Contribution/ Ukraine et Yémen : deux guerres, des émois, des condamnations, des silences coupables, et seize millions de yéménites en détresse alimentaire
Par Hacene Kacimi
Nous avons toujours appris dans le traitement de l’information par l’occident qu’un mort musulman ne vaut rien quand il y a mort d’un occidental et de surcroît, quand il est de confession judéo-chrétienne.
C’est la triste vérité qu’on doit mettre en évidence, pour dénoncer l’OPA des lobbys occidentaux mercantiles de l’information.
La guerre d’Ukraine est arrivée a nous fait oublier qu’il y a une autre guerre cruelle au Moyen Orient, qui se déroule dans le silence coupable des médias de l’occident, qui semblent cautionner outrageusement la poursuite de cette guerre.
Les guerres sont une horreur et elles provoquent la mort de populations civiles. Dans ce cas il est inacceptable que les condamnations soient sélectives.
Dans ces situations, l’émoi, l’indignation et les condamnations, les sanctions économiques et les embargos, doivent être systématiques, quelque soit le champ de bataille et le lieu où se déroule la guerre.
Les morts sur les champs de guerre nous consternent et nous affligent, quelque soit la nationalité et la religion des victimes, et cela est une composante intrinsèque de notre humanisme, et de notre culture universelle.
Malheureusement, cela n’est pas le cas pour les morts de la guerre du Yémen, qui sont annoncés dans la rubrique des faits divers, affichés dans des télétextes, au bas de l’écran, que personne ne voit.
L’occident pleure les morts de l’Ukraine, mais sans état d’âme; il ne regarde pas les morts qui ne leur ressemblent pas.
L’Occident ne pleure pas les morts du Yémen, de la Palestine, de l’Irak, de la Libye et du Sahara Occidental.
A Paris, le président Macron, cynique dans la prise en charge du dossier des réfugiés, met en scène une visite théâtrale, de mauvais goût, à un camp de réfugiés Ukrainiens, pour s’enquérir de leur situation et les rassurer, alors qu’auparavant, il a envoyé des CRS, pour déloger, par la force, des réfugiés musulmans en détresse, ayant élu domicile sur la voie publique.
Pour les lobbys de la guerre de l’occident, défendre les morts de l’Ukraine, est une autre forme d’instrumentalisation odieuse d’une tragédie humanitaire, qui cache mal une volonté de défendre l’extension territoriale de l’OTAN, vers l’Est de l’Europe.
Pour les lobbys de l’OTAN, il faut à tout prix, diaboliser Poutine et développer insidieusement un racisme anti Russe, pour continuer à faire la guerre par d’autres moyens, pour cacher la volonté de vouloir s’approprier d’autres territoires.
La guerre d’Ukraine n’est rien d’autre que là résultante d’un empire colonial occidental en déclin, qui veut maintenir contre vents et marées, sa domination sur le monde.
Le président Macron l’a reconnu publiquement, avec beaucoup de consternation et de regrets. Il exhorte ses alliés à plus d’audace, pour maintenir à l’avenir, le leadership de l’occident sur le monde.
Les masques sont tombés, et on découvre que nous sommes en présence d’une guerre d’extension territoriale de l’Union Européenne et de l’Amérique, qui ont pour ambition de se redéployer plus loin, à l’Est, sur les zones d’influence traditionnelles russes, dans le Caucase, dans les pays baltiques et en Asie centrale.
L’OTAN, représentant l’axe Euro-atlantique, fait la guerre à la Russie depuis trente ans, et personne n’en parle, ni ne monte au créneau, pour dénoncer de telles hostilités guerrières.
Henry Kissinger qui est aussi un va en guerre, a eu des moments de lucidité, pour avertir, il y a de cela plus de deux décennies, en exhortant l’occident à respecter la Russie et à ne pas étendre l’Union Européenne, de manière illimitée, vers l’Est de l’Europe.
Au Yémen, c’est la poursuite du bras de fer, entre l’Iran et l’axe américaino /sioniste, par des acteurs improvisés des monarchies orientales, qui ont pris en otage des populations civiles yéménites.
La résolution de l’ONU de 2015 n’autorise pas l’intervention militaire au Yémen, sous commandement Saoudien.
Cette intervention militaire au Yémen n’est pas couverte par un mandat de l’ONU. Elle est illicite au regard du droit international.
Sept ans de guerre au Yémen ont provoqué, selon l’ONU, 377 000 morts à fin 2021, soit plus d’un quart de million, dans l’indifférence totale de la communauté internationale.
Nous sommes en présence de crimes de guerre, que personne ne peut contester, ni nier, tant les preuves sont accablantes.
L’Occident veille à ce que ce dossier compromettant ne remonte pas sur la table, pour ne pas juger les auteurs de ces crimes.
La crise humanitaire, dans ce pays, le plus pauvre de la péninsule Arabique, se poursuit depuis sept ans. Elle a provoqué une situation de détresse humanitaire, la pire crise humanitaire dans le monde, selon l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, Ismail Ould Cheikh Ahmed . Celle ci a touché plus de vingt millions de Yéménites, se trouvant dans une phase d’urgence alimentaire.
Pour la Croix Rouge Internationale, plus « de 16 millions de Yéménites n’ont pas un accès sûr à l’alimentation », dans l’indifférence totale des Nations nanties, qui ne se mobilisent pas pour apporter des secours et une aide à une population en détresse humanitaire et en danger de mort.
Tant que l’occident n’a pas réalisé la totalité de ses objectifs géostratégiques au Moyen Orient, il ne se mobilise pas pour ouvrir des couloirs humanitaires, au Yémen.
Dans ce pays, vingt millions de personnes continuent de souffrir et elles sont menacées de famine et d’une mort certaine. Selon l’Agence des Affaires Humanitaires des Nations Unies, si la situation perdure, des millions de Yéménites sont menacés par la mort.
80% de la population vit sous le seuil de la pauvreté et la malnutrition infantile est sévère et aigüe.
Des milliers d’enfants Yéménites meurent dans l’anonymat d’un monde sans scrupules. Sur les plateaux de télévision occidentale, on ne voit que la détresse des enfants Ukrainiens.
Beaucoup d’enfants Yéménites sont amputées de leurs membres, affectant sévèrement leur santé mentale. La situation humanitaire au Yémen est légalement et moralement inacceptable, et elle interpelle les nations unies pour mettre en place des mécanismes d’une solidarité internationale, et des solutions rapides de sortie de crise.
Les démocraties occidentales, les chapelles de l’humanitaire, sont aux abonnés absents. Des milliers de morts, voir des millions de morts de
musulmans, ne soulèvent ni l’indignation, ni l’effroi, ni la condamnation de Macron, de Joe Biden, de Boris Johnson, d’Olaf Scholz, ni de l’Union Européenne, qui est si prompte à menacer, à condamner, à dénoncer, a regretter et à sanctionner, toute atteinte aux droits de l’Homme !
Hacene Kacimi
Biographie
– Président du centre opérationnel au ministère de l’intérieur, chargé de la gestion des crises et des problématiques migratoires.
– Expert international des flux migratoires, reconnu par des organisations onusiennes.
– Expert du Sahel et de la gestion des crises .– Représentation de l’Algérie , à l’étranger , en tant qu’expert.
– Plusieurs communications, à l’université de sciences politiques et l’école des sciences politiques.
– Plusieurs communications à l’école de guerre de Tamentfoust .
– Distinction de l’institut fédéral allemand des hautes études de sécurité .