Contribution/ Les raisons impérieuses à prendre en charge par les présidents Africains, pour mettre en œuvre l’acte constitutif de l’Union Africaine
(*) Par Hacene Kacimi
Au delà de la pertinence et de la légalité de la suspension de la qualité de membre d’observateur de l’entité sioniste, au sein de l’Union Africaine, des problématiques importantes doivent être à froid, soulevées et examinées, avec sérieux et attention.
L’Afrique se trouve à la croisée des chemins d’un monde pervers où chacun tente de sauver sa peau.
En tant qu’Africains, nous sommes interpellés pour nous poser des questions au sujet de ces bouleversements sociaux et politiques, qui se déroulent de manière violente en Afrique.
Historiquement les coups d’Etat en Afrique ont toujours été l’œuvre de la France coloniale qui a toujours renversé ou éliminé les chefs d’Etat gênants, ou ayant pris une voie qui ne sert pas les intérêts de Bolloré et de consorts.
Il est bien de rappeler cela, pour expliquer clairement que l’instabilité politique et l’insécurité en Afrique sont l’œuvre des empires coloniaux qui ont tout fait pour que la démocratie ne s’installe pas dans nos pays.
Quand l’Union Européenne ou la CEDEAO, prennent le pas de la France coloniale, de manière synchronisée et douteuse, pour condamner et sanctionner des coups Etat en Afrique, on est en droit de se poser des questions au sujet de l’intention cachée derrière de telles condamnations piteusement sélectives ?
Les coups d’état qui interviennent actuellement en Afrique, posent en réalité des problématiques de fond, en relation avec des interventions étrangères militaires coloniales, devant faire de nos pays, de grandes casernes de la légion étrangère.
Les populations Africaines sont sorties massivement dans la rue, exigeant des gouvernants l’arrêt des interventions étrangères et le départ immédiat des bases militaires étrangères.
Les armées africaines refusent ,maintenant, de servir de chaire à canon aux contingents des forces armées, serval, Barkhane et du G5 du Sahel, qui ont pris la forme d’une colonisation, au nom de la lutte contre le terrorisme.
Hillary Clinton et bien avant elle, le stratège Américain Brezinsky, ont bel et bien confirmé que « le terrorisme est une création de l’Amérique ».
Brezinsky l’a dit clairement, que « l’Amérique est passée maître dans la création de ses propres ennemis, pour les combattre ».
L’Union Africaine doit méditer cela, en refusant d’accepter que certains pays Africains se transforment, au sein de cette institution, en éléments de la subversion et en semeurs de zizanies, au service de parties étrangères, au sein de l’UA.
L’UA a dévié gravement des objectifs fixés par l’acte constitutif de cette institution, pour la mettre au service de lobbys et États coloniaux subversifs, dont l’objectif est de mettre au pas cette institution, et la détourner de ses objectifs stratégiques.
Si la commission de l’Union Africaine a suspendu les États qui ont connu des coups d’Etat militaires, conformément aux dispositions de l’acte constitutifs de l’UA, cette mesure doit être aussi naturellement étendue à tout Etat qui menace l’intégrité et la souveraineté d’un pays , en occupant par la force une partie ou l’intégralité de son territoire.
Le retour du Maroc, au sein des instances de l’Union Africaine, s’est fait de manière irrégulière, dans le non respect des article 03 et 04 de l’acte constitutif de l’UA, qui consacre le principe de la défense de la souveraineté́, de l’intégrité́ territoriale et de l’indépendance de ses Etats membres, et l’interdiction du recours ou la menace de recourir à l’usage de la force, entre les Etats membres de l’Union.
Ces principes sont largement suffisants, pour rendre inéligible le dossier Marocain, pour sa réintégration au sein de l’UA.
La République du Sahara Occidental est un des pays fondateurs de l’UA dont le territoire a été occupé par le Maroc, par la force et cela a été dénoncé par des décisions des cours de justice, des Nations Unies et de l’Union Européenne, qui ne reconnaissent aucune souveraineté du Maroc, sur les territoires du Sahara Occidental.
La Cour de Justice de l’Union Africaine, dotée d’une indépendance organique, doit être rapidement installée pour sauvegarder la légalité, la souveraineté et l’intégrité des États Africains, en veillant à la doter des meilleurs spécialistes et magistrats en droit, de renommée internationale.
L’Union Africaine n’a pas encore inscrit à son ordre du jour, ce dossier, pour mettre en œuvre les décisions de la Cour de Justice Internationale des Nations Unies, et les principes constitutifs de l’Union Africaine.
Ces atermoiements sont le résultat de l’action de certains États Africains qui menacent l’existence même de cette institution.
