Contribution : LES MASSACRES DU 08 MAI 1945, POUR QUE NUL N’OUBLIE LE GÉNOCIDE FRANÇAIS
En cette première commémoration de la journée nationale de la mémoire, en souvenir des ignobles massacres du 08 mai 1945 alors que le monde entier célébrait au même moment la victoire sur le nazisme dans la joie et l’allégresse, on ne peut s’empêcher de rappeler qu’un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre.
Car l’histoire est la mémoire d’une nation. La mémoire fait partie de notre être, oublier, c’est mutiler son âme, c’est dessécher son cœur ; oublier c’est cesser d’être homme ou femme, c’est cesser d’être une nation.
La mémoire est la faculté qui retient les choses, c’est l’étui, de l’histoire, de la science, de la culture et de l’identité. L’autre devoir par rapport à l’histoire de la nation et du monde, c’est d’enseigner et de transmettre. Il ne faut pas oublier que l’Algérie à l’aube de l’indépendance, et après les lourds sacrifices consentis pour sa liberté, fut une jeune nation idéaliste, devenant la Mecque de tous les révolutionnaires et oppri- més du monde.
En réalité, la Déclaration de Novembre fut non seulement un texte national fondateur mais aussi visionnaire et universel. Après l’indépendance, quel qu’en soient les difficultés vécues à l’époque par le pays et les dissensions in- ternes, l’Algérie, en tant que république indépendante issue de la proclamation de Novembre, l’ Algérie de Ben M’hidi, de Zabana, de Mustapha Ben Boulaid, de Amirouche, de Didouche Mourad, de Hassiba Ben Bouali, de Fernand Yveton, de Franz Fanon et de Djamila Boupacha avait fait preuve d’une solidarité active et agissante sans pareille dans le concert des nations, à l’égard des mouvements de libération disséminés à travers le globe,
des révolutionnaires vietnamiens, cam- bodgiens, laotiens, au Québec libre, en passant par les révolutionnaires sud-amé- ricains contre les dictatures, les révolutionnaires chiliens, argentins, uruguayens, brésiliens et péruviens, sans oublier les mouvements africains contre le colonia- lisme portugais, espagnol, ou contre l’apartheid criminel avec la présence dans ses maquis du légendaire Nelson Mandela et bien entendu, en premier lieu, contre le colonialisme sioniste qui est venu se greffer en Palestine, en tuant, massacrant et expulsant les populations autochtones, parce qu’il est le plus abject, instrumenta- lisant d’autres souffrances, et l’actualité nous le rappelle encore aujourd’hui avec une véritable épuration ehnique menée à Jérusalem .
Sans occulter les mouve- ments autonomistes européens ou en lutte contre les dictatures, comme le FLNCorse, les Basques, les Bretons, le PSOEspagnol, les Grecs, ou les Irlandais, le MPAIC , mouvement autochtone de libération des Iles Canaries, les mouvements blacks américains comme les blacks panthères en lutte pour l’égalité ou les droits civiques dans une Amérique prétendument démocratique qui excluait pourtant près du tiers de sa population en raison de la couleur de la peau ou de l’origine « raciale » et dont nous voyons encore les conséquences aujourd’hui. Et le rêve n’est pas arrêté, malgré les tourments et les soubresauts vécus par le pays depuis 59 ans.
Le colonialisme, malgré sa force et ses violences, n’a pas tenu devant la dé- termination, la résolution du peuple algérien, qui n’a pas lésiné sur les sacrifices, et les abnégations pour se libérer. Massacres, enfumades, décollation des têtes, déportations, emprisonnements, tortures, dépossession de l’identité nationale, spoliation des terres et des biens, code de l’indigénat, déplacements des popula- tions, conscription forcée, ségrégation sociale, économique, culturelle et spatiale, falsification de l’histoire du pays, dépravation des cimetières et des lieux sacrés, prédation des ressources naturelles, forestières et agricoles, et la liste des « bien- faits » de l’œuvre civilisatrice du colonialisme est encore longue.
Afin que nul n’oublie. Honorer la mémoire de nos martyrs, rendre hommage à ceux qui se sont battus pour libérer le pays, est un devoir national, une exigence inaliénable, qui n’est marqué par aucun ressentiment, aucun esprit de revanche ou un quel- conque populisme démagogique.
Cette constante transcende les régimes politiques qui se sont succédé à la tête du pays, car c’est l’attachement indéfectible d’une nation entière et de toutes les générations postindépendance aux valeurs de li- berté et de justice, et donc de la restauration de l’indépendance du pays, selon la déclaration de Novembre.
La lutte avait été implacable, car la glorieuse guerre de libération a été invincible, par l’adhésion populaire, par le sacrifice des martyrs, par le courage des moudjahidines et des fidaiyines, par le bruit des armes, par les actions des moussebilines, par le combat diplomatique, par l’engagement culturel, par l’engagement sportif, notamment de la mythique équipe de foot-ball du FLN historique, par la grève générale, par les manifestations populaires, par l’intransigeance face à un ennemi perfide et criminel, qui n’a pas lésiné sur les moyens militaires, violents, persuasifs, psychologiques, l’abjecte torture et les dis- paritions et les exécutions sommaires pour casser la détermination des Algériens.
Le colonialisme a usé de tous les stratagèmes pour perdurer, tentant de diviser les Algériens, tentant de diviser le pays, vainement. Enfin, si le choix s’est porté sur la date du 5 juillet, pour fixer la date d’indépendance, proclamée en fait 2 jours plutôt, c’est pour que l’histoire l’inscrive à jamais comme le glas du colonialisme, pas celui de la « conquête » coloniale.. Un peuple qui oublie son passé se condamne à le revivre.
59 ans après l’indépendance, 67 ans après le déclenche- ment de la guerre de libération nationale , 76 ans après les massacres du 8 mai 1945 l’Algérie est entrée dans une nouvelle ère, et malgré les tourments, les tra- gédies, les soubresauts, et avec les avancées, un vent nouveau souffle sur le pays, l’esprit de Novembre revit dans la rue, dans la nation, le rêve est d’actualité, la construction d’une République démocratique et sociale, une société plus libre, plus juste, inscrite dans la modernité, sans renier ses identités.
Par notre correspondante à Paris Yamina HOUMAD