Contribution/ Palestine : douleur et crise humanitaire
Par: Beatriz Miranda
Le 10 mai a commencé un feu croisé entre le groupe islamiste palestinien Hamas et Israël. Depuis, des missiles traversent le ciel d’Israël et de Gaza.
Ce dernier affrontement est considéré l’un des faits les plus douloureux du conflit palestino-israélien et a provoqué une crise humanitaire inédite.
Tout a commencé dans un arrondissement de Jérusalem appelé SheijYarrah. Comme au cours des dernières années, six familles palestiniennes furent délogées des maisons où elles habitaient depuis les années 50. Plus tard, de jeunes juifs ont marché sur les rues de Jérusalem sous la cosigne « Mort aux arabes ! ».
A partir de là, les affrontements et la violence se sont étendus dans Israël, les territoires palestiniens et quelques zones du Liban.
Selon le dernier rapport de l’Ambassade de Palestine à Bogota, en deux semaines, le solde humanitaire est très dramatique : 277 morts, dont 70 garçons et filles et 40 femmes. Parmi eux, 248 à la Bande de Gaza et 29 en Cisjordanie, y compris Jérusalem occupé. 8.715 blessés, dont 695 garçons et filles et 406 femmes.
Si les années précédentes la situation des palestiniens était déjà assez dramatique, ces 15 derniers jours 91.000 déplacés et 900 détenus ont été enregistrés. Il faut rappeler que les détentions dans cette partie du monde ont lieu de façon arbitraire et la plupart du temps sans le droit à la légitime défense.
Au solde humanitaire, il faut souligner que dans les attaques dirigées contre la Bande de Gaza il est estimé initialement que 17.000 logements, locaux commerciaux, centres scolaires et sanitaires ont été détruits.
Selon les organismes d’assistance humanitaire et les médias, les attaques à la Bande de Gaza sont d’une ampleur jamais vue : 53 centres scolaires ont été partiellement ou totalement détruits, tout comme 19 centres sanitaires, y compris le centre de tests de dépistage du Covid-19, 258 immeubles accueillant 1.042 logements et unités commerciales ont été totalement détruits et 769 logements sont désormais inhabitables. 15.831 personnes lésées par des bombardements de logements et 600.000 affectés par des bombardements de centres scolaires.
De plus, la moitié du réseau d’eau potable fut affecté par les bombardements. Au total, 93 attaques ont été enregistrées contre l’infrastructure de l’eau et l’assainissement. Après ces attaques, le service d’électricité des palestiniens sera de 3 ou 4 heures par jour.
Les pertes des secteurs agricoles, de la viande et de la pêche pourront atteindre 32 millions de dollars.
Il est estimé que 100 millions de dollars seront nécessaires pour la reconstruction de l’industrie, l’énergie et l’agriculture.
D’autre part, l’agence d’information Associated Press (AP), par le biais d’un communiqué diffusé à New York a condamné la destruction de l’immeuble qui logeait son siège dans la ville de Gaza, où se retrouvaient ses collaborateurs quand ils ont reçu l’ordre d’évacuer la tour de 12 étages.
« Le monde saura moins de ce qui se passe à Gaza désormais » a affirmé le président de l’agence, Gary Pruitt.
Dans ce scénario aussi inhumain qui cache des alliances, des accords tacites et des omissions il faut rappeler le discours du philosophe Noam Chomsky aux Nations Unies, le 22 octobre 2014.
« Le modèle est très clair. Et jusqu’à maintenant, au moins, il semblerait continuer. Le dernier cessez-le-feu a été obtenu le 26 août. Il a été immédiatement suivi de la plus grande appropriation de terres par Israël en 30 ans : près de mille acres dans la zone de Gush Etzion, près de ce que l’on appelle Jérusalem, le Grand Jérusalem, près de cinq fois la taille de n’importe quelle chose qu’ait été Jérusalem, pris par Israël, violation annexée des ordres du Conseil de sécurité. Le Département d’État américain a informé l’ambassade d’Israël que «l’activité israélienne mine les efforts américains pour protéger Israël aux Nations Unies» et il a exhorté Israël à ne pas fournir des arguments à ceux qui (aux Nations Unies) interpréteraient la position (d’Israël) comme un endurcissement. En réalité, cet avertissement a eu lieu il y a 47 ans, en septembre 1967, au moment de la première colonisation d’Israël, la colonisation illégale de GushEtzion.
L’historien israélien Gershom Gorenberg nous l’a rappelé récemment. Peu de choses ont changé depuis, ces derniers 47 ans, à part l’échelle des crimes, qui continuent, sans interruption, avec le soutien constant des États-Unis ». Que de meilleurs jours attendent le Peuple Palestinien !
Beatriz Miranda, Professeur Université Externado (Bogota)