Les chefs d’Etats Africains sont vivement interpellés pour mettre en œuvre les articles 03 et 04 susvisés, en suspendant, sans attendre, le Maroc, au sein de l’Union Africaine.
L’Algérie, l’Afrique du sud, le Nigeria et tous les pays qui ont soutenu la décision de suspendre l’entité sioniste de l’Union Africaine, viennent de sauver l’existence de cette institution stratégique, d’une domination coloniale inévitable et certaine.
Ce qui vient d’arriver, au sein de l’Union Africaine, exige de nous, de marquer un temps d’arrêt, pour réfléchir sur les graves dérapages enregistrés dans la gestion de la Commission de l’Union Afrique, présidée, de manière insolente, par Mahamat Faki, qui pense que l’Union Africaine doit être la propriété des entités coloniales, comme il a été fait pour son pays le Tchad, qui sert, au sein de la commission de l’UA, de manière outrancière et provocante, les intérêts de la France coloniale et de l’entité sioniste.
Le Maroc et l’entité sioniste, appuyés par des parties étrangères, avec la complicité de certains pays Africains, ont tenté, encore une fois, de faire main basse sur l’Union Africaine, pour la privatiser.
Si votre ennemi continue de vous en vouloir et de vous critiquer, vous devez savoir que vous êtes sur le bon chemin.
La France coloniale n’a jamais mis autant de bâtons et de pièges, sur le parcours de l’Algérie, pour nous empêcher d’aller vers la démocratie et de défendre des principes qui nous sont chers, devant rendre l’Afrique aux Africains.
On doit absolument répondre à ces journalistes de l’hexagone qui claironnent sur tous les toits que le Mali soit gouverné par une junte militaire, sans expliquer les raisons de cette évolution.
On doit, dans ce cas, leur rappeler l’histoire récente, que nous connaissons parfaitement, pour leur demander qui a défendu et soutenu, en Afrique et en Amérique latine, les juntes militaires, les tyrans, les potentats, les capitaines légionnaires présidents et les monarques à vie ?
L’Amérique et la France sont les architectes et les maîtres d’œuvre, de tous les coups d’Etats intervenus en Afrique et en Amérique latine.
Ils sont les dépositaires de la marque de fabrique « des juntes militaires au pouvoir».
Les gouvernants Français doivent savoir qu’il est malsain de continuer à manipuler les concepts de liberté et de démocratie, devant faire croire que la France a une réputation à défendre en Afrique, ou ailleurs, en matière de respect des droits de l’homme et de l’ordre constitutionnel et républicain.
Le monde diplomatique a mis en place, il y a de cela quelques années, un groupe d’experts, pour réfléchir sur le sujet des interventions militaires étrangères.
Ces experts ont conclu que les interventions militaires étrangères ont eu pour résultat, l’affaiblissement, le recul des Etats, de grands territoires qui ne sont plus administrés, l’apparition de groupes armés et l’extension de l’insécurité.
Ce sont ces maux, reconnus par d’imminents experts occidentaux, résultant des interventions militaires françaises et autres en Afrique, qui sont derrière le ras le bol des populations Africaines qui exigent à ce qu’on mette fin à ces nouveaux mécanismes, sous la forme du G5 du Sahel et de la force Barkhane, sous commandement français, qui ne sont rien d’autres que des instruments pernicieux de domination étrangère.
C’est la doctrine de l’Algérie, en matière d’appropriation de la sécurité qui doit constituer le seul instrument devant garantir la paix et la sécurité sur le continent Africain.
Cette doctrine panafricaniste, en matière d’appropriation de la sécurité, doit remettre en cause le principe de la sous-traitance de notre sécurité à des entités coloniales, qui ont ramené dans leur valise, les groupes armés et terroristes.
Ce principe souverainiste de la gestion de la sécurité est depuis fort longtemps, exposé à des tirs croisés des forces coloniales, particulièrement le roi du Maroc, qui s’est trouvé un nouveau métier, pour faire de la sous-traitance subversive en Afrique, pour le compte de ces forces coloniales.
L’existence de l’Union Africaine est menacée. Les présidents Africains, soucieux des intérêts de notre continent, doivent réagir au plus vite.
Hacene Kacimi
Biographie
– Président du centre opérationnel au ministère de l’intérieur, chargé de la gestion des crises et des problématiques migratoires.
– Expert international des flux migratoires, reconnu par des organisations onusiennes.
– Expert du Sahel et de la gestion des crises .– Représentation de l’Algérie , à l’étranger , en tant qu’expert.
– Plusieurs communications, à l’université de sciences politiques et l’école des sciences politiques.
– Plusieurs communications à l’école de guerre de Tamentfoust .
– Distinction de l’institut fédéral allemand des hautes études de sécurité .