peut dépendre le sort du monde.
Son basculement dans un camp ou dans un autre amènera nécessairement à rebattre les cartes mais peut-être aussi constituer un détonateur de la 3ème guerre mondiale.
D’autant que l’Algérie est avec son allié Russe l’un des principaux fournisseurs de gaz de l’Europe. Celle-ci ne peut donc être en brouille avec les deux alliés en même temps sans compromettre son développement.
Dans ce monde aux multiples menaces et défis, l’Algérie émerge donc comme un acteur central dans ce jeu d’équilibre et un pôle de stabilité.
Et, portée par ses valeurs universalistes et humanistes, l’Algérie est en quelque sorte destinée à œuvrer à l’émergence d’une nouvelle ère de paix, de prospérité, basée sur le respect des peuples, et des rapports justes et équilibrés entre les états. C’est bien là le rôle d’une véritable puissance, et sa place naturelle.